Le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Fahmi, a entamé dimanche dernier une visite d'importance stratégique pour l'Egypte, après l'éviction du président Morsi et la mise à l'écart des sphères de l'Etat des Frères musulmans qui avaient tiré les marrons du feu du printemps arabe égyptien. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a déclaré hier à Alger que l'Algérie "maintient" ses relations avec les pays qui connaissent des problèmes politiques internes partant du principe qu'elle "traite avec les Etats et non avec les régimes". "L'Algérie reconnaît et traite avec les Etats et non avec les régimes (...), elle maintient ses relations avec ces pays nonobstant les problèmes internes qu'ils connaissent", a indiqué M. Lamamra. Ainsi, une fois de plus le chef de la diplomatie algérienne réitère l'approche algérienne en matière de gestion des conflits arabes. Le ministre a tenu à préciser que cette conduite ne signifiait nullement que l'Algérie "est indifférente ou qu'elle accorde peu d'intérêt aux situations instables que ces pays traversent". La relation de l'Algérie avec l'Egypte s'inscrit dans ce cadre, a-t-il dit, avant d'ajouter que les deux pays "sont unis par des liens étroits". "Nous partageons ses joies et ses peines mais nous ne nous ingérons pas dans ses affaires internes et nous souhaitons que le peuple égyptien sorte plus fort que jamais de son épreuve", a insisté M. Lamamra. En réponse à une question sur le refus de certains partis algériens appartenant à la "mouvance islamiste" de la visite du ministre égyptien suite à la qualification de la confrérie des Frères musulmans comme étant une "organisation terroriste", le chef de la diplomatie algérienne, qui a dit respecter les différentes opinions exprimées à ce propos, a soutenu que la politique étrangère de l'Algérie était conduite par le président de la République et qu'elle obéissait à des considérations stratégiques. C'est le cas de la visite de M. Fahmi, prévue "de longue date", a-t-il ajouté. Sur le dossier syrien, M. Lamamra a rappelé "l'attachement de l'Algérie à une solution pacifique qui garantisse la pérennité et l'unité de la Syrie" et son appel aux parties concernées "à s'en remettre à la volonté du peuple syrien". Il a exprimé à cet égard "l'engagement" de l'Algérie à prendre part à la conférence de Genève 2 et à faire ce qui est en son pouvoir pour le succès de cette initiative à travers une action bilatérale avec la Syrie et avec les pays influents "en vue de faire avancer le processus de règlement pacifique". Le nouveau rapprochement entre l'Algérie et l'Egypte s'explique d'autant que l 'Algérie comprend l'intérêt de l'Egypte pour le continent africain et son rôle sur la scène moyen-orientale, d'où l'importance pour ce pays de retrouver sa place "naturelle" au sein de l'Union africaine (UA). Il est appelé à cet effet, à faire la distinction entre les évènements internes qui s'y déroulent et le rôle de l'Egypte au niveau extérieur.