Les Etats-Unis qualifient d'illégitime le référendum sur le statut politique de la république ukrainienne de Crimée prévu pour aujourd'hui, et promettent de sanctionner la Russie en cas de sa tenue, a déclaré à Londres le secrétaire d'Etat américain John Kerry. "Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov m'a laissé entendre que le président russe Vladimir Poutine n'est pas prêt à prendre de décisions concernant l'Ukraine avant le référendum en Crimée. Les Etats-Unis ont une position claire concernant ce référendum: nous considérons qu'il est contraire à la Constitution, aux normes internationales et qu'il est illégitime. Nous ne reconnaîtrons pas les résultats du référendum", a indiqué M. Kerry au terme d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe Lavrov. "J'ai clairement laissé entendre à M. Lavrov que si la Russie ne trouve pas de moyens de progresser, elle fera face à des conséquences", a ajouté M. Kerry tout en ajoutant que ce n'était pas une menace, mais plutôt un avertissement. Dans le même temps, le secrétaire d'Etat américain a qualifié de constructive la rencontre de Londres consacrée à la situation en Ukraine et notamment en Crimée. Le président russe Vladimir Poutine a déclaré vendredi soir, lors d'un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, que la décision de la république autonome ukrainienne de Crimée de tenir un référendum sur son statut était conforme à la Charte de l'ONU et aux normes internationales. Un changement de pouvoir s'est opéré le 22 février à Kiev. La Rada suprême (parlement ukrainien) a démis le président Viktor Ianoukovitch de ses fonctions et réformé la Constitution. Se proclamant toujours président légitime, M. Ianoukovitch a qualifié ces événements de "coup d'Etat". Moscou a aussi mis en doute la légitimité des récentes décisions de la Rada suprême. Plusieurs régions de l'est et du sud de l'Ukraine et la république autonome ukrainienne de Crimée ne reconnaissent pas les nouvelles autorités de Kiev. La Crimée a décidé de tenir aujourd'hui un référendum sur son futur statut politique. Le parlement de la république autonome s'est prononcé pour le rattachement à la Russie.
Kerry ne menace pas la Russie, affirme Lavrov Le secrétaire d'Etat américain John Kerry n'a pas menacé la Russie lors des négociations avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui ont eu lieu avant-hier à Londres. "Kerry n'a pas émis de menaces contre la Russie", a déclaré M. Lavrov aux journalistes, soulignant que les partenaires de Moscou étaient conscients de l'inefficacité des sanctions. "En ce qui concerne les sanctions, nous vivons dans un espace informationnel: nous lisons, écoutons et savons quels sont les thèmes en discussion à Washington et en Europe. Je vous assure que nos partenaires sont également conscients que les sanctions constituent un outil contreproductif", a indiqué le ministre russe. Il est persuadé que ces mesures "ne contribuent pas aux intérêts communs de nos milieux d'affaires, aux intérêts de notre partenariat". Les relations entre la Russie et l'Occident se sont détériorées suite aux divergences sur la situation en Ukraine. Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy n'a pas exclu que Bruxelles puisse décréter des sanctions contre la Russie, dont des interdictions de visas, des gels d'avoirs et l'annulation du sommet Russie-UE. Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a pour sa part indiqué que les sanctions pourraient être appliquées à partir du 17 mars si d'ici là Moscou ne changeait pas de position sur l'Ukraine. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a suspendu le processus d'adhésion de la Russie.
Kerry reconnaît le droit de Moscou d'avoir des intérêts légitimes en Ukraine Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne reconnaissent le droit de la Russie d'avoir des intérêts légitimes en Ukraine, a déclaré à Londres le secrétaire d'Etat américain John Kerry au terme d'entretiens avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. "Le président américain Barack Obama et moi sommes persuadés que la Russie a le droit d'avoir des intérêts légitimes en Ukraine ayant des raisons historiques et stratégiques. La communauté internationale le comprend et est prête à respecter les intérêts de la Russie", a indiqué M. Kerry lors d'une conférence de presse. Dans le même temps, il a appelé Moscou à respecter les principes internationaux adoptés après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Consacrés à la situation en Ukraine, les entretiens entre MM. Lavrov et Kerry ont duré plus de quatre heures.
Moscou se prononcera sur le statut de la Crimée après le référendum Moscou se prononcera sur le statut de la Crimée après avoir pris connaissance des résultats du référendum prévu, a annoncé M. Lavrov à l'issue de négociations à Londres. "Nous exprimerons notre attitude envers les résultats du référendum lorsque ses résultats seront connus", a déclaré M. Lavrov. La Crimée s'est vivement opposée au changement de pouvoir à Kiev. Le 16 mars, les citoyens de cette péninsule devront répondre à deux questions: "Soutenez-vous le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie en tant que sujet fédéral?" et "Soutenez-vous le rétablissement de la Constitution de la Crimée de 1992 et du statut de la Crimée au sein de l'Ukraine?". Peuplée principalement de russophones et rattachée à l'Ukraine en 1954, la Crimée a adopté en 1992 sa première Constitution. Aux termes de ce document, cette région autonome faisait partie de l'Etat ukrainien, mais définissait ses relations avec ce dernier sur la base d'accords bilatéraux. La Constitution de 1992 a été abolie en mars 1995 par la Rada suprême (parlement ukrainien). L'autonomie de la Crimée a été de facto supprimée.
Un cas plus spécial que celui du Kosovo Le cas de la république autonome de Crimée est encore plus spécial que celui du Kosovo, a ajouté à Londres le chef de la diplomatie russe. "Quand nos partenaires occidentaux disent que le cas du Kosovo est spécial, nous répondons que celui de la Crimée est alors encore plus spécial", a indiqué M. Lavrov lors d'une conférence de presse. "On ne peut pas examiner le cas de la Crimée en oubliant son histoire. Tout le monde le comprend et je déclare que la Crimée est plus importante pour la Russie que les Comores pour la France ou les îles Malouines pour la Grande-Bretagne. J'espère que nos partenaires occidentaux comprennent qu'on ne peut pas examiner le cas de la Crimée sans contexte historique", a noté le ministre russe.
70 observateurs internationaux enregistrés 70 observateurs de 23 pays ont souhaité surveiller le référendum sur le statut de la république autonome ukrainienne de Crimée, a annoncé à Simferopol Mikhaïl Malychev, chef de la commission du Conseil suprême de Crimée pour l'organisation du référendum. Parmi les observateurs étrangers figurent notamment les représentants de la Belgique, de la Chine, des Etats-Unis, de la Lettonie, de la Mongolie, de la Pologne, et de la Russie. Certains d'entre eux sont déjà arrivés dans la république. Environ 1,515 million de personnes pourront participer au vote. Pour que le "oui" l'emporte, il faudra que les votes favorables représentent plus de la moitié des suffrages exprimés. Aucun seuil de participation minimal n'est prévu. Les bureaux de vote seront ouverts dimanche de 08h00 à 20h00 heure locale. Le Conseil suprême de Crimée a antérieurement rapporté que les 27 commissions électorales territoriales de la Crimée avaient déjà reçu les bulletins de vote.
Une tentative de brouiller les signaux de satellites russes Le ministère russe de Télécommunications a annoncé hier avoir enregistré une tentative de brouiller les signaux de satellites de télévision russes dans l'ouest de l'Ukraine. Selon le ministère, il s'agit d'une tentative d'utiliser des moyens de lutte radio-électronique. "Les gens qui prennent de telles décisions doivent réfléchir aux conséquences de leurs actes", a ajouté le ministère. Volia, le plus grand fournisseur d'accès d'Ukraine avec près de 20% du marché, a décidé le 12 mars de suspendre la diffusion de plusieurs chaînes de télévision publique russe, notamment la Première chaîne et NTV. Le 14 mars, plusieurs sites officiels russes dont ceux du président Vladimir Poutine, de la Banque centrale de Russie et du ministère russe des Affaires étrangères, ainsi que le site du service d'actualités en ligne Lenta.ru ont été la cible d'attaques par déni de service (DDoS). Ces derniers jours, les sites internet d'autres médias russes - la Première chaîne de télévision et la chaîne RT, l'édition d'actualités en ligne LifeNews, le quotidien officiel du gouvernement russe Rossiïskaïa Gazeta et le holding médiatique VGTRK - ont aussi été victimes d'attaques informatiques de type DDos. Les médias concernés expliquent les attaques par leur politique éditoriale concernant les événements en Ukraine. Début mars, les autorités ukrainiennes ont interdit l'entrée du pays à un groupe de journalistes représentant les chaînes de télévision russes TV Centre et Vesti, ainsi que d'autres médias russes.