La direction du logement de la wilaya d'Alger a indiqué que près de 12 000 logements seront pris en charge dans le cadre des opérations de réhabilitation du bâti ancien à Alger. Smail Loumi, directeur du logement, a précisé, lors d'un entretien avec la presse, que cette action, qui concernera le grand centre d'Alger, ciblera sept grands boulevards (Larbi Ben M'hidi, Zighout Youcef, Colonel Amirouche, Mohamed Belouizdad, Mohamed V, Krim Belkacem et Didouche Mourad) et cinq rues transversales. Selon ce responsable, le programme de réhabilitation sera pris en charge et supervisé par six opérateurs : les OPGI de Hussein Dey, Dar El Beida, Bir Mourad Rais, l'OFARES, la Régie foncière de la wilaya, et la Direction de l'aménagement et la restructuration des quartiers (DARQ). M. Loumi a relevé que ce programme n'est qu'une première phase. "D'autres opérations seront lancées dans un proche avenir à travers d'autres communes pour la réhabilitation de près de 59 000 logements", a-t-il indiqué. "La réhabilitation des logements entreprise dans le cadre de ces opérations sera sérieuse. Elle concernera les différentes structures de l'immeuble, telles que le ravalement des façades, l'étanchéité des terrasses, et la restauration des parties communes", a-t-il ajouté.
Vers l'ouverture de chantiers -école Face au déficit d'entreprises locales spécialisées, des avis d'appel d'offres internationaux ont été lancés. M. Loumi a tenu à souligner à cet égard qu'à travers le recours à l'expertise étrangère, la wilaya ambitionne d'ouvrir des chantiers école pour la formation de la main- d'œuvre locale. Une clause de formation a été incluse dans les cahiers des charges des appels d'offres à cet effet, précisant que ces derniers ont permis pour l'heure de retenir trois entreprises. Une entreprise algéro-portugaise a été ainsi chargée de la réhabilitation des immeubles du boulevard Zighout Youcef. Une entreprise espagnole a été désignée pour la réhabilitation du boulevard Amirouche, et, enfin, une entreprise algérienne justifiant de sérieuses références professionnelles a été choisie pour la restauration des immeubles de la rue Ben M'hidi. Pour bannir l'image des fils électriques suspendus anarchiquement à travers les artères, le programme de réhabilitation des immeubles du centre d'Alger était entrepris concomitamment avec l'enfouissement des réseaux (eau, électricité et téléphone). "Cette opération financée sur les ressources de la wilaya a connu par le passé quelques retards, mais, depuis, l'entreprise Sonelgaz a été sensibilisée quant à son urgence et le rythme des travaux connaît désormais une nette accélération", a-t-il souligné. La réhabilitation des immeubles de l'hyper centre d'Alger intervient dans le cadre des orientations définies par le Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme d'Alger (PDAU) et le plan d'aménagement de la baie d'Alger. Financée sur les ressources du budget de l'Etat, une première tranche de cinq milliards DA a été débloquée pour le démarrage des travaux.
Des micro-entreprises pour la réhabilitation des immeubles d'Alger-centre En effet, le président de l'APC d'Alger-centre, Abdelhakim Bettache, a indiqué que des micro-entreprises pour la réhabilitation des immeubles d'Alger-centre seront créées dans le cadre du dispositif ANSEJ pour pallier le déficit d'entreprises spécialisées disposant d'une main-d'œuvre qualifiée et d'équipements adéquats. Selon ce responsable, près de 1 800 immeubles nécessitent une réhabilitation dans la commune d'Alger, centre, dont près de 30% de ces bâtisses requièrent, par ailleurs, une restauration en profondeur. Les actions de réhabilitation du bâti ancien, a-t-il soutenu, revêtent "un caractère d'urgence". Il s'agit, a-t-il poursuivi, de sauver impérativement un patrimoine immobilier d'une grande valeur architecturale, partie intégrante de notre histoire. Si pour les grandes artères de la commune (Larbi Ben M'hidi, Didouche Mourad, Zighoud Youcef) le programme de réhabilitation est piloté par la wilaya d'Alger, l'APC d'Alger-centre finance, par contre sur son propre budget, la réhabilitation du quartier situé autour de l'axe de la rue Ahmed Chaib (ex-Tanger). Ce quartier situé au cœur d'Alger centre, très prisé des Algérois pour ses nombreux petits restaurants populaires, connaît, en effet, une dégradation avancée. Relevant que les actions de réhabilitation du bâti ancien sont des opérations complexes, le président de l'APC d'Alger-centre a déploré le déficit d'entreprises spécialisées disposant d'une main-d'œuvre qualifiée et des équipements adéquats pour intervenir sur les façades des immeubles. "Pour l'heure, la restauration des immeubles de la rue Ben M'Hidi a été confiée à une entreprise privée qui dispose d'un réel savoir-faire et de références internationales", a-t-il précisé.
L'insuffisante implication du citoyen Un autre motif d'inquiétude concerne l'insuffisante implication du citoyen dans les opérations de réhabilitation. "Dans un passé récent, l'APC avait délibéré pour prendre en charge 50% des frais de réhabilitation de tout immeuble de la commune dont les copropriétaires s'organiseraient pour apporter leur contribution à la restauration de leur immeuble. A notre grand regret, les citoyens demeurent réticents à toute idée de contribution", a-t-il souligné. M. Bettache a dressé, dans le même sens, un constat de défaillance en ce qui concerne la gestion des immeubles, relevant que les conciergeries et les syndics ont disparu et même si des textes de lois ont été promulgués pour organiser la gestion immobilière, très peu d'administrateurs d'immeubles ont été effectivement installés. Concernant la dégradation des trottoirs sur les grandes artères (Larbi Ben M'hidi et Didouche Mourad), M. Bettache a expliqué cet état des lieux par la mise en œuvre du projet d'enfouissement de tous les réseaux (gaz, électricité, téléphone), affirmant que ces travaux dont la responsabilité relève de la Sonelgaz et la Seeal ont accusé quelques retards, mais les chantiers ont maintenant bien redémarré et qu'à la fin des travaux, un nouveau revêtement en carrelage granito de haute qualité et antidérapant sera mis en place. Nuançant les aspects négatifs, M. Bettache a apporté une note d'optimisme à ses propos en insistant sur les actions de sensibilisation menées à l'adresse des citoyens de la commune pour les impliquer dans la gestion de leurs immeubles. En conclusion, M. Bettache a précisé qu'il va encourager les copropriétaires à s'organiser pour la mise en place d'administrateurs d'immeubles afin de pallier les insuffisances constatées dans l'entretien des immeubles.