En Syrie, chacun des mouvements d'opposition tente de tirer la couverture à soi et les experts pensent que de telles manœuvres pourraient torpiller la conférence de paix Genève-2, a écrit le quotidien russe Rossiïskaïa gazeta.Les révolutionnaires semblent oublier que s'ils venaient à trop irriter les acteurs principaux de la conférence, ils pourraient être écartés de cette réunion majeure et perdre leur influence, leur avenir politique et leur financement par les "pays amis". Le département d'Etat américain a confirmé mercredi passé que le chef de la diplomatie américaine John Kerry s'entretiendrait le 13 janvier avec son homologue russe Sergueï Lavrov. Leur rencontre portera de nouveau sur la Syrie et notamment sur les préparatifs de la conférence Genève-2. Le 20 décembre 2013, les parties avaient pratiquement fixé la liste des trente participants à ces pourparlers et même l'Arabie saoudite, qui avait jusqu'au dernier moment résisté à ce processus, a finalement accepté d'y participer. Pratiquement toutes les invitations ont déjà été envoyées. A Paris, Lavrov et Kerry pourraient même s'accorder sur un dernier participant à Genève-2 : l'Iran. Aujourd'hui, si quelqu'un tente effectivement de faire échouer cette conférence internationale, il ne s'agit certainement pas de Téhéran mais bien des leaders de l'opposition syrienne. Leur comportement est facile à comprendre : ils ont misé sur une répétition du scénario libyen mais leur jugement était erroné. Washington a clairement montré qu'il n'avait pas envie d'ouvrir un front syrien et a même menacé de couper le financement aux révolutionnaires qui refuseraient d'aller en Suisse pour chercher un compromis avec le régime de Damas. C'est donc l'heure H pour l'opposition. Car il est évident que tous les révolutionnaires n'arriveront pas à finir la course avec les moyens légaux - notamment diplomatiques - et sans guérilla. Mardi 7 janvier Omran Ahed Zohbi, ministre syrien de l'Information, a souligné que le dialogue avec l'opposition pourrait se solder par la formation d'un gouvernement d'unité nationale ou un élargissement du nombre de ministres. Toutefois une administration de transition comme celle qui a existé en Irak lors de l'occupation américaine est, selon lui, totalement exclue. Qui plus est les Etats-Unis semblent accepter le premier scénario. Il y aura donc très peu de "billets d'entrée" vers le nouveau pouvoir syrien. Et leur partage émotionnel a déjà commencé au sein de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution. Le 6 janvier 40 délégués ont déjà quitté cette organisation après avoir compris que leur rôle serait réduit à celui d'observateurs impuissants. Ils ont toutefois laissé entendre qu'ils pourraient revenir si le reste de l'opposition acceptait de les entendre. C'est peu probable car il y a déjà très peu de places à Montreux. Selon de nombreux experts, l'opposition syrienne fera trainer jusqu'au dernier moment la formation de sa délégation, bien que Kerry ait déjà promis de raisonner les révolutionnaires lors de son entretien avec Lavrov l'automne dernier. L'opposition indique toutefois que tout sera réglé le 17 janvier au plus tôt, c'est-à-dire cinq jours avant l'ouverture de la conférence. Un échec éventuel des négociations au sein de la révolution syrienne pourrait donc priver les Etats-Unis de temps pour tenter de remédier à la situation. A l'automne 2013, le chef de la diplomatie russe a de son côté promis de "travailler" avec Damas pour former sa délégation à Genève-2. Promesse tenue. "Comme nous l'avons déjà indiqué, la Russie a joué un rôle décisif dans l'organisation de la participation du régime syrien à la conférence. Elle a promis de le faire et elle a engagé la participation du régime", a conclu la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki le 8 janvier à Washington.
L'opposition pose des préalables, Moscou regrette Moscou regrette qu'une partie de l'opposition syrienne pose toujours des conditions préalables à sa participation à la conférence de paix sur la Syrie, prévue le 22 janvier prochain à Montreux, en Suisse, rapporte jeudi le ministère russe des Affaires étrangères. "On ne peut que déplorer que l'un des mouvements de l'opposition syrienne pose toujours des conditions préalables à sa participation à la conférence de paix sur la Syrie, dite Genève-2, en essayant ainsi de prédéterminer ses résultats", lit-on dans le communiqué. Par ailleurs, on a appris auparavant que la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution syrienne avait reporté au 17 janvier la prise de décision sur sa participation à la conférence.
Entretien Poutine-Rohani Le président russe Vladimir Poutine évoqué, avant-hier, au téléphone avec son homologue iranien Hassan Rohani les ententes enregistrées sur le dossier nucléaire de Téhéran et les préparatifs de la conférence internationale sur le règlement du conflit syrien, rapporte le service de presse du Kremlin. "L'entretien a porté sur le développement de la coopération bilatérale mutuellement avantageuse dans différents domaines, ainsi que sur les problèmes d'actualité de la vie internationale, notamment sur la situation en Syrie à la lumière des préparatifs de la conférence internationale, dite Genève-2, et sur la mise en œuvre des ententes enregistrées sur le programme nucléaire iranien", lit-on dans le communiqué. Initialement prévue à Genève, la conférence internationale consacrée au règlement de la crise syrienne se tiendra le 22 janvier prochain à Montreux, sur le lac Léman. La décision sur la participation de l'Iran n'a toujours pas été adoptée.
Le régime d'Assad, un "moindre mal" par rapport aux radicaux On pourrait qualifier le régime du président syrien Bachar el-Assad de "moindre mal" par rapport aux méthodes employées par des groupes radicaux en Syrie, a estimé le chef de la diplomatie turque Ahmet Davuto?lu dans une interview à l'agence Anadolu. "Les procédés abominables des groupes radicaux en Syrie ont déjà pour effet que le régime de Bachar el-Assad pourrait être qualifié de +moindre mal+", a déclaré le ministre. Et d'ajouter que tous les groupes et éléments étrangers se trouvant en Syrie, y compris le Hezbollah libanais, devaient quitter ce pays. "Le Parti kurde de l'union démocratique (PYD), Al-Qaïda, ce sont des éléments qui menacent la sécurité", a souligné le ministre turc des Affaires étrangères. Selon M.Davuto?lu, la Turquie est victime d'une campagne de dénigrement psychologique et est accusée à tort de soutenir des organisations terroristes. "Une campagne psychologique est menée contre la Turquie, accusée de soutenir des groupes armés", a déploré le ministre. Le conflit sanglant qui se poursuit en Syrie depuis bientôt trois ans a déjà emporté, selon les Nations unies, plus de 100 000 vies.