Alstom a différé cette semaine son objectif de rebond de sa marge opérationnelle, qu'il voyait s'améliorer l'an prochain, pénalisé par la crise qui secoue le secteur des centrales électriques au gaz, une nouvelle qui a fait aussitôt plonger le cours de Bourse du géant industriel français. Dans un communiqué consacré à ses ventes et ses commandes sur les neufs premiers mois de son exercice qui s'achèvera en mars, Alstom a dit prévoir désormais un léger retrait de sa marge opérationnelle pour l'exercice prochain (2014/15). Raison invoquée: l'anticipation d'une moindre performance de son activité principale Thermal Power (centrales thermiques), faute de grands contrats. Cette division, qui fournit des centrales électriques clefs en main et de gros équipements comme des turbines et alternateurs, souffre d'un marché européen de l'électricité en surcapacités. Les centrales au gaz sont particulièrement à la peine, souffrant de la double concurrence de l'électricité d'origine renouvelable injectée prioritairement dans le réseau (qui décourage les investissements dans les énergies conventionnelles) et du renouveau du charbon, dont le prix a baissé en Europe du fait d'importations américaines bon marché. La nouvelle a été sanctionnée en Bourse. L'action du groupe a dévissé, clôturant en baisse de 13,78% à 23,93 euros. Pour l'exercice en cours, qui s'achèvera fin mars, Alstom a dit s'attendre à une marge autour de 7% (contre 7,2% en 2012-2013). Il disait auparavant la voir stable, avant un redressement à 8% dans les deux ou trois ans suivants, c'est-à-dire en mars 2016 ou mars 2017. Il a confirmé sa prévision d'une croissance organique modeste. Mais selon un analyste parisien, même le plan de réduction des coûts amorcés par le groupe spécialisé dans les infrastructures et équipements énergétiques et de transports ne suffiront pas à maintenir la marge autour de 7%. En novembre, Alstom avait annoncé la suppression de 1 300 postes dans le cadre d'une accélération de ses économies, essentiellement dans son activité de centrales électriques. Pour accroître sa marge de manœuvre financière, le groupe avait aussi lancé un nouveau plan de cession d'actifs de 1 à 2 milliards d'euros, avec notamment la vente envisagée d'une participation minoritaire d'Alstom Transport, sa branche de construction ferroviaire, qui fabrique notamment les TGV. Le groupe a aussi prévenu que son flux de trésorerie disponible resterait légèrement négatif au second semestre, alors qu'il l'attendait dans le vert auparavant, en raison de l'impact du décalage de certaines commandes qui étaient attendues. J'ai été trop optimiste sur mon appréciation de notre capacité à prendre des commandes, a admis le P-DG d'Alstom, Patrick Kron, interrogé sur la radio BFM Business. Dans ce contexte, nous allons continuer et sans doute amplifier ce que nous faisons en matière de réduction de coûts, a-t-il prévenu. Les 1.300 suppressions d'emplois, c'est une première vague, il y aura hélas d'autres besoins 'ajustements. M. Kron a par ailleurs dit lors d'une conférence téléphonique que le programme de cession se déroulait comme prévu et prévoir un flux de trésorerie positif l'an prochain, tout en prévenant qu'il ne s'agissait pas d'une prévision formelle.
La décision sur le dividende en suspens Les ventes d'Alstom ont reculé de 2,5% au troisième trimestre à 4,80 milliards d'euros (+2% en organique), tandis que ses commandes progressaient de 11% à 5,6 milliards. Sur les neuf premiers mois de l'exercice, le chiffre d'affaires est ressorti à 14,53 milliards d'euros, en baisse de 1%, mais en hausse de 3% en données organiques, tandis que les prises de commandes ont chuté de 12% à 15,1 milliards. La division Thermal Power a vu ses prises de commandes reculer de 4% au troisième trimestre à 1,56 milliard d'euros, et même de 16% sur neuf mois à 5,36 milliards. M. Kron a reconnu que ces annonces ne constituaient pas une base favorable pour une décision positive sur le dividende, qui sera prise par le conseil d'administration début juillet. A la fin décembre, le carnet de commandes total s'élevait à 51 milliards d'euros, représentant deux ans et demi (30 mois) d'activité. Par ailleurs, Alstom pourrait quitter son siège social à Levallois-Perret, en proche banlieue parisienne, où il est établi depuis 2001. Dans un souci de bonne gestion, on est en train d'étudier des solutions, si possibles plus économiques, et toutes les solutions sont étudiées, a indiqué une porte-parole. On a la possibilité de sortir donc on peut étudier les prix d'autres baux.