L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a relevé avant-hier ses estimations pour la demande pétrolière mondiale en 2013 et 2014, en raison de la reprise économique en Europe, tandis que la production d'or noir hors Opep ne cesse parallèlement de grimper. Dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier, l'AIE dit désormais tabler sur une consommation pétrolière mondiale de 91 millions de barils par jour (mb/j) cette année, soit une croissance d'environ 1 mb/j ou 1,1%, alors qu'elle prévoyait 90,9 mb/j en septembre. Pour 2014, elle anticipe 92,1 millions de barils par jour, contre 92 mb/j en septembre, ce qui correspond toujours à une demande supplémentaire de 1,1 mb/j ou 1,2%. "Les signes d'amélioration de l'économie européenne soutiennent la révision à la hausse de la prévision de la demande, et un usage accru (du pétrole) dans la production d'électricité dans d'autres régions y contribue également", a justifié l'AIE, agence énergétique des pays de l'OCDE, installée à Paris. "Les données concernant la demande européenne ont été supérieures aux attentes ces derniers temps, sur fond d'indications d'une sortie de récession de la zone euro au 2e trimestre et d'une amélioration de la confiance des milieux d'affaire", détaille l'AIE dans son rapport. Cependant, cet optimisme côté européen a été en partie compensé par la crise budgétaire américaine, qui alimente des incertitudes économiques. Parallèlement, "des problèmes d'approvisionnement en gaz naturel ont dopé la demande de pétrole pour la production d'électricité au Mexique, en Afrique du Nord, et au Moyen-Orient" tandis qu'au Japon, celle-ci a été soutenue par les arrêts de centrales nucléaires couplés à des températures supérieures à la normale", entraînant des besoins accru d'électricité pour la climatisation. En ce qui concerne l'offre pétrolière mondiale, l'AIE souligne que la production de l'Opep est tombée sous 30 mb/j pour la première fois depuis deux ans, en raison de la chute en septembre des productions libyenne et irakienne. Ces difficultés ont masqué la hausse continuelle de la production hors Opep, liée à la production d'hydrocarbures de schiste en Amérique du Nord, à l'apaisement des tensions entre Soudan et Soudan du Sud, et au début de l'extraction du gisement géant de Kachagan au Kazakhstan. Ainsi, l'AIE estime que la production pétrolière hors Opep (biocarburants inclus) a grimpé de 1,7 mb/j au troisième trimestre, la plus forte progression trimestrielle depuis dix ans. Et selon elle, ce n'est qu'un avant-goût: elle estime que cette production hors Opep gonflera encore de 1,7 mb/j en moyenne l'an prochain et de 1,9 mb/j au deuxième trimestre 2014, ce qui serait la plus forte augmentation enregistrée depuis les années 1970. La production américaine, en particulier, confirme sa progression impressionnante et retrouve des niveaux plus observés depuis des décennies. La production de pétrole brut du pays a atteint 7,56 mb/j selon l'Agence, soit 1,2 mb/j de plus qu'un an plus tôt. En outre production américaine d'hydrocarbures liquides (pétrole brut plus liquides de gaz naturel et hors biocarburants) a quant à elle dépassé les 10 mb/j au deuxième trimestre, pour la première fois depuis plusieurs décennies, et l'AIE estime que les Etats-Unis en deviendront le 1er producteur hors OCDE (devant donc la Russie) au 2e trimestre 2014. Ces chiffres rejoignent des précédentes prévisions de l'AIE ainsi que les rapports de l'Agence énergétique américaine, l'EIA, qui avait pour sa part calculé que les Etats-Unis deviendraient cette année le 1er producteur mondial d'hydrocarbures (pétrole + gaz naturel) avec 12 millions de barils équivalent pétrole par jour en moyenne, devant la Russie et l'Arabie saoudite. Enfin, l'AIE estime que la production iranienne, toujours entravée par les sanctions internationales, a reculé de 0,1 mb/j en septembre à 2,58 mb/j, et souligne que "peu s'attendent à ce que le début de dégel (des relations entre Téhéran et Washington) conduise à un allégement à court ou moyen terme des sanctions".