Le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, a affirmé, avant-hier à Ghardaïa, que l'Etat était "déterminé" à appliquer les lois de la République dans "toute leur rigueur", contre quiconque "portera atteinte" à la sécurité de l'individu et de ses biens. S'exprimant à l'issue d'une rencontre avec les autorités et élus de Ghardaïa, consacrée aux évènements qu'a connus la région, le ministre a souligné que "la loi sera appliquée pour rétablir l'ordre, dans le strict respect des lois de la République". M. Belaïz a annoncé la création à compter de ce jeudi à Ghardaïa d'un "centre opérationnel" de sécurité, cogéré par la Gendarmerie et la Sûreté nationales, dans le but de rétablir l'ordre et mettre fin aux échauffourées. "L'Etat va agir avec rigueur et équité, conformément aux décisions de justice, contre les personnes malveillantes et les fauteurs de troubles", a-t-il souligné. Evoquant succinctement les décisions prises avec les responsables de la sécurité, le Directeur général de la Sûreté nationale et le Commandant de la Gendarmerie nationale, le ministre de l'Intérieur a précisé que le dispositif de sécurité dans la région de Ghardaïa sera "multiplié par trois, voire par quatre, pour restaurer définitivement l'ordre et le calme". "Toutes les rues, les quartiers, les communes de la wilaya de Ghardaïa seront sécurisés", a affirmé le ministre devant les responsables de la sécurité nationale, respectivement les généraux-majors Abdelghani Hamel (DGSN) et Ahmed Bousteilla (Gendarmerie nationale). Accompagné des responsables de la DGSN et de la Gendarmerie nationale, M. Belaïz a indiqué avoir été chargé par le président de la République de "trouver les moyens de ramener le calme et l'ordre, avec la participation des différents acteurs de la société civile de la wilaya". Le ministre de l'Intérieur et les responsables de la sécurité ont affiché leur détermination à lutter contre toute forme d'incitation à la violence et à tout phénomène pouvant toucher à la sécurité, à la fois du citoyen et de ses biens. Auparavant, le ministre et les responsables qui l'accompagnaient ont présenté leurs condoléances aux familles des trois victimes des évènements de Ghardaïa et Guerrara. De leur côté, les familles des victimes ont exprimé leur gratitude à l'Etat, en soulignant que "ce tribut, payé par le sang" de leurs fils, "doit servir la stabilité de l'Algérie".
Un quatrième décès à Ghardaïa : le feu de la Fitna ressurgit Les violences ont fait une quatrième victime, avant hier, dans la ville de Ghardaïa. Si le ministre de l'Intérieur s'est déplacé, les autorités semblent impuissantes à maintenir le calme. Ghardaïa, où les violences intercommunautaires étaient allées trop loin, depuis le mois de novembre passé, ne pouvait hélas pas renouer avec la tranquillité et la stabilité de manière permanente à l'aide de simples solutions de rafistolage. Et c'est ainsi que la ville a renoué dans la nuit de mardi à mercredi avec la violence. Ainsi, le corps sans vie d'une victime des échauffourées que connaît la wilaya a été retrouvé, jeudi après-midi, au quartier de Ben-Smara, a-t-on appris de source sécuritaire. Le corps de la victime, non encore identifiée, âgée d'une trentaine d'années, a été déposé à la morgue de l'hôpital de Ghardaïa. Ce décès porte à quatre (4) le nombre des victimes des douloureux évènements de Ghardaïa depuis décembre dernier. À cette situation, Ghardaïa, qui revenait petit à petit, et fort difficilement à la vie, est redevenue "ville morte" depuis hier. Pas un seul magasin n'était ouvert, en effet, la situation a encore dégénéré.
81 locaux incendiés dans les échauffourées depuis la mi-janvier Quatre vingt et un (81) locaux à caractère d'habitation et commercial ont été incendiés et plus d'une cinquantaine saccagés et vandalisés, depuis le déclenchement des échauffourées à Ghardaïa à la mi-janvier, a-t-on appris mercredi auprès des services de la wilaya. Soixante-dix habitations et onze locaux commerciaux, situés dans les communes de Daya Ben Dahoua, Ghardaïa et Bounoura, ont subi des dégradations avancées, a-t-on indiqué. "Ces locaux seront expertisés par des spécialistes du contrôle technique de construction (CTC) et des agents des directions de l'urbanisme et du logement pour déterminer leur degré de dégradation, avant d'entamer les opérations de restauration et de réhabilitation", ont fait savoir les mêmes services. "Les propriétaires des habitations partiellement dégradées et classées par les services du CTC recevront une aide financière pour la réhabilitation de leurs logements", a-t-on ajouté. Pour ce qui est des habitations les plus touchées, les pouvoirs publics, par le biais de la Direction du logement et des équipements publics (DLEP) et de l'Agence de développement social (ADS), "ont mis en place une série de mesures visant la prise en charge des habitations qui nécessitent un confortement de l'assise des murs d'enceinte, le renforcement des bases des murs par la maçonnerie de pierres, et la reprise et la consolidation des points névralgiques et des effondrements de la maçonnerie en élévation des habitations", explique la même source. "Les pouvoirs publics ont également prévu la réfection des logements partiellement saccagés, particulièrement par la reprise de leurs éléments détruits ou cassés". Quatre autres logements et treize locaux commerciaux, incendiés dans la localité de Berriane qui a aussi connu des échauffourées dernièrement, seront également restaurés. Plusieurs actions visant à rétablir le calme dans la région par le dialogue et le rapprochement ont été entreprises par de nombreuses personnalités politiques, religieuses et sportives. Mais hélas, celles-ci n'ont pas donné leurs fruits. Le conflit intercommunautaire qui secoue régulièrement la vallée du Mzab est d'origine historique, culturelle, religieuse et urbanistique. Le pouvoir peine à trouver une solution radicale à la problématique qui s'est installée dans la durée.