Les principales Bourses européennes ont ouvert en nette baisse, hier, plombées par un regain d'aversion au risque face à une conjonction de nouvelles défavorables en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. Après un quart d'heures d'échanges, le CAC 40 à Paris recule de 1,16% à 4 138,30 points. À Francfort, le Dax cède 1,09% et à Londres, le FTSE abandonne 0,89%. L'indice paneuropéen EuroStoxx 50 perd 1,27% et le FTSEurofirst 300 0,8%, sa première baisse en sept séances. La Bourse de Milan chute de plus de 2% au surlendemain de la démission des cinq ministres issus du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, une décision qui menace de faire éclater la coalition gouvernementale. Le président du Conseil, Enrico Letta, a deux jours pour tenter de s'assurer une majorité lors du vote de confiance prévu mercredi. L'indice CAC 40 perdait 46,50 points à 4 140,27 points. Vendredi, il avait terminé à l'équilibre. Les valeurs cycliques étaient particulièrement touchées lundi matin. Aperam perdait 3,16% à 11,2 euros, Schneider Electric reculait de 2,78% à 62,84 euros, Peugeot de 2,72% à 12,18 euros. Les bancaires étaient elles aussi à la peine, Société Générale perdant 2,25% à 36,33 euros, BNP Paribas 1,95% à 49,9 euros et Crédit Agricole 2,04% à 8,11 euros. Saint-Gobain (-1,95% à 36,63 euros) ne bénéficiait pas d'un relèvement de recommandation par la banque HSBC. Bic perdait 0,82% à 85,63 euros. Le groupe a finalisé la montée de sa participation dans la société indienne Cello Pens, de 40% à 55%. Trigano progressait de 4,63% à 12,20 euros après l'annonce d'une hausse de 10,5% de son chiffre d'affaires, à 818,2 millions d'euros sur son exercice 2012/2013. Enfin, Vivendi limitait la casse (-0,67% à 17,03 euros). Le géant émirati des télécommunications Etisalat a annoncé prolonger au 31 octobre la période de validité de son offre pour le rachat de ses 53% de parts dans Maroc Telecom. La Bourse de Milan a ouvert en forte baisse en réaction à la nouvelle crise politique provoquée au cours du week-end par Silvio Berlusconi, qui menace la survie du gouvernement. L'indice FTSE Mib reculait de 2,01% à 17 292 points. Les plus grands perdants étaient les titres des valeurs bancaires qui affichaient des chutes atteignant jusqu'à 5%. Unicredit reculait de 3,69% à 4,596 euros et Intesa Sanpaolo, qui a confirmé dans la nuit la démission de son patron, chutait de 4,36% à 1,512 euro. Seul Telecom Italia sortait du lot avec une hausse de 3,36% à 0,5995 euro. Le Cavaliere a demandé samedi à ses ministres de se retirer du gouvernement, poussant le président du Conseil Enrico Letta à poser la question de confiance au Parlement ce mercredi. L'issue de ce vote est "extrêmement difficile à prévoir" à ce stade, note Loredana Federico, économiste de la banque Unicredit, qui relève que le parti de M. Berlusconi pourrait d'ici là se scinder en deux. "La situation reste très changeante et nous devons reconnaître que le risque d'élections anticipées n'est pas négligeable. Mais nous pensons qu'au final le pari de M. Berlusconi ne paiera pas", estime de son côté Matteo Cominetta, de HSBC. L'indice FTSE-100 des principales valeurs lâchait 57,56 points, soit 0,88% par rapport à la clôture de vendredi, à 6 455,1 points. Les valeurs minières étaient particulièrement pénalisées à l'image de Glencore Xstrata (-2,27% à 336,2 pence), d'Anglo American (-2,34% à 1 504 pence) et de Rio Tinto (-2,36% à 2 994,5 pence). La compagnie aérienne EasyJet cédait pour sa part 1,81% à 1 251 pence, la banque RBS 1,62% à 360,5 pence et le brasseur SABMiller 1,30% à 3 124 pence. Le SMI cédait 0,64% à 8 003,63 points, le SLI baissait de 0,84% à 1 219,66 points et le SPI baissait de 0,56% à 7 598,01 points. L'ensemble des 30 valeurs vedettes était en repli. Les bancaires étaient particulièrement sous pression avec les incertitudes dans la zone euro et aux Etats-Unis. Credit Suisse et UBS reculaient chacune de 0,9%, tandis que Julius Bär perdait 0,7%. Chez les assureurs, Swiss Re baissait de 1,5% et Swiss Life de 1,2%. Syngenta affichait le plus important repli avec -2,6%. Citigroup a ramené la recommandation à "neutral", contre "buy" précédemment, et l'objectif de cours à 400 francs, contre 440 francs. Les analystes ont justifié leur décision par la baisse du prix des céréales. Parmi les cycliques, Holcim, (-1,5%), Kühne+Nagel (-1,4%), Richemont (-1,3%) et Swatch (-1,2%) étaient également en difficultés. Pour ce dernier, UBS a pourtant relevé l'objectif de cours à 575 francs, contre 510 francs précédemment. Les valeurs du luxe souffraient de la révision des données conjoncturelles chinoises. Clariant (-0,6%) a annoncé lundi le rachat des activités de pigments organiques de la société chinoise Jiangsu Multicolor Fine Chemical (JMC), représentant un chiffre d'affaires de 30 millions de francs. Les valeurs défensives Novartis (-0,2%), Nestlé (-0,1%) et Roche (-0,7%) perdaient aussi du terrain. Ce dernier a publié dimanche de nouvelles données sur le médicament-candidat MPDL3280A pour le traitement de patients atteints de cancer du poumon non petite cellule (NSCLC). Sur la base de ces données, le groupe bâlois a décidé de procéder rapidement à des recherches cliniques avancées. Sur le marché élargi, Basilea (+3,7%) devrait retenir l'attention des investisseurs. Ce dernier a annoncé lundi des résultats positifs d'une étude clinique de phase III pour son médicament Isavuconazol contre l'aspergillose invasive. Le traitement de la société bâloise a amélioré la survie des patients, comparé à un autre traitement au Voriconazol. Basilea pourrait déposer une demande d'homologation pour Isavuconazol au premier semestre 2014. Acino (+3,6%) a obtenu l'homologation des autorités américaines de la santé (FDA) pour son site de Miesbach en Allemagne dans la fabrication de médicaments à base de rivastigmine sous forme de patch. Aryzta (+3,1%) a dépassé les prévisions des analystes pour ses résultats 2012/2013. Le bénéfice net a été en hausse de 9,6% à 319,1 mio EUR, a-t-il annoncé lundi. Pour la nouvelle année, le groupe compte renouer avec une croissance à deux chiffres du bénéfice par action. Goldbach Group (inchangé) a nommé un nouveau directeur financier et Gategroup (-0,7%) a prolongé jusqu'en 2019 son contrat avec Swiss.
Wall Street, yeux rivés vers Washington et la bataille budgétaire Après une semaine hésitante sans grandes nouvelles à digérer, la Bourse de New York, revenue de ses derniers records, surveille désormais l'épée de Damoclès budgétaire qui menace de s'abattre sur le gouvernement américain. Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice vedette réunissant 30 valeurs de la Bourse de New York, s'est dégonflé de 1,25% pour finir à 15 258,24 points. Le Nasdaq, à dominante technologique, a pour sa part légèrement avancé de 0,18% à 3 781,59 points. L'indice élargi Standard & Poor's 500 a reculé de 1,06% à 1 691,75 points. "Les marchés n'ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent cette semaine, sans grand indicateur ou résultats. C'était l'heure de la digestion de la décision de la Fed", souligne Evariste Lefeuvre, chef économiste à Natixis. La banque centrale américaine avait annoncé la semaine précédente le maintien surprise de ses rachats d'actifs à hauteur de 85 milliards de dollars, faute de reprise économique assez vigoureuse. Cette annonce avaient propulsé les indices à des sommets historiques, érodés depuis à la faveur de quelques prises de bénéfices. Les investisseurs, qui n'ont pas pour autant exclu qu'une diminution des aides puissent avoir lieu avant la fin de l'année, se montrent désormais réticents à prendre des risques, d'autant qu'"au risque monétaire s'est greffé le risque politique", ajoute M. Lefeuvre. Ainsi, "tous les yeux seront rivés vers Washington la semaine prochaine", assure Paul Edelstein de IHS Global Insight. Les élus américains sont en plein bras de fer pour parvenir à un budget de financement de l'Etat à compter du 1er octobre, sans quoi les services publics jugés non essentiels seront contraints de fermer, mettant plusieurs centaines de fonctionnaires au chômage technique, comme en 1995-1996. "La plupart des intervenants s'attendent à un accord de toute dernière minute", estime Sam Stovall, de Standard & Poor's Capital IQ. "Mais le consensus voulait que la Fed réduise ses aides la semaine dernière, et cela n'a pas été le cas, donc le consensus peut s'avérer à nouveau inexact", dit-il. "Même si un accord passe, cela ne pourrait valoir que pour jusqu'à la mi-novembre alors que le plafond de la dette devra lui aussi être relevé dans les semaines à venir", ajoute Paul Edelstein. En effet, c'est la deuxième échéance cruciale qui assombrit l'horizon des marchés: le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew a prévenu les élus du Congrès que les mesures exceptionnelles utilisées par le gouvernement pour éviter le défaut de paiement seraient épuisées le 17 octobre, date à laquelle ils devront impérativement s'être mis d'accord pour relever le plafond de la dette. Un blocage budgétaire, voire un défaut de paiement des Etats-Unis, fait craindre une dégradation de la valeur des actifs américains à Wall Street. "C'est l'une des deux raisons pour lesquelles on assiste à une progression du marché obligataire, ce qui fait baisser les taux des obligations", explique Paul Edelstein. "C'est un schéma classique de retour aux actifs plus sûrs" en période d'aversion au risque. L'autre raison est à ses yeux le fait que les marchés s'attendent à ce que la banque centrale américaine ne réduise pas ses rachats d'actifs, dont des bons du Trésor, dès la prochaine réunion de son comité de politique monétaire, fin octobre. L'institut bancaire dit attendre que la reprise soit vigoureuse pour commencer à retirer ses aides, un jugement qu'elle base notamment sur la situation du marché du travail. A cet égard, "la Fed comme les investisseurs vont surveiller le rapport sur l'emploi et le chômage pour septembre, qui pourrait faire piquer le marché du nez encore un peu plus", note Evariste Lefeuvre. Ce rapport mensuel sera publié vendredi, et les analystes prévoient entre 150 000 à 180 000 nouvelles embauches, contre 169 000 le mois dernier. Les marchés seront également attentifs à la publication de l'activité des industries manufacturières aux Etats-Unis (ISM) et aux ventes de véhicules automobiles mardi, ainsi qu'à l'indice d'activité non manufacturière jeudi.