Le pétrole rebondissait hier dans les échanges matinaux en Asie, mais les analystes estimaient que les cours resteront encore sous pression un moment en raison d'inquiétudes pour l'économie chinoise et ce, malgré les perturbations géopolitiques qui font craindre des problèmes d'approvisionnement. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril prenait 4 cents, 101,16 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance avançait de neuf cents, à 108,17 dollars. Les marchés ont fortement accusé l'annonce par la Chine, deuxième économie mondiale, d'un déficit commercial surprise de 22,98 milliards de dollars en février, avec une chute inattendue de 18,1% de ses exportations, sur une base annuelle. Pour Desmond Chua de CMC Markets, cet indicateur à son plus bas niveau depuis deux ans "alimente l'inquiétude sur un essoufflement de la croissance mondiale" et "grignote un peu des gains enregistrés par les cours du brut dans le contexte de la crise en Ukraine", où transitent quelque 70% des exportations russes de gaz et de pétrole vers l'Europe. Le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch, réfugié en Russie, doit s'exprimer mardi devant la presse, au lendemain d'une contre-offensive diplomatique de Moscou pour régler la crise en Ukraine où les russophones de Crimée menacent de faire sécession. La Russie refuse catégoriquement de reconnaître toute légitimité aux nouveaux dirigeants pro-occidentaux de l'Ukraine, amenés au pouvoir par trois mois de manifestations qui ont débouché sur la fuite du président Ianoukovitch, au prix d'une centaine de morts en février. La veille, les prix du pétrole ont terminé la séance en net recul à New York, plombés par des statistiques économiques décevantes en Chine, de mauvais augure pour la demande énergétique du deuxième consommateur de brut au monde. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril a reculé de 1,46 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), clôturant à 101,12 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril sur l'Intercontinental Exchange (ICE) a cédé 92 cents par rapport à la clôture de vendredi, à 108,08 dollars. "La sortie de chiffres très décevants sur la balance commerciale de la Chine, que ce soit du côté des exportations comme des importations de brut a mis le marché du pétrole sous pression", a relevé Bob Yawger, de Mizuho Securities. Du côté de la demande, "les importations de brut de la Chine ont reculé de 18%, à 6,01 millions de barils par jour", ont aussi relevé les analystes, "même si cela peut s'expliquer par les importations record du mois de janvier". Autre signe préoccupant, la hausse des prix a nettement ralenti en février au sein du géant asiatique, à 2,0% contre 2,5% en janvier. "Ces chiffres renforcent la conviction que le moteur de la croissance mondiale commence à ralentir", a commenté Matt Smith, de Schneider Electric. Les opérateurs "ont aussi surveillé la persistance des tensions en Libye", a noté M. Smith, alors que les autorités libyennes ont décidé lundi de mettre en place une force armée pour lever le blocage de sites pétroliers imposé par des rebelles autonomistes. Cette décision intervenait alors que la crise a connu de nouveaux développements ce week-end, avec l'arrivée samedi d'un pétrolier battant pavillon nord-coréen dans le port d'al-Sedra, dans l'est du pays, contrôlé par des autonomistes lourdement armés. Les rebelles ont ensuite fait part de leur intention de commencer à exporter du brut pour leur propre compte, en dehors de tout contrôle de l'Etat. Depuis juillet 2013, le blocage des terminaux pétroliers par les autonomistes a provoqué une chute de la production à 250 000 barils par jour, contre près de 1,5 million b/j auparavant. Le marché suivait aussi l'évolution de la situation en Ukraine, où transitent quelque 70% des exportations russes de gaz et de pétrole vers l'Europe. Moscou a lancé lundi sa contre-offensive diplomatique, promettant aux Occidentaux des propositions pour régler la crise dans l'ex-république soviétique qui tente d'enrayer le rattachement programmé de la péninsule séparatiste de Crimée à la Russie.