Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a appelé hier le peuple d'Ukraine à organiser un référendum au lieu de l'élection présidentielle anticipée fixée par la Rada suprême (parlement) au 25 mai prochain. "Seul un référendum et non une élection présidentielle anticipée pourrait stabiliser la situation politique et sauvegarder la souveraineté et l'intégrité de l'Etat ukrainien", a déclaré M. Ianoukovitch dans son message, cité par la chaîne de télévision Rossia 24. Un changement de pouvoir s'est opéré le 22 février en Ukraine. La Rada suprême a démis le président Viktor Ianoukovitch de ses fonctions, nommé le président du parlement Alexandre Tourtchinov chef de l'Etat par intérim et réformé la Constitution. M. Ianoukovitch a qualifié ces événements de "coup d'Etat". Moscou conteste également la légitimité des décisions de la Rada. La Crimée, république autonome à majorité russophone située dans l'est de l'Ukraine, n'a pas reconnu les nouvelles autorités de Kiev. Elle a proclamé son indépendance vis-à-vis de l'Ukraine et la réunification avec la Russie au terme d'un référendum du 16 mars où 96,7% des habitants de la péninsule ont appuyé cette décision. La Russie et la Crimée ont signé le traité sur le rattachement de la république de Crimée et de la ville de Sébastopol à la Fédération de Russie le 18 mars dernier.
Le Parlement adopte des mesures anticrise La Rada suprême (parlement monocaméral ukrainien) a approuvé une série de mesures destinées à prévenir une "catastrophe économique" dans le pays. Un projet de loi soumis à l'examen des députés par le gouvernement prévoit d'instaurer un impôt progressif sur le revenu des personnes physiques allant de 15 à 30%. Les entreprises devront quant à elles payer un impôt sur les bénéfices de 18%, tandis que la taxe sur la valeur ajoutée sera portée à 20%. Dans le même temps, les accises sur les boissons alcooliques et le tabac seront relevés de 25%, et celle sur la bière de 42,5%. D'après le gouvernement ukrainien, ces mesures devront notamment permettre d'augmenter de 3,4 milliards de hryvnias (318 millions de dollars) les revenus du Fonds de pension national en 2014. Les nouvelles autorités ukrainiennes ont par la suite annoncé que l'économie du pays était en péril et que les caisses de l'Etat étaient complètement vides. Jeudi, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a annoncé le prochain limogeage de 10% des fonctionnaires d'Etat dans le cadre d'un programme de réduction des dépenses publiques.
68% des Russes hostiles aux nouvelles autorités ukrainiennes 68% des Russes sont contre la reconnaissance par Moscou des nouvelles autorités ukrainiennes, selon un sondage réalisé par Centre russe d'étude de l'opinion publique (VTsIOM). "Les deux tiers des personnes interrogées (68%) estiment que la Russie ne doit pas reconnaître les nouvelles autorités ukrainiennes", a indiqué VTsIOM sur son site internet. Seuls 18% des sondés soutiendraient la reconnaissance des nouveaux dirigeants politiques de Kiev. La plupart des Russes (85%) suivent toujours l'évolution de la situation en Ukraine. Leur intérêt a même augmenté depuis début février (72%). Le nombre des personnes estimant que la situation dans ce pays est en train de se dégrader a baissé de 68% en février à 52% en mars, selon VTsIOM. "Les Russes ont une attitude nettement négative à l'égard des nouveaux dirigeants ukrainiens. Presqu'un tiers des sondés (23%) qualifient les représentants des nouvelles autorités de nationalistes et de fascistes. Un Russe sur cinq (18%) estime que des voleurs et bandits sont arrivés au pouvoir à Kiev. 15% considèrent le gouvernement ukrainien comme illégitime et ses membres comme des usurpateurs de pouvoir", notent les sociologues. Le sondage a été réalisé les 15 et 16 mars derniers auprès de 1 600 habitants de 130 localités situées dans 42 régions russes. La marge d'erreur statistique ne dépasse pas 3,4%.