Dans une allocution, avant-hier en milieu de journée au Palais du gouvernement à la Kasbah, devant les membres du gouvernement démissionnaire et du chef du gouvernement désigné, Mehdi Jomaa, le président de la République provisoire Moncef Marzouki a réaffirmé que " la promulgation de la nouvelle Constitution du pays constitue une victoire pour l'ensemble des Tunisiens, gouvernement et opposition ". “La nouvelle Constitution est la Constitution la plus forte qu'ait jamais connue la Tunisie au fil des temps, au vu de la manière dont elle avait été élaborée avec la participation de milliers de cerveaux tunisiens, sans compter le large consensus qui s'est fait autour d'elle, illustré clairement par son adoption à une majorité écrasante ", a-t-il lancé, considérant que " tout ceci donne à la nouvelle Constitution une force et une légitimité que nul ne pourra désormais contester ". Marzouki a estimé que le gouvernement Larayedh " a beaucoup fait pour arracher le pays à la passe difficile dans laquelle il se trouvait ", assurant avoir tenu à venir personnellement remercier les membres du gouvernement démissionnaire, parce que étant au fait des détails de l'étape et de la manière dont ce gouvernement, Ali Larayedh en tête, avait joué un rôle important et central pour sauver le pays dans les étapes les plus difficiles ". Pour le président de la République, " le gouvernement Larayedh fait partie de la victoire pour y avoir contribué et pour avoir facilité d'y parvenir ". De son côté, Ali Larayedh a affirmé dans son allocution que son gouvernement " quitte la scène en étant confiant parce que ayant fait de son mieux et réussi le traitement de nombreux dossiers, même s'il a parfois échoué dans certaines autres questions ". Il a formé les vœux pour un vote confiance de l'Assemblée nationale constituante au gouvernement Mehdi Jomaa " afin qu'il puisse conduire le pays vers plus de stabilité et d'abondance ". Il a, au nom de son gouvernement, exprimé ses remerciements au président de la République, assurant que ce dernier " s'est constamment tenu aux côtés du gouvernement dans toutes les épreuves qu'il avait connues, en lui témoignant son constant soutien et en tentant de persuader les différentes parties prenantes de se montrer compréhensives quant aux conditions particulières et aux possibilités du pays ".
La nouvelle Constitution laisse espérer la fin de la crise La nouvelle Constitution adoptée en Tunisie permet d'espérer que la crise politique dans ce pays, secoué depuis trois ans par le "printemps arabe", sera prochainement surmontée, a indiqué à RIA Novosti Mikhaïl Marguelov, président de la commission des affaires internationales du Conseil de la Fédération (sénat russe). "Il s'agit d'une constitution démocratique et laïque adoptée par la majorité de l'Assemblée constituante. Cela permet d'espérer que la crise politique dans la patrie du " printemps arabe " prendra bientôt fin", a déclaré M. Marguelov. Samedi, 200 des 216 députés de l'Assemblée constituante (parlement provisoire) ont voté pour la nouvelle loi fondamentale du pays. Ce document exclut la possibilité d'usurpation du pouvoir par telle ou telle force politique, garantit des droits égaux aux femmes et aux hommes et confère à la religion un rôle modéré dans la vie du pays. "La confrontation, qui a duré près de trois ans entre les forces laïques et le mouvement islamiste Ennahda s'est achevée avec le départ des islamistes", a conclu le sénateur russe. On qualifie de "printemps arabe" les révoltes populaires survenues au Proche-Orient et en Afrique du Nord suite à la mort, le 17 décembre 2010, du jeune marchand tunisien Mohamed El-Bouazizi qui s'est immolé par le feu en signe de protestation contre l'arbitraire des autorités locales. Les troubles ont abouti à la chute des leaders tunisien, égyptien et yéménite au pouvoir depuis des dizaines d'années. Des protestations ont également éclaté en Libye, provoquant des affrontements armés qui ont abouti au renversement du régime de Mouammar Kadhafi. Le mouvement de contestation a sérieusement détérioré la situation dans d'autres pays du Proche-Orient, en premier lieu en Syrie en proie à une guerre sanglante depuis trois ans.
L'Allemagne appuiera le gouvernement Mehdi Jomaa Le chef du gouvernement sortant, Ali Larayedh, s'est entretenu, au palais du gouvernement à la Kasbah, avec l'ambassadeur d'Allemagne à Tunis, Jens Plotner, à l'occasion de la fin de sa mission. " L'Allemagne appuiera le gouvernement Mehdi Jomaa pour l'intérêt du pays et du développement et en vue de réussir le processus de transition démocratique ", a-t-il déclaré à la presse. Il a affirmé que son pays va maintenir le rythme élevé du volume de coopération économique avec la Tunisie en vue d'accorder davantage d'opportunités aux jeunes dans le domaine de l'emploi. Le diplomate allemand a salué la décision de Larayedh de démissionner qualifiant de " courageuse " cette décision qui, a-t-il dit, a privilégié l'intérêt du pays en confiant à un gouvernement indépendant et apolitique l'organisation des élections libres, intègres et transparentes. " C'est un pas important et courageux qui reflète le respect des valeurs de la République ", a-il dit. Plotner a félicité le peuple tunisien pour la finalisation de la nouvelle constitution qui consacre une nouvelle ère de démocratie et de liberté, ajoutant que la Tunisie vit actuellement des moments historiques. " Le peuple allemand a suivi avec un grand intérêt l'évolution de la situation en Tunisie et partagé avec le peuple tunisien ses joies et ses tristesses depuis le déclenchement de la Révolution " a-t-il assuré.