Constat n L'école prend de plus en plus de pouvoir par rapport à la famille qui se retrouve dans l'obligation de se soumettre aux exigences de la scolarité de leurs enfants. La première journée du colloque national sur le thème «Ecole-Famille en Algérie : quels modèles éducatifs ? » qui s'est ouvert hier, mardi, au siège du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran, a été marquée par l'intervention de plusieurs participants qui ont mis l'accent sur la nécessité de renforcer le rôle des parents dans l'éducation et la réussite scolaire de leurs enfants. Pour bon nombre d'entre eux, il y a «divorce» entre l'institution éducative et la famille. Ainsi, Nouria Benghabrit Remaoun, directrice du CRASC, a relevé dans sa communication intitulée «Famille/Ecole: une affaire publique et privée» que l'école prend de plus en plus de pouvoir par rapport à la famille qui se retrouve dans l'obligation de se soumettre aux exigences de la scolarité. Dans ce sens, la conférencière a cité l'exemple des parents qui programment leurs journées en fonction de l'emploi du temps de leurs enfants scolarisés. De même, certaines familles délèguent leur «pouvoir» sur les enfants aux enseignants, ce qui peut être assimilé à une démission, a-t-elle noté. De son côté, Mme Bedra Mimouni de l'université de Mostaganem s'est intéressée à la question de la «parentalité face au préscolaire». Se basant sur des études sur le terrain, Mme Mimouni, psychologue clinicienne de formation, a relevé un manque de concertation entre la famille et l'école en ce qui concerne l'éducation des enfants. «Il n'existe pas de co-éducation concertée», en raison «d'une position conformiste», basée notamment sur une attitude anthropologique accordant un grand pouvoir à l'enseignant ou le maître, et l'autre, conjoncturelle et sociale incarnée par «la peur de représailles et l'omerta assurée par l'institution scolaire», a-t-elle argumenté. Et d'ajouter : «Pour ces raisons, les parents d'élèves ne sont pas revendicateurs. Ils refusent de s'ingérer dans les affaires de l'école.» Les manuels scolaires reflètent-ils une «bonne image»de la famille algérienne ? C'est à cette question que Mustapha Mimoun, enseignant à l'université de Mostaganem et chercheur au CRASC, a essayé de répondre en analysant le contenu des manuels de la langue française (5e primaire) et de la langue arabe (3e année primaire). Les représentations de la famille sont pratiquement différentes, a-t-il déploré, «c'est comme si on parlait d'une autre société». Ce qui est de nature à dérouter l'élève.