Le général vietnamien Vo Nguyen Giap, vainqueur historique de Dien Bien Phu, en mai 1954 et architecte du revers des Etats-Unis au Vietnam, s'est éteint, le 4 octobre, à l'âge de 102 ans. Quand il avait quinze ans, il commença à militer au sein du mouvement des étudiants. Puis vint l'événement décisif, l'appel lancé par Nguyen Ai Qoc pour la création de la Ligue des peuples opprimés. En tant que militant au sein du Parti, le président Ho Chi Min lui confia la responsabilité de mettre en place la première brigade de l'armée de libération nationale. Depuis, il a pris soin des questions militaires. A partir de cette responsabilité, Giap, malgré son jeune âge. " La bonne façon unique de libération nationale est la voie de la Révolution prolétarienne ", disait-il. C'était une première pour le communisme de l'époque. Sa formation était plutôt essentiellement politique et révolutionnaire. Il ne voyait d'ailleurs pas, aucune difficulté à passer de l'action politique à l'action militaire, à la lutte armée. Il pensait que la lutte armée n'est qu'un prolongement de la lutte politique par des méthodes différentes. Fidèle à ses idéaux, né le 25 août 1910 à An Xa, un petit village au centre du pays, fils de paysan riziculteur, tour à tour professeur, journaliste, général d'armée, dirigeant politique, Giap était le dernier survivant de la vieille garde d'Hô Chi Minh. Il respire l'intelligence, la force tranquille. Fidèle à ses idéaux, ouvert au monde et à ses changements, il a toujours été proche du peuple et sensible à ses difficultés. Il soutiendra en 1986 une politique de rénovation économique, le " Do Moi ", qui a permis d'engager le Vietnam sur la voie de la croissance. Il entre dans la clandestinité après la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Le 2 septembre 1945, après la proclamation de l'indépendance, il est nommé ministre de l'Intérieur, en charge des affaires militaires. Le 23 novembre 1946, la marine française bombarde le port d'Haïphong, faisant des milliers de victimes civiles. Le 19 décembre 1946, le Viêt-minh attaque les positions françaises à Hanoï, c'est le début de la guerre d'indépendance. Elle va durer 8 ans et c'est en 1954, après près d'un siècle d'occupation coloniale, que la bataille à Diên Biên Phu du " Tigre et de l'Eléphant " va mettre fin à la guerre d'Indochine. Giap va s'y illustrer en donnant la pleine mesure de son talent de stratège militaire. Le président Hô Chi Minh avait proclamé l'indépendance du Viêt-Nam le 2 septembre 1945 mais les colonialistes français ont voulu réimposer par la force leur domination sur la péninsule indochinoise. De Gaule avait déclaré à Brazzaville qu'il fallait restaurer le régime colonial par les forces armées. Le peuple vietnamien est fier sous la direction du Parti communiste, d'avoir démontré une vérité grandiose. Un peuple colonisé, opprimé, une fois qu'il sait lever pour se solidariser dans la lutte pour l'indépendance, la liberté et le socialisme, a été capable de vaincre l'armée agressante forte d'un empire. La bataille de Diên Biên Phu est gravée à jamais dans l'histoire de la lutte pour la cause nationale du peuple vietnamien et des autres peuples épris de mais dans le monde. Après 56 jours et nuits de combats incessants menés avec volonté de fer sous la direction talentueuse du général Vo Nguyen, l'armée vietnamienne a anéanti la base de Diên Biên Phu. Le 7 mai 1954, le général français de Castrie et l'ensemble du commandement de la base de Diên Biên Phu ont été capturés vivants. Près de 10 000 soldats français ont levé les mains. Le drapeau d'or et à l'étoile jaune a flotté sur le toit du QG. Un retentissement mondial, obligeant le gouvernement français à signer les Accords de Genève rétablissant la paix en Indochine. 3La guerre lancée contre nous par les Français était une guerre injuste. Et c'est la même chose avec la guerre d'agression par les Etats-Unis. De ce point de vue, il n'y a aucune différence. Mais il y a ce point de vue. Avec les français, la guerre était de l'ancien type colonialiste. Avec l'Amérique, c'était une guerre néo-colonialiste. Il est un peu paradoxal que c'est la guerre néo-colonialiste contre un pays. Mais les circonstances, les conditions étaient très différentes des deux côtés. C'était différent du point de vue international, aussi. De notre côté, quand nous avons commencé la lutte, la guerre de résistance contre les Français, le gouvernement par le peuple était encore très nouveau. Notre armée était encore en train d'être créé. Au contraire quand la lutte contre l'américain a commencé, nous avions déjà un socialiste du Nord, et il était ferme. Notre potentiel militaire avait beaucoup grandit ". (Dixit, le général Giap). Dans sa stratégie de guerre, le général Giap, avait pour principe décisif la valorisation du facteur humain. Aux conseillers américains qui lui demandaient qui était le plus grand général à qui il était sous ses ordre : il répondait qu' "il s'agissait de peuple vietnamien. " J'ai apporté une contribution modeste. C'est le peuple qui s'est battu ", ne cessé-t-il de son vivant de répéter. Brezinski s'est aussi interrogé sur le pourquoi de cette victoire. Lors d'une rencontre entre les deux hommes à Alger, peu après la défaite US Vietnam, le général Giap lui a répondu : Ma stratégie est celle de la paix. Je suis un général de la paix, non de la guerre ".