Selon un rapport du département américain de l'Energie (DoE), le pétrole devrait valoir 59 dollars le baril de brut en 2030, soit un prix inférieur à son niveau actuel. Le rapport, publié mardi, impute cette situation à une augmentation significative de la production mondiale de pétrole et un recours accru aux énergies alternatives. Selon le scénario de référence du DoE, "le prix moyen du pétrole brut déclinerait, lentement, en termes réels (en dollars constants de 2005), d'une moyenne de 69 dollars le baril en 2006 à un peu moins de 50 dollars en 2014, alors que de nouveaux approvisionnements entreront sur le marché, puis il remontera lentement à environ 59 dollars le baril en 2030". Ce prix de 59 dollars le baril à prix constants correspond à un cours de 95 dollars en 2030 en tenant compte de l'inflation, précisent les analystes de l'Agence d'information sur l'énergie (EIA), un institut statistique rattaché au DoE. Les rédacteurs de ce rapport précisent que ce scénario est basé sur une "augmentation substantielle de la production de pétrole conventionnel dans plusieurs pays membres ou non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dans les 10 prochaines années ainsi que sur un développement important de la production de pétrole non conventionnel dans les 25 prochaines années". Selon leurs prévisions, la demande totale de pétrole devrait augmenter de 84 millions de barils par jour en 2005 à 117 millions par jour en 2030. Par recours accrû au pétrole non-conventionnel, le rapport fait notamment référence aux sables bitumineux, aux huiles lourdes, au charbon liquéfié et au procédé GTL (gas-to-liquids). Partant de là, les analystes de l'EIA estiment que l'Opep devrait faire en sorte d'augmenter sa production "à un rythme qui maintienne le prix moyen entre 50 et 60 dollars par baril (en dollars 2005) jusqu'en 2030". Selon ces spécialistes, cela n'exclut pas que les prix évoluent temporairement en dehors de cette marge au cours des 25 prochaines années. Le rapport note, enfin, que l'Opep devrait prendre en compte que "laisser les prix du pétrole rester (au-dessus de 60 dollars) pendant une longue période pourrait diminuer les revenus" du cartel à long terme. Puisque cela va encourager davantage l'investissement dans la production de pétrole non conventionnel ou hors des pays de l'Opep, en décourageant la consommation mondiale d'hydrocarbures. Ces mêmes spécialistes n'excluent, cependant, pas que les prix évoluent temporairement en dehors de cette marge au cours des 25 prochaines années. En effet, les tensions géopolitiques qui ne semblent pas être prises en compte dans cette étude, pourraient bousculer les choses, surtout à court terme. Le repli de ces derniers mois des cours du pétrole a été perçu par nombre d'économistes comme une période d'attente. La question est plutôt: à quel niveau le prix du baril peut-il remonter? A cette question, une étude de l'Institut japonais de l'économie de l'énergie (IEEJ), un organisme para-public, vient d'apporter une réponse spectaculaire. Elle indique que le prix du baril de pétrole brut pourrait grimper jusqu'à 100 dollars. Une telle hypothèse avait déjà été évoquée il y a quelques mois par de grandes banques d'affaires. Prudent toutefois, l'IEEJ voit l'or noir atteindre ces sommets dans le cadre d'une hypothèse très particulière: celle qui verrait les Etats-Unis attaquer les installations nucléaires de l'Iran qui prendrait en retour des mesures de rétorsion. C'est-à-dire "en utilisant le pétrole comme arme, en contrôlant la fourniture de pétrole sur les marchés internationaux ou en coupant l'approvisionnement de certains pays".