Des milliers de fonctionnaires ont manifesté dans les rues de Lisbonne à l'appel de leur principal syndicat pour protester contre les coupes salariales et réclamer la démission du gouvernement de centre droit. Non au vol des salaires! et Il est temps que le gouvernement s'en aille! scandaient les manifestants, réunis à l'appel du Front commun des syndicats de l'administration publique, qui revendique 300 000 adhérents. Les gens ressentent un grand mécontentement et voici leur réponse puisqu'ils sont venus manifester par milliers pour lutter et exiger la démission de ce gouvernement, car la situation des travailleurs empire chaque jour, a déclaré Ana Avoila, coordinatrice du Front commun. Les fonctionnaires ont également réclamé le retour des 35 heures alors que le gouvernement a porté leur temps de travail hebdomadaire à 40 heures pour l'aligner sur le secteur privé. La tension est brièvement montée en fin de défilé quand des dizaines de manifestants ont tenté de forcer les barrières de sécurité pour occuper les premières marches d'accès au Parlement, avant d'être refoulés par les forces de l'ordre. Le peuple uni ne sera jamais vaincu, ont chanté les protestataires avant de se disperser dans le calme. En échange d'une aide financière accordée en mai 2011 par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, le gouvernement portugais a mis en œuvre une stricte cure de rigueur budgétaire. Particulièrement visés par ces mesures d'austérité, les fonctionnaires ont notamment subi en 2014 de nouvelles réductions de salaires de 2,5 à 12% pour les revenus dépassant 675 euros bruts par mois. Le gouvernement a également l'intention d'augmenter le taux des cotisations d'assurance-maladie des fonctionnaires, de 2,5 à 3,5%. Le président conservateur Anibal Cavaco Silva avait opposé jeudi son véto à ce décret, mais le gouvernement a annoncé dans la foulée son intention de faire confirmer la même mesure par un nouveau vote au Parlement. Le gouvernement compte ainsi contourner l'opposition du chef de l'Etat afin de se plier aux exigences de la troïka des créanciers du Portugal (UE, BCE et FMI), qui ont fixé un ambitieux objectif de déficit public de 4% du PIB pour cette année.