5 mars 2013 : la mort du Comandante Mort de Chavez : "La fin d'une ère", pour la presse latino-américaine La presse vénézuélienne avait choisi un ton plutôt respectueux mercredi matin pour évoquer la disparition d'Hugo Chavez. Le site du quotidien El Universal arborait ainsi à la Une "une" sombre et sobre annonçant sa mort, et commençait son éditorial par un solennel : "Président du Venezuela pendant 14 ans, Hugo Chavez entre dans l'histoire." Mais chassez le naturel, il revient au galop... Connu pour son anti-chavisme, le journal insiste ainsi un peu plus loin sur le fait que l'homme a divisé le pays, et conclut : "Tout indique qu'un cycle se termine. Une nouvelle étape s'ouvre, celle du chavisme sans Chavez, et peut-être que, si la maturité d'un peuple en ce moment critique et au milieu de ces grandes turbulences le permet, il sera possible de construire la grande opportunité de relancer des plans et des projets nécessaires et viables." Plus à gauche, le site d'El Mundo titre également sur "la fin d'une ère". Mais il fait le choix d'afficher haut sur la "une" de son site les réactions des alliés de Chavez, notamment celles du président iranien Mahmoud Ahmadinejad ou de Fidel Castro. Et proposait d'éclairer son lecteur sur cette question : "Que dit la Constitution sur l'entrée au Panthéon national ?" La question consitutionnelle sur laquelle s'interrogeait nombre de titres latino-américains mercredi matin était pourtant toute autre. Le mexicain La Jornada, le péruvien El Comercio, comme le grand quotidien brésilien O Globo doutaient de la légitimité du vice-président, Nicolas Maduro, à assumer l'intérim avant les élections annoncées dans trente jours, au regard de l'article 233 de la Constitution vénézuélienne. "La décision pourrait provoquer les critiques de l'opposition car la Constitution prévoit que le président de l'Assemblée nationale, Diosdado Cabello, assume le pouvoir avant la convocation des élections", écrit le quotidien de Rio de Janeiro, qui précise néanmoins que le fait que Chavez, bien qu'élu en octobre, n'ait pas pu prêter serment le 10 janvier devant l'Assemblée nationale, peut "ouvrir une marge d'interprétation".
"J'ai labouré dans la mer et semé dans le vent" La mort du président vénézuélien est surtout mercredi l'occasion de bilans en forme de portrait. Ou l'inverse. "Icône de la gauche", "aimé par des millions de personnes, haï par des millions d'autres", résumait le quotidien bolivien El Deber. Chaque quotidien semblait ainsi choisir son camp. Faisant mine de laisser l'histoire juge de savoir qui était Chavez, être "éclairé, dictateur prêt à tout, fanatique ou messie des oubliés", l'argentin La Nacion dresse un bilan à charge, rappelant ses multiples réinterprétations de la Constitution à son avantage, la concentration de "tous les pouvoirs dans ses mains" et son incapacité à lutter contre l'explosion de la violence urbaine. Il conclut par une référence au livre de l'Uruguayen Eduardo Galeano, Les Veines ouvertes de l'Amérique latine : "Par [ces veines] navigua Hugo Chavez pour imposer sa révolution bolivarienne. Mais au seuil de la mort, qu'il n'a jamais acceptée, le leader aux mille visages sut que son voyage révolutionnaire était resté à mi-chemin. Il dut sûrement se rappeler les dernières paroles, tant de fois lues, de son modèle Simon Bolivar : 'j'ai labouré dans la mer et semé dans le vent'".
"Sa vocation fut toujours de s'ériger en leader régional" D'autres font un bilan plus nuancé, à l'image du colombien El Tiempo, qui évoque les "profondes réformes" accomplies. "Bien que les objections ne manquent pas sur la façon dont il a mis en œuvre son projet ambitieux, il faut dire clairement que le bien-être des défavorisés et la recherche d'une société plus égalitaire ont toujours été ses principales préoccupations", écrit le quotidien. "Il a voulu révolutionner les fondations même de la société vénézuélienne, une entreprise ambitieuse, qui a débouché sur une polarisation que beaucoup ont jugée inévitable", estime-t-il encore, tout en concédant un "style de gouvernement marqué aussi par l'autoritarisme (...) s'exprimant dans son peu de respect pour la liberté d'expression et son contrôle absolu des trois pouvoirs". Mais comme de nombreux titres de la presse latino-américaine, mercredi matin, El Tiempo, qui fait sa une sur "la fin d'une ère", insiste particulièrement sur son impact dans la région. "La trace qu'il laisse ne se résume pas au plan interne. (...) Sa vocation fut toujours de s'ériger en leader régional, mu par le désir ardent de se démarquer des Etats-Unis." Et de citer les différentes organisations multilatérales dont il est à l'origine. Le quotidien bolivien La Razon fait le même bilan, estimant que "l'intégration régionale reste l'héritage de quatorze ans de chavisme". "La Communauté des Etats latino-américains et caribéens (Celac), l'Union des nations sud-américaines (Unasur), l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique-Traité de commerce des peuples (ALBA-TCP) et l'alliance énergétique Petrocaribe doivent toutes leur existence (...) à l'impulsion politique que donna le président vénézuélien pour une intégration issue du contexte politique sud-américain et caribéen, écrit-il. La marque d'Hugo Chavez fut d'exclure la participation des Etats-Unis dans ces quatre instances (...) où ont émergé, en dix ans, des espaces de débats nettement régionaux." "C'est dans cette sphère que son départ se fera le plus sentir, car celui qui lui succédera n'aura pas forcément le même champ d'action", estime encore le colombien El Tiempo. Le site du quotidien équatorien El Comercio interroge d'ailleurs ses lecteurs sur une question qui traduit en creux l'évidente disparition d'un leader régional : "Selon vous, qui va désormais assumer le leadership de la région ?" La réponse est sans surprise : une large majorité d'Equatoriens aimeraient voir rayonner leur président, Rafael Correa.
4 octobre 2013 : mort de l'héro de l'indépendance vietnamienne : Giap, le général de la paix est parti Il restera dans l'histoire l'un des grands chefs de guerre du XXe siècle, le seul à avoir successivement défait la France et tenu tête aux Etats-Unis d'Amérique. Le général Vo Nguyên Giap est mort vendredi 4 octobre à l'âge de 102 ans. La prise du camp retranché français de Diên Biên Phu en mai 1954 et la chute de Saïgon en avril 1975 demeurent les faits d'armes de ce leader au calibre exceptionnel : autorité personnelle, génie de la logistique, tacticien hors pair. Le général vietnamien Vo Nguyen Giap, vainqueur historique de Dien Bien Phu, en mai 1954 et architecte du revers des Etats-Unis au Vietnam, s'est éteint, le 4 octobre, à l'âge de 102 ans. Quand il avait quinze ans, il commença à militer au sein du mouvement des étudiants. Puis vint l'événement décisif, l'appel lancé par Nguyen Ai Qoc pour la création de la Ligue des peuples opprimés. En tant que militant au sein du Parti, le président Ho Chi Min lui confia la responsabilité de mettre en place la première brigade de l'armée de libération nationale. Depuis, il a pris soin des questions militaires. A partir de cette responsabilité, Giap, malgré son jeune âge. " La bonne façon unique de libération nationale est la voie de la Révolution prolétarienne ", disait-il. C'était une première pour le communisme de l'époque. Sa formation était plutôt essentiellement politique et révolutionnaire. Il ne voyait d'ailleurs pas, aucune difficulté à passer de l'action politique à l'action militaire, à la lutte armée. Il pensait que la lutte armée n'est qu'un prolongement de la lutte politique par des méthodes différentes. Fidèle à ses idéaux, né le 25 août 1910 à An Xa, un petit village au centre du pays, fils de paysan riziculteur, tour à tour professeur, journaliste, général d'armée, dirigeant politique, Giap était le dernier survivant de la vieille garde d'Hô Chi Minh. Il respire l'intelligence, la force tranquille. Fidèle à ses idéaux, ouvert au monde et à ses changements, il a toujours été proche du peuple et sensible à ses difficultés. Il soutiendra en 1986 une politique de rénovation économique, le " Do Moi ", qui a permis d'engager le Vietnam sur la voie de la croissance. Il entre dans la clandestinité après la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Le 2 septembre 1945, après la proclamation de l'indépendance, il est nommé ministre de l'Intérieur, en charge des affaires militaires. Le 23 novembre 1946, la marine française bombarde le port d'Haïphong, faisant des milliers de victimes civiles. Le 19 décembre 1946, le Viêt-minh attaque les positions françaises à Hanoï, c'est le début de la guerre d'indépendance. Elle va durer 8 ans et c'est en 1954, après près d'un siècle d'occupation coloniale, que la bataille à Diên Biên Phu du " Tigre et de l'Eléphant " va mettre fin à la guerre d'Indochine. Giap va s'y illustrer en donnant la pleine mesure de son talent de stratège militaire. Le président Hô Chi Minh avait proclamé l'indépendance du Viêt-Nam le 2 septembre 1945 mais les colonialistes français ont voulu réimposer par la force leur domination sur la péninsule indochinoise. De Gaulle avait déclaré à Brazzaville qu'il fallait restaurer le régime colonial par les forces armées. Le peuple vietnamien est fier sous la direction du Parti communiste, d'avoir démontré une vérité grandiose. Un peuple colonisé, opprimé, une fois qu'il sait lever pour se solidariser dans la lutte pour l'indépendance, la liberté et le socialisme, a été capable de vaincre l'armée agressante forte d'un empire. La bataille de Diên Biên Phu est gravée à jamais dans l'histoire de la lutte pour la cause nationale du peuple vietnamien et des autres peuples épris de mais dans le monde. Après 56 jours et nuits de combats incessants menés avec volonté de fer sous la direction talentueuse du général Vo Nguyen, l'armée vietnamienne a anéanti la base de Diên Biên Phu. Le 7 mai 1954, le général français de Castrie et l'ensemble du commandement de la base de Diên Biên Phu ont été capturés vivants. Près de 10 000 soldats français ont levé les mains. Le drapeau d'or et à l'étoile jaune a flotté sur le toit du QG. Un retentissement mondial, obligeant le gouvernement français à signer les Accords de Genève rétablissant la paix en Indochine. La guerre lancée contre nous par les Français était une guerre injuste. Et c'est la même chose avec la guerre d'agression par les Etats-Unis. De ce point de vue, il n'y a aucune différence. Mais il y a ce point de vue. Avec les français, la guerre était de l'ancien type colonialiste. Avec l'Amérique, c'était une guerre néo-colonialiste. Il est un peu paradoxal que c'est la guerre néo-colonialiste contre un pays. Mais les circonstances, les conditions étaient très différentes des deux côtés. C'était différent du point de vue international, aussi. De notre côté, quand nous avons commencé la lutte, la guerre de résistance contre les Français, le gouvernement par le peuple était encore très nouveau. Notre armée était encore en train d'être créé. Au contraire quand la lutte contre l'américain a commencé, nous avions déjà un socialiste du Nord, et il était ferme. Notre potentiel militaire avait beaucoup grandit ". (Dixit, le général Giap). Dans sa stratégie de guerre, le général Giap, avait pour principe décisif la valorisation du facteur humain. Aux conseillers américains qui lui demandaient qui était le plus grand général à qui il était sous ses ordre : il répondait qu' "il s'agissait de peuple vietnamien. " J'ai apporté une contribution modeste. C'est le peuple qui s'est battu ", ne cessé-t-il de son vivant de répéter. Brezinski s'est aussi interrogé sur le pourquoi de cette victoire. Lors d'une rencontre entre les deux hommes à Alger, peu après la défaite US Vietnam, le général Giap lui a répondu : Ma stratégie est celle de la paix. Je suis un général de la paix, non de la guerre ".
5 décembre 2013 : mort de l'héros de la lutte contre l'apartheid : Mandela symbole du courage et de l'abnégation contre les régimes oppressifs L'année 2013 a été marquée par la disparition de Nelson Mandela, leader Sud-africain qui a passé plus de 27 ans dans les bagnes de l'apartheid avec le même sentiment, le même engagement et le même courage: "Résistance "avec " Dignité"; lui et ses camarades ont refusé de se laisser détruire par les humiliations et la violence qu'ils subissaient quotidiennement au bagne de Robben Island. Mandela a payé très cher cette volonté de lutte pour le respect de sa dignité."Mandela était un homme de tous les combats, qui a consacré sa vie à lutter sans relâche contre l'arbitraire et les injustices. Maintenu en détention pendant 27 ans pour son combat résolu contre le racisme et la ségrégation, Nelson Mandela était le symbole du courage et de l'abnégation face aux régimes oppressifs. Son isolement garantissait aux tenants de l'apartheid la préservation d'un système politique bâtit sur la violence, la discrimination et les inégalités; sa libération en a matérialisé l'effondrement inéluctable". Mais cette lutte, il l'a toujours identifié à celle de son peuple: le Peuple Sud-Africain contre le régime de l'apartheid et c'est sans doute ce qui a fait sa force. Mandela et d'autres leaders de l'ANC qui ont passé plus de deux décennies à Robben Island étaient déterminés à ne montrer aucun signe de faiblesse. les nouvelles sur le travail fait à l'étranger par diverses organisations anti-apartheid qui informaient l'opinion mondiale sur les conditions de Mandela et des militants de l'ANC lui apportaient un encouragement particulier. Mandela revigoré par ce soutien était stimuler de savoir qu'à l'extérieur, la lutte qu'il menait contre Pretoria n'est pas oubliée et que son nom et celui de ses camarades: Walter Sisullu, Govan M'Beki, Ahmed Kathadra o comme leur camarade Toivo Ja Toivo de la Swapo étaient connus et honorer dans le monde entier. Au mois de décembre dernier, les peuples du monde entier ont pleuré la mort du Lauréat du Nobel de la Paix. "Nous ne verrons probablement plus encore les choses que Nelson Mandela aimait", avait déclaré Barack Obama. Ce qui signifie que Mandela a laissé une trace dans l'Histoire. Parti à l'âge de 95 ans, il appartient désormais à l'histoire et à l'héritage commun de l'humanité. L'Afrique et le monde entier ont perdu un Grand homme, un héros exceptionnel de la paix et de la liberté. Véritable encyclopédie de la tolérance, il a été le messager et le guerrier africain pointant ses flèches contre le racisme, l'impérialisme et le colonialisme. Un index accusateur qui lui était propre en vue de discipliner le monde. Des phénomènes qu'il a combattu avec acharnement. Parce qu'ils sont disait-il: "Les pires ennemis de l'humanité". Au nom de son panafricanisme, il a milité sur l'abolition totale du colonialisme en Afrique, l'affirmation du droit à l'autodétermination et au libre développement des peuples, la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les Etats, l'égalité en droit des peuples, la coexistence pacifique et une coopération internationale active et la non affiliation des Etats aux alliances militaires des grandes puissances. Tout le monde a pu relever qu'à chaque épreuve de son long combat contre l'apartheid, il s'en est sorti toujours, assuré qu'il est de la fidélité de l'ANC et du peuple. Un peuple sur lequel il a eu un ascendant certain, même s'il est advenu à un certain temps qu'on a tenté de l'affaiblir et de l'évincer. Nelson Mandela, face à plusieurs circonstances de ce genre, s'est refusé pour autant de jouer aux idéologues. C'est bien plutôt en Pacifique qu'il cherchait le contact de son peuple et la communauté internationale acquise à ses idées de paix, de solidarité et de développement, affirmant constamment rejeter toutes formes nuancées soit-elles, de particularisme ou de racisme. Le monde qui a pleuré ce héros africain libéré du bagne de Robben Island en 1990 après 27 ans de prison, est-il en mesure de réaliser les idéaux de Mandela? Il y a beaucoup de choses que ce monde doit faire, parce que le message principal avec Madiba est sorti de prison était celui contre la racisme, l'impérialisme et le colonialisme. Aujourd'hui, En Afrique et dans le monde encore marqués par les défis de l'égalité, de justice sociale, de la sécurité, et dans un monde où la résistance face à l'autoritarisme, aux discriminations et à la tentation du repli identitaire tient encore toute sa place, il importe de s'inspirer de l'incommensurable héritage politique, intellectuel et idéologique de ce pionnier des révolutions modernes. Son apport exceptionnel à la promotion des droits de l'Homme et des principes démocratiques en Afrique du Sud et à travers le monde restera dans tous les mémoires.