Le conseil de surveillance de PSA Peugeot Citroën a validé dimanche soir le principe d'un renflouement par l'Etat français et le chinois Dongfeng via une augmentation de capital de 3 milliards d'euros, destinée à aider le constructeur automobile à sortir de l'ornière.Les membres du conseil ont donc rejeté l'idée d'une augmentation de capital qui aurait été effectuée uniquement sur les marchés, sans part réservée à Dongfeng et à l'Etat. Une option qui avait la faveur du président de l'organe de surveillance, Thierry Peugeot, selon deux sources proches du dossier. Ils se sont finalement ralliés, à l'issue d'une réunion de quatre heures, à l'option défendue par Robert Peugeot, son cousin qui dirige la FFP, la holding qui gère la participation familiale dans PSA, et qui est prêt à voir la part de la famille diluée avec l'entrée de deux nouveaux actionnaires. Les modalités précises de l'augmentation de capital n'ont en revanche pas été arrêtées, selon une source. Avant la réunion du conseil, le Journal du Dimanche évoquait une entrée du chinois et des pouvoirs publics à hauteur de 15% chacun, tandis que "la famille Peugeot se contenterait d'une mise de 100 millions", le reste étant obtenu via un appel au marché. Au passage, Thierry Peugeot pourrait perdre la tête du conseil de surveillance au profit de Louis Gallois, qui représente les intérêts de l'Etat à PSA, "ou de Jean-Louis Beffa, homme fort de la banque Lazard en Chine, et conseiller de Dongfeng sur le dossier", a prévenu le journal. La famille contrôle aujourd'hui l'entreprise avec 25,4% du capital et 38,1% des droits de vote.
Le gouvernement prêt à intervenir Une source proche du dossier a souligné que 100 millions d'euros correspond à la taille habituelle des opérations d'investissement de la FFP. L'Etat et Dongfeng, avec qui PSA coopère déjà via trois usines en Chine, mettraient chacun au pot 500 à 800 millions d'euros. Les montants exacts dépendront de la part réservée au public et du cours de l'action, a précisé cette source. Le titre PSA a fini vendredi la séance à 11,48 euros. A ce prix, l'ensemble du groupe est valorisé 4,1 milliards d'euros. Le gouvernement pourrait financer une telle opération par des recettes tirées de cessions de participations, a expliqué mardi François Hollande. Le président de la République avait alors assuré que "si nous sommes sollicités, nous interviendrons". "L'Etat est particulièrement vigilant, l'Etat se sent impliqué, et l'Etat fera tout, pèsera, pour que PSA reste ce grand constructeur français, et même trouve les moyens de son développement," a commenté de son côté le ministre de l'Economie Pierre Moscovici, interrogé sur Radio J dimanche. "PSA restera français", a renchéri son collègue au Redressement productif Arnaud Montebourg, invité du Grand Jury LCI/RTL/Le Figaro. Sans vouloir commenter les discussions en cours, M. Montebourg a indiqué que l'Etat suivait le dossier, et reconnu qu'il y avait eu des déplacements en Chine et des rencontres avec les dirigeants de Dongfeng. PSA espère pouvoir présenter les grandes lignes d'un accord avec Dongfeng et l'Etat lors de la présentation de ses résultats annuels le 19 février, ajoute-t-on de source proche du dossier. Le groupe souhaite boucler le montage avant une visite du président chinois à Paris au printemps.
"Cash is king" Officiellement, le constructeur se contente de rappeler qu'il étudie "des nouveaux projets de développement industriel et commercial avec différents partenaires, y compris Dongfeng Motor, ainsi qu'un projet d'augmentation de capital". Le numéro un, automobile français a été ébranlé par l'effondrement depuis 2007 des ventes de voitures en Europe, son principal marché. Il souffre aussi de sa faible présence dans les marchés émergents ou sur des segments comme le low cost et le haut de gamme, plus porteurs. PSA a pris toute une série de mesures pour redresser la barre, dont un plan d'économies et de restructuration de ses activités françaises qui a débouché sur la fermeture du site d'Aulnay-sous-Bois en région parisienne. Il a également tenté une alliance avec l'américain General Motors, qui n'a pas tenu. PSA a aussi bénéficié d'une garantie publique de 7 milliards d'euros pour sa banque et va se doter d'un nouveau patron, Carlos Tavares, l'ex-numéro deux de Renault. Le successeur désigné de M. Varin, dans les faits déjà aux commandes, a indiqué vendredi aux syndicats qu'il se donnait "100 jours pour faire l'état des lieux". Fort de la devise "cash is king", il a déjà demandé un effort d'économies supplémentaire d'un milliard d'euros en interne, selon une source proche du dossier. M. Tavares pourrait prendre officiellement les commandes de PSA plus rapidement que prévu. Le conseil de surveillance s'est penché sur cette question dimanche, mais n'a pas pris de décision, selon une source.