L'Europe devrait aborder avec prudence la question des sanctions contre la Russie, ces dernières pouvant se répercuter sur les pays membres de l'UE, a déclaré la ministre italienne des Affaires étrangères Federica Mogherini dans une interview au journal ''Corriere della Sera''. "La réalité consiste en ce que nous sommes tous interconnectés. Si nous continuons à progresser sur la voie de la rupture des relations diplomatiques, nous entrerons dans un monde incontrôlable", a indiqué la chef de la diplomatie italienne. D'après elle, Moscou et Rome sont liés par des relations économiques très solides. En outre, l'Italie est le premier importateur de ressources énergétiques russes, mais pourrait réduire sa consommation et s'orienter vers d'autres fournisseurs. Selon Mme Mogherini, une résolution diplomatique de la crise en Ukraine reste possible. L'Europe doit concentrer ses efforts sur l'octroi d'une aide aux nouvelles autorités ukrainiennes, et établir un dialogue avec Moscou, qui reste un partenaire important au sein du G8 malgré la suspension de la préparation du sommet à Sotchi. "Si aujourd'hui il est inutile de nous réunir au format à 8, cela pourrait être au contraire très utile dans quelques mois", a conclu la ministre. Un changement de pouvoir ayant toutes les caractéristiques d'un coup d'Etat s'est produit en Ukraine le 22 février dernier. La Rada suprême (parlement) a destitué le président Viktor Ianoukovitch, réformé la Constitution et fixé l'élection présidentielle au 25 mai. M. Ianoukovitch a déclaré qu'il avait quitté le pays sous la menace de persécutions, mais qu'il restait le président légitime de l'Ukraine. Moscou conteste la légitimité des nouvelles autorités du pays. Peuplée en majorité de russophones, la république autonome ukrainienne de Crimée a refusé de reconnaître les nouvelles autorités de Kiev et proclamé son indépendance vis-à-vis de l'Ukraine et la réunification avec la Russie à l'issue d'un référendum tenu le 16 mars lors duquel 96,7% des habitants de la péninsule ont appuyé cette décision. La Russie et la Crimée ont signé le traité sur le rattachement de la république de Crimée et de la ville de Sébastopol à la Fédération de Russie le 18 mars dernier. Kiev a protesté, dénonçant une "annexion". Suite aux démarches de Moscou, l'UE et les Etats-Unis ont introduit des sanctions contre une série de personnalités politiques russes. En outre, les préparatifs pour le G8 de juin dans la ville russe de Sotchi ont été suspendus.