Le légendaire général, Vo Nguyen Giap, héros de l'indépendance vietnamienne, qui avait réussi à défaire aussi bien les Français que les Américains, s'est éteint vendredi soir à l'âge de 102 ans. Le général Giap était un héros national dont la renommée arrivait seulement derrière celle du président Ho Chi Minh, qui a mené le Vietnam à l'indépendance. Ce général autodidacte, comme il se qualifiait lui-même, avait notamment orchestré la stupéfiante victoire des forces vietnamiennes face à la France à Dien Bien Phu, en 1954. Cette victoire, qui est encore étudiée dans les académies militaires, avait mené à l'indépendance du Vietnam, en plus de précipiter la fin du colonialisme en Indochine et ailleurs. Le général Giap avait ensuite réunifié son pays en défaisant, en 1975, le régime sud-vietnamien appuyé par les Etats-Unis. Une source militaire a confirmé son décès vendredi soir à l'hôpital militaire de Hanoï où il était soigné depuis près de quatre ans, en raison de multiples problèmes de santé. Ses obsèques auront lieu le 12 octobre à la Maison des funérailles nationales à Hanoï, a indiqué le Parti communiste vietnamien, au pouvoir. L'enterrement aura lieu le 13 dans sa province natale de Quang Binh (centre), à la demande du général et de sa famille. Le parti a également décrété un deuil national de deux jours pour le général Vo Nguyen Giap, architecte des victoires du Vietnam communiste contre la France et les Etats-Unis. Avant même l'annonce officielle de sa mort, les messages de condoléances de Vietnamiens en deuil inondaient l'internet. "Repose en paix, héros du peuple. Tu seras toujours notre plus grand général", a notamment écrit un internaute sur Facebook. Giap, l'un des plus importants stratèges militaires de l'Histoire Le général Giap reste, à ce jour, un exemple unique d'un autodidacte qui s'est élevé au rang de plus important stratège de l'histoire militaire du XXe siècle. Né en 1912 dans la province de Quang Binh, au Vietnam, Vo Nguyen Giap a étudié à l'Université de Hanoi où il a obtenu un doctorat en économie. Après avoir quitté l'université, il a enseigné l'histoire dans un lycée de Hanoï. Toutefois, très jeune il endossa la militance contre la présence française. Il a ensuite rejoint le Parti communiste et a participé à plusieurs manifestations contre la domination française au Vietnam. Vo Nguyen Giap a été arrêté en 1939, mais a échappé à la Chine où il a rejoint avec Ho Chi Minh, le leader de la Ligue révolutionnaire du Vietnam (Vietminh). En exil, sa sœur a été capturée et exécutée. Son épouse a également été envoyée en prison où elle est décédée. Un parcours hors normes En Septembre 1945, Ho Chi Minh a annoncé la création de la République démocratique du Vietnam. La France a refusé de reconnaître la République démocratique du Vietnam et les combats éclatèrent bientôt entre le Vietminh et les troupes françaises. Le 13 Mars 1954, Vo Nguyen Giap a lancé son offensive. Pour 56 jours le Vietminh a poussé les forces françaises jusqu'à ce qu'ils n'occupent plus une petite zone de Dien Bien Phu. Les Français se sont rendus le 7 mai de la même année. Le Front national de libération FNL est arrivé à Saigon le 30 Avril 1975. Peu après, la République socialiste du Vietnam est créée. Dans le nouveau gouvernement, Vo Nguyen Giap, est ministre de la Défense et vice-premier ministre. Il sera écarté sans ménagement du pouvoir par la hiérarchie du Parti communiste du Vietnam. En 1975, il n'était déjà plus chef de l'armée du Nord-Vietnam communiste, et en conflit ouvert avec le numéro un du régime Le Duan, il avait ensuite été petit à petit écarté du pouvoir. En 1982, il avait été exclu du bureau politique du Parti. S'il avait conservé son rang de vice-Premier ministre, il était chargé des Sciences, des Technologies et du Planning familial avant d'être définitivement rayé du listing du Comité central du PC en 1991. Un grand ami de l'Algérie En la personne du général Giap, l'Algérie perd un grand ami et un homme qui a fait honneur aux luttes des peuples contre le colonialisme et la domination étrangère. C'est d'ailleurs lors d'un de ses nombreux séjours à Alger, dans les années 1970, qu'il eut ces mots définitifs à propos de la colonisation en affirmant que le colonialisme était "un mauvais élève" et il savait de quoi il parlait lui qui remporta une retentissante victoire contre l'armée française dans la bataille de Dien Bien Phu, en 1954, laquelle, outre la défaite et la débâcle française et son départ d'Indochine, sonna le glas de la colonisation occidentale d'une manière générale dans cette région du monde et plus tard en Afrique. A chacune de ses visites en Algérie, il a reçu un accueil exceptionnel.