“Le gouvernement russe a analysé les risques liés à une possible réaction des investisseurs sur fond de détérioration des relations entre la Russie et l'Occident suite à la situation entourant l'Ukraine et sait comment agir dans le contexte donné”, a déclaré le premier vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov. "Les gens qui sont en rapport avec l'économie doivent comprendre que le pire scénario n'est pas celui lié à des sanctions formelles, mais celui lié au comportement des grands investisseurs coopérant avec la Russie. (…) Nous avons non seulement analysé ces risques, nous les comprenons et nous réalisons comment il faudra agir dans un tel contexte", a expliqué M.Chouvalov intervenant lors d'une réunion du Conseil de la Fédération (chambre haute du Parlement russe). Outre les sanctions officiellement proclamées, il peut y avoir des restrictions factuelles. "On peut donner des prescriptions aux fonds d'investissements, mener un dialogue non officiel avec les agences de notations, envoyer des signaux de différentes façons", a-t-il expliqué. "Nous avons examiné toutes les sanctions introduites ou en vigueur depuis près de 40 ans. Nous avons effectué un travail gigantesque. (…) Nous avons même révisé l'expérience de l'URSS, de l'Afghanistan et de plusieurs autres pays", a conclu le vice-Premier ministre. Pour le moment, les sanctions introduites contre la Russie suite à sa position sur la Crimée revêtent un caractère individuel. Les Etats-Unis et l'UE ont approuvé des listes de citoyens russes interdits d'entrée sur le sol américain et européen et ont gelé leurs actifs. Washington a en outre sanctionné la banque russe Rossia. Dans un communiqué adopté à l'issue d'un sommet tenu lundi à La Haye, les pays du G7 ont menacé de viser par des sanctions une série de secteurs de l'économie russe en cas de la poursuite de l'escalade de la situation entourant l'Ukraine. La diplomatie russe avait auparavant déclaré que le langage des sanctions était contreproductif. De son côté, le président Vladimir Poutine a prévenu que le préjudice des sanctions serait réciproque.
La Russie cherchera de nouveaux partenaires La Russie n'a pas l'intention de se retirer des marchés traditionnels mais compte trouver de nouveaux partenaires commerciaux, a ajouté hier le premier vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov intervenant devant le Conseil de la Fédération (sénat russe). "Il faut être conscient du fait que nous ne quitterons pas les marchés traditionnels tant que nous n'en serons pas chassés. Ce qui est le plus important aujourd'hui, c'est d'être actif et de chercher des partenaires parmi ceux à qui nous n'avons pas accordé assez d'attention en vue d'ouvrir de nouvelles possibilités pour vendre nos marchandises", a annoncé le vice-chef du gouvernement russe.
L'Ukraine suspend la diffusion de quatre chaînes TV russes Le tribunal régional de Kiev a décidé de suspendre la diffusion de quatre chaînes de télévision russes en Ukraine jusqu'à l'examen par la Cour suprême d'Ukraine d'une requête sur la légalité de leurs activités. "La diffusion des chaînes russes RTR, Première chaîne, Rossia-24 et NTV a été suspendue jusqu'à l'examen de la requête du Conseil national", a annoncé mardi à Kiev Viktoria Sioumar, secrétaire adjointe du Conseil ukrainien de sécurité nationale et de défense. Le Conseil national pour la télé- et radiodiffusion a déjà appelé les fournisseurs d'accès à internet ukrainiens à stopper la rediffusion des émissions des chaînes russes Vesti, Rossia 24, ORT, RTR Planeta et NTV-Mir. Volia, le plus grand fournisseur d'accès d'Ukraine avec près de 20% du marché, a décidé de suspendre la diffusion de plusieurs chaînes de télévision publique russe, notamment la Première chaîne et NTV. Toutefois, d'autres fournisseurs d'accès n'ont pas suivi cette recommandation. La représentante de l'OSCE pour la liberté des médias, Dounia Mjatovic, s'est récemment dit préoccupée par l'appel du Conseil national pour la télé- et radiodiffusion, précisant que l'interdiction de la diffusion d'émissions sans justification légale constituait une forme de censure et que les intérêts de la sécurité nationale ne devaient pas porter atteinte à la liberté de la presse.
La Norvège gèle sa coopération militaire avec la Russie Le gouvernement norvégien a décidé mardi de suspendre sa coopération militaire avec la Russie jusqu'à fin mai en raison de la situation autour de l'Ukraine, a annoncé le ministère norvégien de la Défense dans un communiqué. "Nous avons suspendu notre coopération militaire avec la Russie jusqu'à fin mai. Ensuite nous reviendrons à l'examen de notre programme de coopération en tenant compte de la situation en Ukraine et des actions qu'aura entrepris la Russie, avant d'en discuter avec nos partenaires de l'OTAN", a déclaré la ministre norvégienne de la Défense Ine Marie Eriksen Soreide citée par le journal Barents Observer. Selon le communiqué, la Norvège a notamment repoussé la visite du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou programmée pour avril et a annulé une visite de navires de guerre russes à Oslo programmée pour mai à l'occasion du 200e anniversaire de la Marine norvégienne, les exercices navals conjoints Sea Eagle, la participation de la Russie à la fête des fanfares militaires Military Tattoo 2014 et une visite du commandant de la Marine russe à Bergen. Le ministre français de la Défense a antérieurement déclaré que Paris avait l'intention de suspendre la coopération avec la Russie dans l'organisation des exercices militaires conjoints en raison de la situation en Ukraine. L'Allemagne, la Grande-Bretagne et le Canada ont aussi suspendu leur coopération militaire avec Moscou. Le représentant de l'OTAN à Moscou Robert Pszczel a déclaré mardi que l'OTAN n'appuyait pas l'idée d'isoler la Russie en raison des événements en Crimée, mais entendait revoir ses relations avec Moscou lors d'une rencontre ministérielle de l'Alliance prévue pour les 1-2 avril. Selon les experts, la réduction de la coopération militaire avec l'OTAN ne portera pas préjudice à la Russie. Le rédacteur en chef de la revue russe "Défense nationale" Igor Korottchenko a notamment estimé que cette coopération n'était pas fructueuse pour Moscou. Selon lui, la Russie coopérait avec l'Alliance pour améliorer les relations politiques avec ses partenaires occidentaux, la coopération militaire réelle se limitant à l'octroi de couloirs de transport aérien à l'OTAN pour le transit vers l'Afghanistan. Un changement de pouvoir s'est opéré le 22 février à Kiev. La Rada suprême (parlement ukrainien) a démis le président Viktor Ianoukovitch de ses fonctions et réformé la Constitution. Ianoukovitch a qualifié ces événements de "coup d'Etat". Moscou conteste également la légitimité des décisions de la Rada. Peuplée en majorité de russophones, la république autonome ukrainienne de Crimée a refusé de reconnaître les nouvelles autorités de Kiev et proclamé son indépendance et la réunification avec la Russie au terme d'un référendum du 16 mars. La Russie et la Crimée ont signé le traité sur le rattachement de la république de Crimée et de la ville de Sébastopol à la Fédération de Russie le 18 mars. Kiev a protesté, dénonçant une "annexion".