Les cours du pétrole coté à New York se sont repliés pour clôturer en baisse avant-hier, les tensions en Libye cédant la place aux attentes d'une nouvelle hausse des stocks de brut américain, déjà très élevés. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) a cédé 41 cents pour s'établir à 93,68 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à la même échéance a terminé à 110,88 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) en baisse de 12 cents par rapport à la veille. Le consensus sur le marché est que les stocks de brut vont encore ressortir en hausse aux Etats-Unis, ça fera la dixième semaine d'affilée si c'est le cas, souligne Robert Yawger, spécialiste énergie à Mizuho Securities USA. Avec autant de brut dans les tuyaux, peu importe le temps qu'il fait, ajoute-t-il, en référence à l'hiver qui s'installe aux Etats-Unis, premier pays consommateur d'or noir, avec des prévisions de températures en deçà des normales saisonnières selon Phil Flynn, de Price Futures Group. Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, les stocks américains pourraient avoir augmenté de 500 000 barils lors de la semaine achevée le 22 novembre. Au cours des neuf semaines précédentes, les réserves de brut américain ont déjà gonflé de 32,8 millions de barils, pour se porter à 388,5 millions de barils. Les stocks d'essence étaient quant à eux attendus en hausse de 400 000 barils, alors que les réserves de produits distillés (dont le fioul de chauffage) étaient estimées en baisse de 1,1 million de barils. Sur le plan international, l'accord conclu avec l'Iran sur son programme nucléaire, qui prévoit un allègement des sanctions économiques contre la république islamique en échange d'un renoncement à l'ambition de se doter d'une arme atomique, ne contient pas en tant que tel une levée de l'embargo sur le pétrole iranien, souligne Robert Yawger. Le marché réalise que si les exportations reprennent, ce ne sera pas avant plusieurs mois. Par ailleurs, les violences qui ont éclaté en Libye la veille ne semblaient pas se poursuivre mardi, note M. Yawger, le calme ayant même regagné Benghazi où l'armée s'est massivement déployée dans la nuit. Le pétrole avait démarré la séance en légère hausse, mais la semaine étant calme en raison d'un week-end prolongé aux Etats-Unis lié à la fête de Thanksgiving jeudi, la faiblesse des volumes se traduisait par une volatilité des cours accrue. En Asie, les cours du pétrole étaient mitigés dans les échanges matinaux, dans un marché partagé sur les conséquences, pour l'offre pétrolière mondiale, de l'accord nucléaire conclu ce week-end entre les grandes puissances et l'Iran. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier cédait 27 cents à 95,17 dollars US à la mi-journée, et le Brent, pour livraison lui aussi en janvier, reculait de 8 cents à 110,92 dollars La veille, les cours s'étaient nettement repliés lors des séances asiatiques, en matinée, après l'annonce de l'accord intervenu dans la nuit de samedi à dimanche au terme duquel la République islamique acceptera de limiter son programme nucléaire en échange d'un allègement des sanctions économiques. La baisse s'était stabilisée ensuite, le marché estimant que l'allègement des sanctions, notamment celles qui pèsent sur les exportations pétrolières de l'Iran, gros producteur, allait prendre du temps. Les cours ont vivement reculé lundi matin, en raison d'une soudaine baisse de la prime de risques liée à l'Iran, a noté Desmond Chua, analyste chez CMC Markets à Singapour. "Mais ce repli a été de courte durée car les opérateurs ont compris que l'accord (conclu à Genève) n'allait pas provoquer un afflux soudain de pétrole iranien sur les marchés". L'accord, qui ouvre une nouvelle période de pourparlers sur le fond pendant six mois, n'est qu'une première étape et n'a pas d'impact sur les sanctions actuellement en place sur les exportations pétrolières iraniennes, ont souligné les analystes. Selon l'Agence américaine d'information énergétique (EIA), les sanctions des Etats-Unis et de l'Union européenne ont fait chuter les exportations iraniennes de brut à 1,5 million de barils par jour (mbj) en 2012, contre 2,5 mbj en 2011. Les analystes estiment qu'à terme, une levée complète des sanctions (et donc de l'embargo sur les exportations de pétrole) conduirait au retour d'environ 1 mbj de brut iranien sur un marché mondial déjà bien approvisionné.