Six millions d'électeurs étaient appelés aux urnes hier au Québec. Ils devaient sanctionner le gouvernement indépendantiste sortant et donner l'avantage au Parti libéral (PLQ) de Philippe Couillard. Selon un dernier sondage publié samedi, le PLQ est en tête avec 38% des intentions de vote contre 29% pour le Parti québécois (PQ) de la Première ministre sortante Pauline Marois, première femme à gouverner la Belle Province. Mais un quart de l'électorat n'aurait pas fait un choix définitif. Si cette tendance devait se vérifier à la clôture du scrutin lundi à 20h00 locales (mardi 02h00 suisses), ce serait la première fois en 40 ans qu'un gouvernement en place n'obtiendrait pas un deuxième mandat de rang dans une législative. Et donc un cinglant revers pour Mme Marois, qui a précipité la dissolution pour chercher à obtenir les 63 sièges de la majorité absolue des 125 sièges.
Vote de "la dernière chance" Dans l'assemblée sortante, le PQ détenait 54 sièges, devant les 49 députés libéraux et les 18 de la formation Coalition Avenir Québec (CAQ) de François Legault. La formation souverainiste de gauche Québec Solidaire de Françoise David avait quant à elle arraché deux sièges et deux députés siégeaient en indépendants. Pour le PQ, "cette élection est un peu celle de la dernière chance", analyse Claire Durant, sociologue à l'Université de Montréal, qui prévoit, en cas de défaite des indépendantistes, une recomposition politique autour d'un axe gauche-droite dont les frontières sont actuellement diffuses. Pour ce scrutin, le nationaliste et volontiers populiste François Legault espère se poser en arbitre. "On a essayé la recette libérale, ça ne marche pas. On a essayé la recette péquiste, ça ne marche pas. Peut-on essayer une autre recette?", demande cet ex-chef d'entreprise, qui est remonté de 15% à 23% des intentions de vote.
Nouveau référendum d'indépendance ? Un peu comme une bouée de sauvetage, Mme Marois s'est accrochée à l'annonce juste avant le scrutin du recul du chômage, en y voyant un signe que "la confiance est revenue au Québec". Dimanche, elle a exhorté ses militants à persuader les indécis de se rendre aux urnes, car si "c'est vrai que c'est serré, rien n'est joué". De son côté, M. Couillard met en garde depuis un mois les Québécois contre le risque, avec un gouvernement "péquiste", de se retrouver en dehors du Canada. Régulièrement, il a attaqué Mme Marois sur ce point: avec "le retour au pouvoir du Parti québécois, c'est l'assurance d'un référendum sur la séparation du Québec".