S'il est de coutume pour certains commerces et métiers de cesser leurs activités le jour de l'Aïd Al Adha, les boucheries et les restaurants notamment, d'autres en revanche prospèrent, ou encore font une apparition furtive, mais quand même lucrative. Ainsi, l'Aïd El Adha est pour certains l'occasion de faire de bonnes affaires. L'Aïd Adha constitue une vraie aubaine pour les vendeurs occasionnels qui se reconvertissent, à cette occasion, dans les créneaux du jour en anticipant les bonnes affaires. Cette faculté à s'adapter aux besoins du marché est perceptible au nombre de "vendeurs reconvertis" qui proposent, depuis quelques jours déjà, toutes sortes de produits en rapport avec le rituel du sacrifice de l'Aïd El-Adha. Les artères commerciales des grandes villes foisonnent de jeunes et de moins jeunes vendeurs, spécialisés chacun dans un créneau bien précis, aux dividendes financiers garantis. Si certains ont investi le créneau de la vente de charbon, d'autres proposent une gamme complète de coutellerie et d'accessoires indispensables au sacrifice, une troisième catégorie s'est reconvertie, pour cadrer avec l'évènement, en apprentis rémouleurs, très sollicités d'ailleurs par les citoyens désireux d'accomplir eux-mêmes ce rituel. Au-delà du caractère conjoncturel de ce phénomène, étroitement lié à cet événement, ce qui retient, par contre, l'attention, c'est l'ampleur prise par ce phénomène, autrefois considéré comme la "chasse gardée" d'une minorité d'anciens vendeurs occasionnels, biens introduits dans le circuit informel. Les petits métiers de l'Aïd suscitent convoitise et concurrence, car chacun veut tirer profit de l'occasion en essayant d'engranger le plus d'argent possible. Une autre catégorie se prépare déjà à faire son entrée sur la scène le jour de l'Aïd. Contrairement aux catégories précédentes, dont l'essentiel des affaires se fait quatre à cinq jours avant le rituel, celle-ci fait une apparition au premier jour de la fête uniquement. Son créneau, débarrasser la tête et les membres du mouton des poils qui les recouvrent. Un travail ingrat, apanage autrefois des femmes au foyer et qu'exécutent, de nos jours, beaucoup de jeunes contre la somme modique de 300 à 400 dinars, du moins en référence au prix pratiqué l'année dernière. Par ailleurs, il convient de noter que les commerçants occasionnels exposent des couteaux aiguisés scintillant de mille feux, haches fin prêtes au dépeçage, barbecues en tout genre, brochettes métalliques, cordelettes, fours en terre cuite "madjmar", etc…. Les affûteurs de couteaux et autres candidats à l'égorgement et l'équarrissage des moutons sont également fidèles au rendez-vous. On retrouve, en outre, les vendeurs des pots de moutarde, harissa, mayonnaise, champignons, maïs… et toute la panoplie d'épices indispensables aux ménagères pour la cuisson sous toutes ses formes. Côté approvisionnement, les commerçants affirment être suffisamment achalandés pour faire face à la demande extraordinaire en cette période de fête. Cumin, poivre, "Rass Al Hanout", piquant ou colorant alimentaire sont les principales épices demandées, mais les ménagères préfèrent s'approvisionner en épices principalement à la veille de l'Aïd, selon un marchand spécialisé dans ce domaine. L'effervescence est à son comble, car les vendeurs de ces outils là, savent qu'ils vont au moins doubler leur chiffre d'affaires. La ruée concerne certes les instruments tranchants, mais aussi la vaisselle. Certains décident même de ramener des réfrigérateurs ou des congélateurs, à l'occasion de cette fête.