L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a relevé cette semaine sa prévision de demande de pétrole pour 2014 du fait d'une d'accélération de la croissance économique mondiale jugée de plus en plus probable, sur fond de forte hausse de la production américaine. Cette année, l'AIE s'attend désormais à une consommation mondiale record d'or noir de 92,5 millions de barils par jour (mbj), contre 92,1 mbj prévus en décembre, indique-t-elle dans son rapport mensuel de janvier. Soit une progression de 1,3 mbj par rapport à 2013, après déjà 1,2 mbj l'an dernier. "La croissance de la demande mondiale de pétrole semble avoir progressivement retrouvé de l'élan au cours des 18 derniers mois, tirée par la reprise économique dans les pays développés", commente l'AIE. Alors que la croissance de la consommation pétrolière n'affichait que 0,6 mbj au troisième trimestre 2012, elle a grimpé un an plus tard à un niveau élevé de 1,5 mbj, observe le bras énergétique des pays développés. "La clé de ce changement a été une inversion de tendance de la demande des pays de l'OCDE", explique l'agence. Et alors que les pays développés (Etats-Unis, Europe, Japon...) affichaient une demande en net recul sur un an de près de 1 mbj au troisième trimestre 2012, celle-ci progressait en effet de quelque 340 000 barils par jour un an plus tard, tirée par les Etats-Unis et l'Europe. "La plupart des économies de l'OCDE sont désormais largement sorties de la récession, avec des hausses importantes dans certains pays dans les secteurs manufacturiers et pétrochimiques fortement consommateurs d'énergie", souligne l'AIE. La demande de pétrole dans l'OCDE aurait au final augmenté (+0,2%) en 2013, pour la première fois depuis 2010, après un recul de 1,1% en 2012.
Les Etats-Unis à toute vitesse Côté émergents, "même si les économies hors OCDE représentent toujours l'essentiel de la croissance mondiale pour 2013 et au-delà", l'AIE a légèrement révisé à la baisse sa prévision, notamment en Chine. Elle prévoit désormais une consommation chinoise de 10,1 et 10,5 mbj en 2013 et 2014, contre 10,2 et 10,6 le mois dernier. La demande indienne a également été revue légèrement à la baisse. La semaine dernière, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait également légèrement révisé à la hausse sa prévision de demande mondiale de brut pour 2013 et 2014, là aussi du fait d'une amélioration du contexte économique en Amérique du Nord et en Europe. La production de l'Opep a d'ailleurs remonté en décembre (+0,3 mbj à 29,8 mbj), après quatre mois de recul, selon l'AIE, compensant un recul équivalent hors Opep. L'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis affichent les plus fortes progressions, tandis que seule l'Irak recule. La Libye reste à un niveau très faible, du fait des troubles et des blocages autour du secteur pétrolier. Quant à l'Iran, si la production remonte un peu et que le récent accord nucléaire prévoit certes des allègements de sanctions commerciales, "les sanctions américaines et européennes sur les exportations de pétrole vont rester en place pendant au moins six mois", rappelle l'AIE. L'agence basée à Paris revient aussi sur la production pétrolière des Etats-Unis, "qui a dépassé les attentes les plus optimistes" avec l'essor de l'extraction du pétrole de schiste et de réservoirs dits compacts ("light tight oil"). "La production américaine de brut en 2013 a affiché une croissance de 15%, du jamais vu dans aucun pays au cours des deux dernières décennies", souligne l'agence. En novembre, la production de brut aux Etats-Unis aurait ainsi pour la première fois re-dépassé les 8 millions de barils, un record depuis fin 1988, selon des données préliminaires citées par l'AIE. S'ils restent grands importateurs en données nettes, les Etats-Unis produisent désormais plus qu'ils n'importent. Cette forte hausse de la production américaine augmente la taille de ce que l'AIE appelle "le mur", c'est-à-dire les possibles effets négatifs sur les investissements pétroliers aux Etats-Unis de l'interdiction d'exporter du brut américain ailleurs qu'au Canada, une mesure en vigueur depuis les chocs pétroliers des années 70. Elle a aussi entraîné pour 2013 et 2014 l'inauguration d'une douzaine de nouveaux oléoducs (ou d'agrandissements de pipelines) et une augmentation de capacités dans six raffineries aux Etats-Unis, selon l'AIE.