S'exprimant lundi à la tribune du Conseil des droits de l'homme à Genève, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a appelé les partenaires occidentaux à renoncer à leurs calculs géopolitiques au profit des intérêts du peuple ukrainien. “Ceux qui cherchent à présenter la situation comme une agression, en brandissant la menace de sanctions et de boycotts en tout genre, sont ces mêmes partenaires qui ont encouragé avec constance et persévérance les forces politiques qui leur sont proches à des ultimatums et à refuser le dialogue, à mépriser les préoccupations du sud et de l'est de l'Ukraine et ont finalement polarisé la société ukrainienne", a rappelé M. Lavrov. Le ministre a exhorté l'Occident à faire preuve de responsabilité, à cesser les calculs géopolitiques et à placer les intérêts de l'ensemble du peuple ukrainien au-dessus de tout. Le chef de la diplomatie russe a insisté sur la mise en application des engagements consacrés dans l'accord du 21 février, dont le processus de réforme constitutionnelle avec la participation et la totale prise en compte de l'avis de toutes les régions d'Ukraine avec approbation ultérieure par un référendum national. Des négociations sur le règlement du conflit en Ukraine se sont déroulées le 21 février à Kiev. Elles ont abouti à la conclusion d'un accord signé par le président Ianoukovitch et par les dirigeants de l'opposition. Ce document prévoit notamment une élection anticipée du chef de l'Etat, la formation d'un gouvernement d'unité nationale et une réforme constitutionnelle élargissant les pouvoirs du Premier ministre au détriment de ceux du président. Au mépris des ententes intervenues et sans attendre que la loi modifiant la Constitution soit signée par Viktor Ianoukovitch, les députés ont voté un décret transférant les pouvoirs de chef de l'Etat au président de la Rada suprême, Alexandre Tourtchinov.
Poutine accepte l'initiative de Merkel Le président russe Vladimir Poutine a accepté de charger un groupe d'experts internationaux d'examiner la situation dans la république ukrainienne autonome de Crimée, initiative avancée par la chancelière allemande Angela Merkel, rapporte la radio Deutsche Welle. A l'issue d'une conversation téléphonique avec Mme Merkel, le président Poutine a en outre accepté de créer sans délai un groupe de contact, probablement sous l'égide de l'OSCE, pour entamer un dialogue politique, précise la source se référant à l'administration de la chancelière. Le site internet du Kremlin indique que Mme Merkel et M. Poutine ont convenu de "poursuivre les consultations" bilatérales et plurilatérales visant à normaliser la situation politique et sociale en Ukraine. Face à l'inquiétude exprimée par Mme Merkel concernant l'évolution de la situation en Ukraine, le président Poutine "a attiré son attention sur la menace implacable émanant des forces ultranationalistes qui représentent un danger pour la vie et les intérêts nationaux des citoyens russes et des russophones", est-il indiqué dans le communiqué. "Il a été souligné que les mesures prises par la Russie sont tout à fait adéquates dans le contexte extraordinaire actuel", a fait savoir l'administration de la présidence russe.
Moscou et Pékin partagent des approches similaires Les chefs des diplomaties russe et chinoise Sergueï Lavrov et Wang Yi se sont entretenus par téléphone de la situation en Ukraine, rapporte hier le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué de presse. "Les ministres ont procédé à un échange de vues sur les événements en Ukraine et constaté la similitude des positions russe et chinoise face à la situation qui règne dans ce pays et autour de lui", lit-on sur le site ministériel. MM. Lavrov et Wang ont convenu de poursuivre les consultations sur ce sujet. L'Ukraine traverse une crise de pouvoir majeure, accompagnée d'importants problèmes socioéconomiques. Depuis la semaine dernière, plusieurs régions du pays connaissent d'importantes manifestations de protestation contre les nouvelles autorités ukrainiennes. La situation la plus tendue s'est créée dans la république autonome de Crimée, à majorité russophone, qui a refusé de se conformer aux décrets de la Rada suprême (parlement) et a organisé un référendum sur son statut au sein du pays. Samedi 1er mars, le Conseil de la Fédération (Sénat russe) a autorisé le recours à la force miliaire en Ukraine "en raison de la situation extraordinaire dans ce pays, de la menace pesant sur la vie des citoyens russes et des effectifs du contingent militaire russe qui sont déployés dans la république autonome ukrainienne de Crimée conformément à un accord bilatéral".