Les cours du pétrole coté à New York ont fini à leur plus haut niveau de l'année avant-hier soir, dopés par un bon chiffre de la croissance américaine et la forte demande en produits distillés. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars a progressé de 87 cents, à 98,23 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), terminant à son plus haut niveau depuis le 31 décembre, au-dessus du seuil psychologique de 98 dollars le baril. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a fini à 107,95 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 10 cents par rapport à la clôture de la veille. Comme Wall Street, qui évoluait nettement dans le vert en fin d'échanges new-yorkais, le marché du pétrole a trouvé des forces "dans le chiffre robuste de la croissance américaine, à 3,2% au quatrième trimestre 2013 en rythme annualisé", lui permettant de faire fi de la hausse du dollar et de l'humeur mitigée des marchés mondiaux, a commenté Timothy Evans, de Citi Futures. L'humeur acheteuse à New York était également "en grande partie liée à la hausse du prix du fioul de chauffage aux Etats-Unis" à la suite de la parution des chiffres du DoE (Département américain de l'Energie) qui a fait part avant-hier d'une chute bien plus forte que prévu des stocks de produits distillés la semaine dernière, de quelque 4,6 millions de barils, a expliqué Bob Yawger, de Mizuho Securities. La chute des stocks de fioul de chauffage survenait alors que le centre et le nord-est des Etats-Unis étaient affectés par plusieurs vagues de froid polaire successives depuis le début de l'année, qui dopaient le besoin de chaleur. Ces stocks se situaient à des niveaux "inférieurs de plus de 20% à leur niveau habituel en cette saison de l'année, et devraient encore reculer du fait de la solidité de la demande en produits distillés qui s'est appréciée de 14% la semaine dernière par rapport à la semaine précédente", ont remarqué les experts de Commerzbank. "Dans ces conditions, il faudra un peu de temps pour transformer le brut et refaire des provisions en fioul de chauffage pour retrouver une offre suffisante", ce qui pousse les prix des produits pétroliers à la hausse, emportant le brut dans leur sillage, a expliqué M. Yawger. La décision de la Réserve fédérale américaine (Fed) de réduire la voilure sur son soutien à l'économie américaine en diminuant graduellement ses injections de liquidités, est passée dans ce contexte au second plan, selon les analystes. Outre le risque d'accélérer les mouvements de capitaux qui déstabilisent les marchés de la planète, la réduction du soutien de la Fed à l'économie américaine et aux marchés financiers tend à rendre le dollar plus fort, ce qui rend les achats d'or noir, libellé dans cette monnaie, moins intéressants pour les acheteurs munis d'autres devises. A Londres, les cours du brut ont continué à recevoir le soutien de craintes sur l'offre liées aux troubles en Libye dans le secteur pétrolier après une tentative d'assassinat par balles à Tripoli du vice-Premier ministre libyen Seddik Abdelkarim, également ministre de l'Intérieur par intérim. Le secteur pétrolier libyen est perturbé depuis des mois par des protestataires qui réclament l'autonomie de l'Est de la Libye et le partage des revenus pétroliers entre Tripoli et cette région. En Asie, les cours du pétrole étaient mitigés dans les échanges matinaux après la décision de la Fed. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars prenait 17 cents, à 97,52 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance reculait de 4 cents, à 107,81 dollars. Pour le brut en revanche, la décision de la Réserve fédérale "est un reflet de l'économie américaine qui selon la Fed croît actuellement à un taux meilleur qu'attendu", a observé David Lennox de Fat Prophets. Après une première réduction en janvier, la Fed a estimé que la croissance américaine s'accélérait et annoncé qu'elle allait en conséquence réduire de 10 milliards de dollars ses achats d'actifs mensuels à partir de février en les portant à 65 milliards de dollars. Les investisseurs réagissaient par ailleurs à la conjoncture en Chine où la croissance peine à retrouver les valeurs des dernières années. La banque HSBC a ainsi confirmé avant-hier que la production manufacturière chinoise s'est contractée en janvier, à son plus bas niveau en six mois, attestant ainsi un ralentissement d'activité dans la deuxième économie mondiale. Il s'agit de la première contraction du secteur manufacturier chinois depuis six mois.