Le Produit intérieur brut (PIB) russe s'est contracté de 0,5% au premier trimestre 2014 par rapport au trimestre précédent, a déclaré le ministre de l'Economie Alexeï Oulioukaev, renforçant les craintes d'une récession. Concernant l'évolution du PIB, "sans tenir compte du facteur saisonnier, il y a eu une chute d'environ 0,5% comparé au quatrième trimestre" de 2013, a-t-il déclaré, cité par les agences russes. Le ministre a précisé que la croissance s'était cependant établie à 0,8% au premier trimestre comparé à la même période un an auparavant. Lundi, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev avait lui estimé la hausse du PIB à environ 1% au premier trimestre sur un an. La Russie a vu ces dernières années son économie ralentir fortement, alors que selon de nombreux experts le modèle actuel, reposant sur les prix élevés des hydrocarbures, s'essouffle. Mais le phénomène s'est nettement aggravé en mars en raison de la confrontation avec les pays occidentaux qui a suivi l'annexion de la Crimée. Et les autorités russes commencent à s'alarmer ouvertement. Mardi, le ministre des Finances a lui-même estimé que la croissance de l'économie risquait d'être nulle en 2014 en raison des troubles "géopolitiques" liés à la crise en Ukraine. Une opinion partagée par M. Oulioukaev: "Aux facteurs internes se sont ajoutées des incertitudes sur les marchés de changes et financiers, d'importantes fuites de capitaux et des réticences des investisseurs à prendre des décisions au vu de la situation internationale, qui s'est détériorée ces deux derniers mois", a-t-il dit. La semaine dernière, le gouvernement russe a révisé à la baisse sa prévision de croissance pour 2014 l'établissant entre 0,5% et 1,1%, contre 2,5% auparavant, ajoutant que le tableau pourrait être encore plus sombre en cas de sévères sanctions occidentales. Pour l'instant, les sanctions américaines et européennes ciblent surtout des personnalités, et quelques entités financières. Mais l'Occident ne cesse d'agiter la menace de sanctions pénalisant plus largement l'économie. Parmi les personnes et entités visées par les sanctions américaines se trouvent notamment la banque Rossia et son principal actionnaire, le milliardaire et magnat des médias Iouri Kovaltchouk, réputé proche du président Vladimir Poutine. Le ministre russe de l'Economie a menacé de saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sur ces sanctions américaines visant la banque Rossia. Analystes et observateurs ont à plusieurs reprises souligné le risque d'une récession de l'économie russe, très dépendante des revenus des exportations d'hydrocarbures. "La Russie est plus vulnérable à des mesures plus sévères de l'Occident que beaucoup ne semblent le croire", ont estimé dans une note diffusée mardi les analystes de Capital Economics. Les énormes réserves de devises dont dispose Moscou, évaluées par la Banque centrale à 493,4 milliards de dollars le 21 février, pourraient "vite s'épuiser", ont-ils ajouté.