Le volume des prêts accordés par les établissements bancaires chinois s'est fortement réduit en octobre par rapport à septembre, selon la banque centrale chinoise (PBOC), conséquence des mesures de Pékin pour enrayer l'inflation et la finance de l'ombre. Les banques chinoises ont accordé 506,1 milliards de yuans (83 milliards de dollars) de nouveaux prêts en octobre, contre 787 milliards de yuans le mois précédent, soit une baisse de 35%, a indiqué la PBOC dans un communiqué publié cette semaine. Les chiffres d'octobre ressortent très en-deçà des attentes du marché, qui tablait sur un recul moins marqué, à 600 milliards de yuans, selon la prévision médiane de 13 économistes interrogés par le Wall Street Journal. L'ensemble des nouveaux crédits (ou "social financing", une mesure large qui inclut les prêts accordés par divers organismes en dehors du système bancaire) a atteint 856,4 milliards de yuans en octobre, une chute brutale par rapport aux 1.400 milliards du mois précédent. La croissance sur un an du total des crédits dans le pays a ralenti en octobre à 19,2%, au rythme le plus bas depuis 13 mois, selon Société Générale. Le recul des nouveaux prêts s'explique en partie par des facteurs saisonniers, la demande de crédit tendant habituellement à se modérer au quatrième trimestre, avant les bilans de fin d'année. Mais pour les experts, c'est également le résultat des mesures prises par le gouvernement pour donner un coup d'arrêt à la folle expansion du crédit enregistrée depuis le début de l'année et enrayer le récent coup de fièvre de l'inflation. Ainsi, la PBOC a cessé ses opérations régulières sur les marchés durant la deuxième quinzaine d'octobre (pour la première fois depuis juillet), conduisant à une réduction nette de 102,5 milliards de yuans (12,13 milliards d'euros) du volume de liquidités sur le marché monétaire. En juin, le marché interbancaire avait déjà connu une sévère pénurie de liquidités , due à l'intransigeance de Pékin, désireux d'assainir le secteur financier et de freiner l'explosion des créances tout en limitant les investissements dans un secteur industriel en surcapacité. Face à l'affolement des marchés, la PBOC avait rapidement fait marche arrière, et le gouvernement avait de son côté adopté en juillet un "mini plan de relance" destiné à stimuler l'activité après un semestre de ralentissement économique. Depuis, la croissance économique s'est ressaisie et "le gouvernement tout comme la PBOC vont désormais modérer leur discours pro-croissance et mettre graduellement fin aux mesures de relance", même s'ils ne devraient pas procéder à un resserrement trop brutal de la liquidité pour ne pas déstabiliser les marchés, ont estimé les experts de Bank of America Merrill-Lynch.