Le sujet du déclin de la production de ses gisements gaziers en Algérie était presque tabou il y a trois ans. Aujourd'hui, il est au cœur de toutes les discussions, nombreuses, autour du secteur de l'énergie. La production algérienne d'hydrocarbures est tendanciellement en baisse. Le thème a même pris une grande dimension hier, lors d'une séance de questions orales à l'Assemblée populaire nationale (APN). Ainsi, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a indiqué, à cette occasion que l'Algérie va remédier au déclin de ses gisements gaziers en recourant à des techniques spécifiques pour maintenir leurs niveaux de production. Ainsi, le ministre reconnaît qu'il y a bel et bien une baisse de production. L'Algérie a-t-elle perdu des marchés ou bien, a-t-elle été obligée de réduire sa production? Pour Yousfi, c'est la deuxième supposition qui est la plus plausible. Et la solution? La réponse coule cette fois-ci de source. Sonatrach a, depuis déjà quelques années, annoncé qu'elle est à la "recherche d'une meilleure valorisation et diversification des débouchés à travers une intégration dans l'aval gazier". Ce sont là, même, "les maîtres-mots de la politique d'exportation du gaz algérien". Ainsi, nous affirme-t-on, pour pallier le manque de débit constaté dans certains gisements, notamment au niveau de celui de Hassi R'mel, Sonatrach investit dans l'exploration, et se tourne désormais vers de nouveaux gisements récemment découverts. De ce fait, et concernant la baisse de la production de Hassi R'mel, plus grand champ gazier de l'Algérie, le ministre a reconnu implicitement la chute de pression du gisement, précisant que des techniques seront utilisées pour maintenir son plateau de production. "Il est naturel que la production des gisements baisse progressivement avec le temps. Mais nous allons utiliser des techniques pour maintenir les niveaux d'extraction", a-t-il déclaré. L'Algérie a déjà lancé la construction de plusieurs unités de compression de gaz pour optimiser sa production gazière Fin octobre, le groupe Sonatrach avait signé un contrat de 668 millions de dollars avec le groupement Petrofac-Bonatti pour réaliser une unité de compression de gaz pour le champ d'Alrar dans la wilaya d'Illizi. Le champ de Hassi R'mel a été renforcé par deux unités de compression pour faire face à la baisse de sa production, avait annoncé fin octobre Said Sahnoun vice-président de l'activité amont de Sonatrach. Au total, Sonatrach prévoit quatre usines de compression de gaz pour Hassi R'mel. La production de ce méga champ gazier, découvert en 1956 par Total, aurait baissé à 52 milliards de m3 en 2012 après avoir atteint 75 milliards de m3 en 2008, en raison de l'intensification de la production quelques années auparavant, selon des chiffres publiés récemment par la presse internationale spécialisée. Un deuxième champ gazier, In Salah Gaz, développé en association entre Sonatrach, le britannique BP et le norvégien Statoil a été également doté d'une unité de compression de gaz réalisée par le britannique Petrofac. Le groupe algérien prévoit également une autre unité de compression de gaz pour le complexe de Tiguentourine, une joint-venture entre BP et Statoil. Nul ne peut l'affirmer à présent. Mais, le ministère de l'Energie semble avoir plus d'une recette dans son chapeau. L'alternative au gaz naturel n'est pas loin d'être envisagée. C'est pour cela d'ailleurs, et en dépit des réserves et autres oppositions exprimées par les initiés et autres experts spécialisés, le gouvernement a d'ores et déjà mis en place son plan pour l'exploitation du gaz de schiste (non-conventionnel).