A l'instar de toutes les autres fêtes religieuses et occasions sociales, l'Aïd-El-Adha se révèle être une vraie aubaine pour les vendeurs occasionnels qui squattent les artères des villes et villages et font, une fois de plus, la démonstration de leur capacité à se reconvertir dans les créneaux du jour en anticipant opportunément les bonnes occasions. Cette faculté à s'adapter rapidement aux besoins du marché est perceptible au nombre de "vendeurs reconvertis" qui proposent, depuis quelques jours déjà, toutes sortes de produits en rapport avec le rituel du sacrifice de l'Aïd-El-Adha. Les ruelles marchandes du centre ville de Médéa et ailleurs dans le pays foisonnent de jeunes et de moins jeunes, spécialisés chacun dans un créneau, de circonstance certes, mais aux dividendes garanties. Si certains d'entre eux ont jeté leur dévolu sur la vente de charbon, d'autres proposent tout l'attirail du parfait boucher ou "égorgeur de mouton", c'est selon, avec la gamme complète de coutellerie et des accessoires indispensables au sacrifice, une troisième catégorie s'est reconvertie, pour cadrer avec l'évènement, en apprentis limeurs, très sollicités d'ailleurs par les citoyens désireux d'accomplir eux-mêmes ce rituel. Au delà du caractère conjoncturel de ce phénomène, qui est en somme étroitement lié à cet événement et dont la durée de vie est très éphémère, ce qui retient l'attention c'est l'ampleur du phénomène lui-même, autrefois confiné dans certains endroits et considéré comme la "chasse gardée" d'une minorité d'anciens vendeurs occasionnels biens introduits dans le circuit informel. Le monopole exercé jusqu'à une date très récente par ces vendeurs aguerris, suscite la convoitise de nouveaux arrivants sur le circuit informel, d'où la prolifération constatée à la veille de l'Aïd et la concurrence que ces vendeurs reconvertis se livrent entre eux pour fructifier l'investissement consenti à cette fin. Une autre catégorie se prépare déjà à faire son entrée sur la scène le jour de l'Aïd. Contrairement aux catégories précédentes, dont l'essentiel des affaires se fait quatre à cinq jours avant le rituel, celle-ci fait une apparition au premier jour de la fête uniquement. Son créneau, débarrasser la tête et les membres du mouton des poils qui les recouvrent, un travail ingrat apanage autrefois des femmes au foyer et qu'exécute de nos jours beaucoup de jeunes contre une somme relativement modeste de deux ou trois centaines de dinars, du moins à Médéa.