Le groupe horloger et joaillier Swatch a réalisé l'an dernier une performance nettement supérieure aux attentes des analystes, en raison notamment des 402 millions de francs suisses (mio CHF) versés par l'américain Tiffany en fin d'exercice. Les commentaires évoquent néanmoins des résultats solides et légèrement supérieurs aux prévisions. La direction assure en outre avoir enregistré un début d'année prometteur pour l'ensemble de l'exercice 2014 dans tous ses segments d'activité et table sur une "saine croissance". Le bénéfice net a bondi de 20% sur un an à 1,93 mrd CHF et le bénéfice opérationnel de 17% à 2,31 mrd CHF. La marge afférente représente 27,4%, soit 2 points de mieux, précise la firme biennoise dans son rapport de bilan publié mercredi. Le chiffre d'affaires net a progressé de 8,5%, à 8,46 mrd CHF. Le montant brut des ventes, déjà communiqué en janvier, affiche une croissance de 9,1% à taux de change constant et de 8,3% en termes réels, à 8,87 mrd CHF, sur une base de comparaison adaptée en raison du passage aux normes comptables Swiss GAAP FER. Fin décembre, Swatch affichait un taux de fonds propres stable sur un an de 82,3%, représentant 9,5 mrd CHF. Le conseil d'administration entend proposer un dividende amélioré de 11%, soit de 7,50 CHF par action au porteur et de 1,50 CHF par nominative lors de l'assemblée générale agendée au 14 mai. Ces résultats surpassent largement les estimations des analystes consultés par AWP, qui misaient sur un résultat d'exploitation maximum de 2,11 mrd CHF, pour un bénéfice net ne dépassant pas 1,86 mrd CHF.
Production et distribution renforcées Swatch explique ces résultats par "des gains évidents de parts de marché" au regard des statistiques des exportations horlogères, ainsi que par l'acquisition en début d'année dernière de la marque de luxe américaine Harry Winston et la prise de contrôle en novembre sur l'exploitant de boutiques émirati Rivoli Investment, très présent au Moyen-Orient. Swatch a par ailleurs consenti pour près de 700 mio CHF d'investissements en machines, installations, infrastructures et points de vente. En dépit de ces acquisitions et investissements, le niveau de liquidités fin janvier 2014, à plus de 1,8 mrd CHF, reste comparable à celui d'avant les reprises de Harry Winston et de Rivoli, note le groupe. Seul bémol au tableau, le modeste segment Systèmes électroniques a vu ses ventes s'affaisser de 4% à 229 mio CHF, pour une perte opérationnelle de 12 mio CHF, en raison de la faiblesse du yen et du dollar. Au niveau de la production, la mise en services de nouvelles capacités à Granges, à Villeret et à Boncourt ont permis de créer plus de 900 emplois en Suisse. Le communiqué de mercredi ne fait pas état de l'impact de l'incendie qui a ravagé en décembre l'atelier de galvanisation de l'usine ETA de Granges. Le patron Nick Hayek avait alors articulé une perte liée comprise entre 3 et 5 mio CHF. Le rapport de gestion détaillé sera publié le 20 mars et sera suivi d'une conférence de bilan.
Contribution de Tiffany soulignée La performance de Swatch l'an dernier n'étonne que marginalement les analystes, qui mettent en exergue la contribution exceptionnelle et involontaire de Tiffany au bénéfice d'exploitation affiché. Hors cet effet non-récurrent, la marge afférente s'inscrit dans le cadre des attentes de la Banque cantonale de Zurich (ZKB). L'ampleur du relèvement du dividende en revanche constitue une demi-surprise, tout comme l'optimisme de la direction pour l'année en cours. Vontobel et Credit Suisse décrivent des résultats attendus. La grande banque note que leur évolution reste nettement supérieure à celle des exportations de la branche. Les deux établissements prédisent pour 2014 une croissance de respectivement 10 et 11%, dont 7 et 8% de manière organique. Tous maintiennent leurs recommandations d'achat sur les actions Swatch. Vontobel fixe un objectif de cours pour la porteur à 680 CHF et Credit Suisse à 630 CHF. J. Safra Sarasin affiche sa préférence pour l'action au porteur au détriment de la nominative, en raison d'une décote de 14%.