La réforme du Fonds monétaire international (FMI), dont l'adoption par le Congrès américain était un temps envisagée au sein d'une mesure d'aide économique à l'Ukraine, a été abandonnée mardi par ses promoteurs démocrates face à l'opposition implacable des républicains. Le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, a annoncé mardi aux journalistes qu'un article entérinant la réforme du FMI, signée en 2010 mais jamais avalisée par le Congrès américain, serait retiré du texte d'aide à l'Ukraine actuellement examiné par la chambre haute du Congrès. En raison de l'opposition américaine, la réforme reste bloquée au niveau mondial. La mesure n'avait aucune chance à la Chambre, a reconnu Harry Reid. Le gouvernement américain a fait part de sa profonde déception à l'annonce de ce nouvel échec. Ces réformes, qui ne requièrent aucun nouvel engagement financier américain en faveur du FMI, sont très importantes pour préserver le leadership et l'influence des Etats-Unis au FMI, et pour renforcer les structures financières et de gouvernance du FMI, où les Etats-Unis ont les droits (de vote) les plus importants et un pouvoir de veto, a réagi une porte-parole du Trésor, Holly Shulman. La réforme vise à transférer des fonds d'urgence du FMI vers ses ressources permanentes, sans que les Etats-Unis aient à contribuer plus qu'aujourd'hui. Mais les républicains estiment que ce changement, que l'administration n'avait pas non plus réussi à imposer l'an dernier, n'a pas sa place dans un texte sur l'Ukraine et la Russie. Beaucoup de républicains refusent tout simplement d'augmenter les ressources d'une organisation internationale comme le FMI, et de renforcer les quotas des pays émergents, comme la réforme le prévoit également. Le texte augmenterait le poids financier de la Russie au Fonds monétaire international, donnant à (Vladimir) Poutine ce qu'il a publiquement dit qu'il voulait: une influence sans précédent au FMI, a justifié le sénateur républicain Ted Cruz, qui s'activait pour faire échouer la mesure. L'expansion privilégie de façon disproportionnée les pays BRIC, le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, et je trouve inexcusable qu'une telle mesure, voulue par Poutine, soit incluse dans une proposition de loi destinée à aider notre allié assiégé, l'Ukraine. Cette réforme diluerait les droits de vote des Etats-Unis (de 16,7% à 16,4%), a critiqué le sénateur républicain James Inhofe, tout en augmentant le pourcentage de voix de la Russie au FMI (de 2,3% à 2,5%). L'exécutif arguait qu'un FMI réformé pourrait augmenter son soutien financier général et donc en particulier pour Kiev, par rapport à ses statuts actuels, mais des parlementaires réfutaient cet argument. Le FMI dispose de tous les pouvoirs nécessaires pour répondre aux besoins d'emprunt de l'Ukraine, selon James Inhofe. Au final, les démocrates ont préféré jeter l'éponge de façon à voter au plus vite l'aide à l'Ukraine, en évitant un combat perdu d'avance contre les républicains. Le Sénat pourrait adopter cette semaine la proposition de loi qui autorise les Etats-Unis à garantir des prêts à l'Ukraine, pour un montant d'un milliard de dollars. Ce texte impose aussi des sanctions renforcées contre des ressortissants russes et ukrainiens responsables de violations graves des droits de l'homme ou de corruption en Ukraine, et crée des crédits d'aide à la démocratie et à la coopération militaire en Ukraine et en Europe centrale. Après le vote du Sénat, la Chambre devra examiner la proposition de loi en deuxième lecture.