La maison de la Culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou a abrité samedi une cérémonie commémorant le 54e anniversaire de la mort du militant de la cause nationale de la première heure, Imache Amar, l'un des vingt- deux fondateurs de l'Etoile nord-africaine (ENA) en 1926 en France. “Le meilleur hommage que l'on puisse rendre à Imache Amar, plus d'un demi- siècle après sa mort , est de donner forme à son idéal et celui des fondateurs de l'ENA, à savoir la création d'un Etat fédéral maghrébin, regroupant les pays actuels constituant cet espace géographique" , a estimé le moudjahid Si Ouali Aït Ahmed, lors d'une conférence qu'il a animée à l'occasion sur cette figure de proue du mouvement national ayant pour thème: "Imache Amar : de la fondation de l'Etoile nord-africaine à la création du Parti pour l'unité et l'action (1926-1937)". Cet ancien officier de l'ALN a souligné que le rappel de pertinence de ce vieux rêve des militants maghrébins doit être mis en avant, dès lors qu'il coïncide avec le 56e anniversaire des évènements de Sakiet Sidi-Youssef, village bombardé par l'aviation coloniale le 8 février 1958, en représailles au soutien de la Tunisie à la cause nationale, observant que la construction d'un Etat fédéral maghrébin est plus que jamais d'actualité, à l'heure des grands ensembles régionaux créés pour défendre leurs intérêts communs, à l'instar de l'Union Européenne. Pour sa part, l'historien Hacène Dahlal, qui a présenté une communication sous le thème "Le mouvement national de l'Etoile nord-africaine", a rendu un vibrant hommage à ce précurseur de "la modernité politique" acquise dans les dures conditions des luttes ouvrières, dans les fonderies d'outre- mer. La création de l'Etoile nord-africaine constitue un acte de ressourcement des Maghrébins avec leur histoire millénaire, du fait qu'elle incarne la mise en pratique de la devise " l'Afrique aux Africains ", chère au roi numide Massinissa, 150 avant l'ère grégorienne", a relevé le conférencier, ajoutant que "Imache Amar était un visionnaire politique, car il considérait, dans le sillage de la réflexion de l'Aguelid Massinissa, que la sécurité d'un pays africain est tributaire de la préservation de l'intégrité territoriale de tout le continent africain". Imache Amar est né le 7 juillet 1895 au village Aït Mesbah, dans la commune de Beni Douala (Tizi-Ouzou). Il émigra en France, où il travailla dans plusieurs usines où il était en contact avec des Maghrébins. En 1924, il créa un syndicat qu'il baptisa "Le Congrès des ouvriers nord-africains", qui deviendra, en 1926 un parti politique, portant le sigle de l'Etoile nord- africaine (ENA). A la dissolution de l'ENA par l'administration coloniale, Imache mit à profit sa traversée du désert pour écrire une œuvre intitulée "L'Algérie au carrefour", où il dénonce notamment le projet funeste Blum-Violette. En 1939, il édita une brochure : "L'Afrique dans l'angoisse", où il avertissait les Africains, en écrivant notamment : " Si jusqu'à présent nous luttons contre le colonialisme, désormais nous devons faire face, demain, à un fléau beaucoup plus destructeur : le fascisme." Puis s'ensuivit l'écriture de "L'heure de l'élite", pour dénoncer les massacres du 8 mai 1945. Rentré au pays en 1947 et après un âpre parcours du combattant, Imache Amar décédera le 7 février 1960. L'hommage lui a été rendu conjointement par la Direction de wilaya de la culture, l'association culturelle éponyme et le comité de son village natal, Aït Mesbah.