"Le dossier d'ArcelorMittal connaîtra prochainement une avancée qui permettra à l'Etat de détenir 51%, au dinar symbolique, de cette structure", avait annoncé le 17 septembre dernier à Alger le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. C'est fait depuis hier puisque le groupe public de sidérurgie Sider et le numéro un mondial de l'acier ArcelorMittal ont finalisé un accord stratégique portant sur un plan d'investissement de 763 millions de dollars destiné à développer le complexe sidérurgique d'Annaba et les deux mines de Ouenza et de Boukhadra. Ainsi et selon un communiqué d'ArcelorMittal, cet accord prévoit une réduction de participation dans le capital d'Arcelor Mittal Annaba et ArcelorMittal Tébessa à 49% ainsi qu'une augmentation du capital de la partie algérienne à 51% dans les deux entreprises, selon les précisions du communiqué. Par ailleurs, il vise de doubler la capacité de production de l'usine en portant sa production de 1 million de tonnes à 2,2 millions de tonnes par an en 2017. Encore faut-il préciser que l'augmentation de la production d'El Hadjar fait partie d'un plan de redressement du secteur de la sidérurgie que l'Algérie a lancé pour fédérer tous les projets sidérurgiques autour d'un objectif stratégique: atteindre l'autosuffisance en acier, dont l'importation lui coûte annuellement environ 10 milliards de dollars. Ainsi le groupe industriel public Sider reprend le contrôle du complexe sidérurgique d'El Hadjar en portant son capital à 51% dans ce complexe, détenu jusqu'ici à 70% par le numéro un mondial de la sidérurgie, l'indien ArcelorMittal. Le principe de reprendre le contrôle du complexe par Sider a été acquis au cours d'un Conseil des participations de l'Etat (CPE), tenu début juillet passé. En effet, au mois de juillet dernier, deux points restaient en suspens et devaient être résolus pour la mise en oeuvre de cet accord de principe. Ils devaient être négociés au cours d'un CPE, organisé début septembre, selon ces sources. Le premier point en suspens portait sur l'évaluation financière des 21% d'actions que va céder ArcelorMittal à Sider. La cession ne devait pas être opérée par un rachat des actions mais plutôt par une augmentation du capital de Sider dans le complexe d'El Hadjar, explique-t-on. En somme, la cession devrait s'opérer sans transfert d'argent, ajoute-t-on. Dès lors, Sider devrait porter son capital à environ 300 millions de dollars. Le deuxième point qui devait être aplani concernait la nouvelle configuration industrielle d'El Hadjar, racheté à 70% en 2001 par l'indien Ispat, géant mondial de l'acier. Le plan de développement d'El Hadjar prévoit la modernisation de la filière fonte du complexe par la rénovation complète du haut fourneau et des installations de préparation matière, aciéries et laminoirs existants. Il comprend également la construction d'une nouvelle filière électrique (Four électrique et coulée continue billettes) ainsi que le renforcement des capacités en aval avec l'implantation d'un nouveau laminoir de rond à béton et de fil machine d'une capacité de 1 million de tonnes. L'accord comprend aussi un plan important de développement des ressources humaines. ArcelorMittal relève par ailleurs que ce plan d'investissement est adossé à un pacte de stabilité sociale qui a été signé avec les partenaires sociaux. En 2012, le complexe a produit 580.000 tonnes d'acier, un volume de production qui reste encore loin de l'objectif des 700.000 tonnes arrêté par le groupe pour l'année écoulée. La nouvelle restructuration comprend également la construction d'une usine de réduction directe fonctionnant au gaz au lieu du coke utilisé actuellement comme source d'énergie pour alimenter le haut fourneau, et dont l'importation alourdit les charges du complexe. Il est tout aussi important de rappeler que le complexe d'El Hadjar qui employait, avant 2001, près de 11.000 travailleurs et produisait 1,2 million de tonnes d'acier liquide par an, a commencé à "péricliter depuis 2008 pour ne plus produire que 600 à 700.000 tonnes annuellement". La grève la plus pénalisante avait eu lieu en janvier 2010, lorsque les travailleurs du complexe avaient débrayé durant neuf (9) jours pour réclamer la mise en oeuvre du plan d'investissement. Le complexe sidérurgique ArcelorMittal Annaba qui emploie aujourd'hui 5.800 travailleurs a produit, en 2012, 580.000 tonnes d'acier liquide. Enfin, le 19 septembre dernier, le haut fourneau n° 2 de l'usine sidérurgique d'El Hadjar a été mis à l'arrêt pour deux mois environ afin de permettre de réparer les cowpers (fours à vent chaud chauffés par la combustion du gaz de haut fourneau, ndlr). La décision de réparer ces installations annexes indispensables au fonctionnement du haut fourneau est considérée par les dirigeants de l'entreprise comme la meilleure option pour garantir la conservation des installations (à) et redémarrer le haut fourneau dans de meilleures conditions d'ici la mi-novembre. Cet arrêt de huit semaines touchera toute la zone chaude "mais les clients continueront d'être fournis étant donné que les laminoirs seront temporairement alimentés en demi-produits en provenance d'autres sites.