Mehdi Jomaâ a annoncé avant-hier soir avoir présenté son gouvernement au président Moncef Marzouki. Comme promis, la liste est constituée de personnalités réputées indépendantes et non politiques pour conduire la Tunisie vers des élections en 2014. "J'ai remis au président la liste des membres du gouvernement candidat pour recevoir la confiance de l'Assemblée nationale constituante", a dit M. Jomaâ souhaitant qu'il "l'obtiendra le plus vite possible". Ce cabinet d'indépendants est "une équipe extraordinaire qui a conscience des défis", a-t-il dit. "La mission n'est pas facile", a-t-il ajouté.
Autre ministre reconduit M. Jomaâ, ministre sortant de l'Industrie, a reconduit toutefois un de ses collègues, le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou, bien que ses détracteurs aient lutté jusqu'au bout pour qu'il quitte ses fonctions. Mehdi Jomaâ n'avait pas réussi samedi à constituer son cabinet dans le délai légal de quinze jours en raison des blocages restant mais levés depuis. L'entrée en fonction d'un cabinet non politique est la pierre angulaire d'un accord entre les islamistes du parti Ennahda, majoritaires à l'Assemblée, et leurs détracteurs pour sortir le pays de la profonde crise politique déclenchée il y a six mois par l'assassinat d'un député d'opposition, Mohamed Brahmi.
Elections prévues Ennahda a accepté en octobre de quitter le pouvoir pour laisser des indépendants organiser les législatives et la présidentielle, mais les controverses et désaccords politiques ont sans cesse retardé ce processus. Par ailleurs, l'Assemblée nationale tunisienne a adopté dimanche dans la soirée la nouvelle Constitution du pays, censée achever une turbulente transition vers la démocratie. Les députés avaient achevé de voter jeudi tous les articles de la Loi fondamentale, trois ans après la révolution ayant déclenché le printemps arabe. Les élus ont approuvé cette loi fondamentale à une majorité écrasante de 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions, lors d'une séance retransmise à la télévision. Peu après, ils ont entonné l'hymne national, brandissant des drapeaux tunisiens et faisant le signe de la victoire avec leurs doigts.
Divergences surmontées Ce compromis vise à éviter une dérive autoritaire dans un pays qui a connu plus d'un demi-siècle de dictature, sous Habib Bourguiba, puis sous Ben Ali, mais aussi à rassurer ceux qui craignaient que les islamistes n'imposent leurs positions dans un pays à forte tradition séculière. L'Assemblée a été élue en octobre 2011 et devait à l'origine achever la loi fondamentale en un an, mais ses travaux ont pris un retard considérable en raison de crises à répétition. Lundi, deux cérémonies sont prévues, l'une le matin à l'Assemblée où elle sera paraphée par les dirigeants tunisiens, et une seconde, dans l'après-midi, à la présidence. L'adoption du texte intervient quelques heures après l'annonce de la composition d'un gouvernement d'indépendants devant conduire la Tunisie vers des élections législatives et présidentielle en 2014.
Nouvelle Constitution La Constituante tunisienne a adopté tard avant-hier soir la nouvelle Constitution du pays, plus de trois ans après la révolution qui avait déclenché le printemps arabe. Les élus de l'Assemblée nationale constituante ont approuvé cette loi fondamentale à une majorité écrasante de 200 voix pour, 12 contre et 4 abstentions, lors d'une séance retransmise à la télévision. Les élus ont entonné l'hymne national brandissant des drapeaux tunisiens et faisant le signe de la victoire avec leurs doigts. Ils ont ensuite scandé fidèles, fidèles au sang des martyrs de la révolution de janvier 2011 qui chassa Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir. Nous sacrifions notre âme et notre sang pour toi Tunisie, ont-ils aussi crié dans un moment d'unité dans cet hémicycle qui pendant plus de deux ans a été le théâtre de disputes, échanges d'invectives et controverses. Dans cette Constitution, tous les Tunisiens et Tunisiennes se retrouvent, cette Constitution préserve nos acquis et jette les fondements d'un Etat démocratique, a déclaré Mustapha Ben Jaafar, le président de l'Assemblée tout juste avant le vote. L'Histoire retiendra avec beaucoup de fierté cette journée, a-t-il encore dit. L'Assemblée a été élue en octobre 2011 et devait à l'origine achever la loi fondamentale en un an, mais ses travaux ont pris un retard considérable en raison de crises à répétition opposant notamment les islamistes d'Ennahda majoritaires et leurs détracteurs. Cette Constitution consacre un exécutif bicéphale et accorde une place réduite à l'islam. Elle introduit aussi pour la première fois dans le monde arabe un objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues.