Les cours du pétrole continuaient de reculer hier dans les échanges matinaux en Asie, en raison d'un début d'apaisement des tensions en Ukraine, avec le retrait des troupes russes aux frontières. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai cédait 24 cents à 101,34 dollars et le Brent de la mer du Nord à même échéance reculait de 13 cents à 107,63 dollars. Lundi, la Russie avait donné de premiers signes d'un retrait de ses troupes massées près de la frontière de l'Ukraine, suscitant des espoirs de détente malgré l'échec de pourparlers russo-américains à Paris. La présence de ces soldats (20 000 selon Washington) avait fait craindre une invasion de la partie orientale de l'Ukraine, en grande partie russophone, et une répétition du scénario qui a conduit à la perte de la Crimée, au sud. "La réduction des tensions géopolitiques pourrait avoir diminué la prime de risques qui a accompagné les cours du pétrole jusqu'à présent", a indiqué Kenny Kan, analyste chez CMC Markets à Singapour. La veille, les cours du pétrole ont clôturé en léger recul à New York, le marché espérant un apaisement des tensions autour de l'Ukraine et intégrant l'arrivée massive sur le marché mondial de brut irakien supplémentaire. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a cédé 9 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 101,58 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à 107,76 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 31 cents par rapport à la clôture de vendredi. La Russie a donné lundi de premiers signes d'un retrait de ses troupes massées près de la frontière de l'Ukraine, suscitant des espoirs de détente malgré l'échec de pourparlers russo-américains à Paris. La veille, les chefs de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et américain John Kerry n'avaient en effet pu que constater leurs divergences mais avaient aussi convenu de continuer à dialoguer. Ce signe de détente rassure un peu des investisseurs qui s'inquiètent des conséquences d'éventuelles sanctions touchant directement aux exportations énergétiques de la Russie et fait baisser la prime de risque intégrée au prix du brut depuis le début de la crise ukrainienne. "Une fois que ces tensions géopolitiques seront retombées définitivement, le marché se rappellera qu'on dispose d'une offre abondante sur le marché mondial, que ce soit en Amérique du Nord, en provenance d'Iran où les négociations autour du nucléaire avancent doucement mais sûrement, et désormais aussi en provenance d'Irak", a souligné Bart Melek de TD Securities. La production commerciale a en effet débuté lundi à Qurna-2 occidental, l'un des plus importants champs pétroliers inexploités au monde, situé dans le sud de l'Irak. Quelque 120'000 barils par jour (b/j) sont actuellement extraits de ce champ, dont les réserves connues sont estimées à 12,9 milliards de barils, mais la production devrait atteindre 420'000 b/j d'ici la fin de l'année. L'Irak souhaite augmenter sa production à 9 millions de barils par jour d'ici 2017, un objectif jugé excessivement ambitieux par le Fonds monétaire international et l'Agence internationale de l'Energie. La baisse des cours du brut reste toutefois limitée "car il reste des problèmes d'approvisionnement, notamment en Libye et au Nigeria, et la possibilité que les tensions autour de la Crimée s'enflamment de nouveau très rapidement", a souligné Matt Smith de Schneider Electric. Pour Carl Larry, de Oil Outlooks and Opinion, les courtiers se placent aussi sur la réserve en attendant le très surveillé rapport mensuel des autorités américaines sur l'emploi, dont la diffusion est prévue vendredi. "La consommation d'essence et d'énergie, et donc de brut, dépend beaucoup du nombre de gens à aller travailler; c'est donc un document très attendu sur le marché de l'énergie", estimait-il.