La cause de la crise politique en Ukraine réside dans le refus de l'Occident d'honorer ses engagements contractés dans le cadre de l'accord conclu le 21 février entre le président Ianoukovitch et les leaders de l'opposition sous la médiation des ministres français, allemand et polonais des Affaires étrangères, a souligné hier le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. «Nos partenaires occidentaux nous ont promis, y compris à l'étape de la préparation de l'accord du 21 février, que si Ianoukovitch remplissait ses engagements, ils ramèneraient nécessairement l'autre partie à la raison et ne permettraient pas que les radicaux nationalistes prennent la direction des réformes en Ukraine», a ajouté M. Lavrov lors d'une conférence de presse à Moscou. «Le président Ianoukovitch a fait tout ce qu'il avait promis, alors que nos partenaires n'ont pas tenu leurs promesses, et c'est visiblement là que réside la cause de ce où nous en sommes actuellement», a ajouté le ministre. Des négociations sur le règlement du conflit en Ukraine se sont déroulées le 21 février à Kiev. Elles ont réuni le président en exercice Viktor Ianoukovitch, les chefs de file de l'opposition Arseni Iatseniouk et Vitali Klitschko, les chefs de diplomatie français, allemand et polonais Laurent Fabius, Frank-Walter Steinmeier et Radoslaw Sikorski, ainsi que le représentant de la Russie Vladimir Loukine. Les négociations ont abouti à la conclusion d'un accord signé par le président et l'opposition, ainsi que par les médiateurs occidentaux. Ce document prévoit notamment une élection anticipée du chef de l'Etat, la formation d'un gouvernement d'unité nationale et une réforme constitutionnelle élargissant les pouvoirs du Premier ministre au détriment de ceux du président. L'opposition soutenue par les radicaux de Maïdan a profité d'une absence momentanée de Viktor Ianoukovitch pour opérer un coup d'Etat. Moscou appelle à respecter les dispositions de l'accord du 21 février, y compris à lancer une réforme constitutionnelle compte tenu de l'avis de toutes les régions de l'Ukraine et à former un gouvernement d'unité nationale intégrant toutes les forces politiques du pays. Les autorités politiques de Kiev dépendent entièrement des dirigeants de Maïdan, notamment des décisions adoptées par les chefs du groupe ultranationaliste Pravy Sektor, a annoncé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Les membres de Pravy Sektor «convoquent personnellement chaque ministre à Maïdan (haut lieu des émeutes à Kiev) et lui ordonnent de rendre compte de la façon dont il applique leurs instructions», a déclaré M. Lavrov. «Il est donc difficile de parler de l'indépendance des nouvelles autorités ukrainiennes», a indiqué le ministre. Selon lui, les autorités en place à Kiev proposent de légitimer le groupe Pravy Sektor pour en faire une structure officielle armée. «Je ne sais pas si ce comportement des responsables (politiques de Kiev) peut être considéré comme civilisé et démocratique», a indiqué M. Lavrov. Les journalistes russes interdits d'entrée en Ukraine Moscou attend la réaction des médias étrangers à la décision des autorités ukrainiennes d'interdire l'entrée du pays à un groupe de journalistes représentant les chaînes de télévision TV Centre et Vesti, ainsi que d'autres médias russes, a indiqué hier le ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie dans un communiqué. «Une telle violation flagrante de la liberté de la presse témoigne de l'hypocrisie de ceux qui cherchent aujourd'hui à Kiev à se faire passer pour des ‘‘démocrates''. Il s'agit au fond de la censure dans les médias. Ce qui étonne, c'est l'absence totale de réaction des médias étrangers à cette violation manifeste de la démocratie», lit-on dans le communiqué mis en ligne sur le site du ministère. Arrivés le 7 mars à l'aéroport de Donetsk (Ukraine), des reporters de TV Centre, de Vesti et d'autres médias russes se sont vu refuser l'entrée sur le territoire ukrainien. «Est-il possible que les chaînes de télévision et les agences étrangères approuvent un tel comportement ? Nous attendons leur réaction», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangère. La Défense russe pourrait suspendre le traité Start De son côté, le ministère russe de la Défense envisage la question de la suspension de l'accueil des équipes d'inspection dans le cadre des obligations en vertu du traité Start (Traité de la Fédération de Russie et des Etats-Unis sur les mesures pour la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs) et du Document de Vienne de l'OSCE de 2011 sur les mesures de confiance et de sécurité, a déclaré une source militaire et diplomatique russe hier. Une telle mesure pourrait être prise en réponse aux déclarations du Pentagone de suspendre la coopération avec les départements militaires russes. La source a souligné que les «menaces non fondées par les Etats-Unis et par l'Otan contre la politique ukrainienne de la Russie sont considérées comme un geste inamical et permettent de déclarer force majeure».