Le gouvernement a déclaré qu'une entrée de l'Etat au capital de PSA Peugeot Citroën n'était pas d'actualité, mais plusieurs analystes estiment qu'on ne peut écarter l'hypothèse d'un nouvel apport d'argent frais tant la situation financière du constructeur automobile reste fragile. PSA a annoncé jeudi soir des dépréciations massives qui viendront alourdir sa perte nette 2012, le marasme du marché automobile européen l'ayant conduit à réduire de 28% la valeur comptable des usines et autres actifs de sa division auto. "S'agissant d'une participation au capital de cette entreprise, elle n'est pas à l'ordre du jour puisque PSA ne le demande pas", a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault en marge d'un déplacement à Grenoble. "Il existe un outil, le FSI, qui peut, si nécessaire, participer au capital. Cette question n'a aujourd'hui pas été posée. Elle ne se pose donc pas", a-t-il ajouté. Le ministère de l'Economie et des Finances a souligné pour sa part que les 4,1 milliards d'euros de dépréciations d'actifs annoncées ne remettaient pas en cause la solvabilité du groupe ou sa liquidité, et qu'elles n'impliquaient donc pas d'augmentation de capital. En revanche, ces dépréciations vont changer les bases sur lesquelles tout nouvel apport d'argent frais serait calculé. "Les dépréciations vont réduire le capital sur le plan comptable et procéder à une augmentation de capital pourrait avoir du sens", commente Bertrand Lamielle, directeur des gestions chez B*Capital. "L'arrivée d'un acteur comme l'Etat ou le FSI venant épauler la société permettrait à Peugeot de récupérer du cash." Le Fonds stratégique d'investissement a fait savoir à Reuters qu'il n'y avait "pour le moment" pas de "dossier PSA ouvert". Les dernières dépréciations annoncées, et la perspective mercredi prochain d'une perte nette annuelle de l'ordre de 5,6 milliards d'euros - contre un bénéfice de 1,1 milliard en 2010 et de 588 millions en 2011 - sont venues rappeler à quel point la situation de PSA s'est dégradée en un an et demi, après le retournement du marché automobile européen. Le groupe a perdu 200 millions d'euros en cash chaque mois depuis l'été 2011, et s'il entend réduire de 100 millions cette consommation mensuelle cette année, il ne vise pas un retour à l'équilibre avant la fin 2014. "Cette entreprise consomme énormément de cash. Le groupe a un besoin très clair de recapitalisation. Il est sûr qu'une augmentation de capital est envisagée", estime un banquier d'affaires parisien. L'état ne laissera pas PSA disparaitre PSA a déjà réalisé au printemps dernier une augmentation de capital d'un milliard d'euros, à l'issue de laquelle General Motors est devenu le deuxième actionnaire du groupe à hauteur de 7%, derrière la famille Peugeot, dont la participation est à cette occasion descendue à 25%. Le groupe a également lancé un plan social en France portant sur 8 000 suppressions d'emplois pour réduire ses coûts et ses capacités, et lancé une série de cessions d'actifs. Mais sa dépendance au marché européen signifie qu'il reste à la merci d'une nouvelle dégradation des ventes sur le continent. "En ce moment, chez PSA, la seule question qui compte, c'est le cash", commente un analyste du secteur sous couvert d'anonymat. PSA disposait encore l'été dernier d'une sécurité financière de 12 milliards d'euros, ce qui signifie que le groupe n'est pas en danger immédiat. Mais s'il n'endigue pas ses pertes, il risque de compromettre ses ventes futures en Europe et à l'international car il devra continuer de faire l'impasse sur certains investissements stratégiques. Les constructeurs doivent proposer en permanence de nouveaux modèles et de nouvelles technologies pour convaincre les automobilistes de changer de voiture et s'imposer face à une concurrence pléthorique. "Cette entreprise ne peut pas, ne doit pas disparaître. Donc il faudra faire ce qu'il faudra pour que cette entreprise se pérennise", a déclaré le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, sur BFM TV et RMC Info. Interrogé sur l'éventualité d'une prise de participation de l'Etat, évoquée vendredi par le quotidien Libération, il a répondu que c'était "possible" via le FSI. Contrairement à Renault, dont il détient 15% hérités de la nationalisation de la firme au losange après la Seconde guerre mondiale, l'Etat n'est pas présent au capital de PSA. Depuis qu'il a apporté à l'automne dernier sa garantie à la filiale bancaire du constructeur, il a obtenu toutefois la nomination d'un administrateur au conseil de surveillance du groupe sochalien, en la personne de Louis Gallois.