Le ministre russe du Développement économique, Andreï Belooussov, a été nommé, avant-hier, conseiller du président Vladimir Poutine et est remplacé par le numéro deux de la banque centrale, Alexeï Oulioukaev. Annoncé par le Kremlin à un moment où la croissance connaît un sérieux coup de frein, ce jeu de chaises musicales est la conséquence de la prise de fonction lundi à la tête de la Banque centrale de Russie (BCR) d'Elvira Nabioullina, jusqu'à présent conseillère économique auprès de Vladimir Poutine. Cette proche du chef de l'Etat russe prend la tête d'une institution respectée pour son indépendance, mais soumise à une forte pression des autorités, dont M. Belooussov, qui ont mis en cause le niveau élevé des taux d'intérêt dans le ralentissement de l'activité. Andreï Belooussov, 54 ans, est un farouche partisan d'une action volontariste de l'Etat pour relancer la croissance économique. Alexeï Oulioukaïev, 57 ans, est numéro deux de la banque centrale depuis avril 2004 et faisait figure de favori parmi les défenseurs de l'indépendance de cette institution pour en prendre la tête après la départ programmé de Sergueï Ignatiev. Le choix de Vladimir Poutine s'étant porté sur Elvira Nabioullina, il pouvait difficilement se maintenir à son poste, estimait récemment la version russe du magazine Forbes. Comme ministre du Développement économique, Andreï Belooussov a plusieurs fois brandi publiquement le risque d'une récession en Russie faute de nouvelles mesures de soutien à l'activité. Le risque de récession existe, a-t-il encore répété lors d'une conférence de presse le 13 juin, tout en soulignant: Nous pouvons l'éviter. Il a défendu l'idée de programmes d'investissements publics, qui doivent primer selon lui sur la rigueur budgétaire. Cette stratégie a été retenue par M. Poutine, qui a annoncé vendredi lors du forum économique de Saint-Pétersbourg un programme de grands travaux pesant 450 milliards de roubles (11 milliards d'euros). A la banque centrale, Alexeï Oulioukaev a toujours défendu la politique rigoureuse de l'institution, qui a maintenu ses taux d'intérêt à un niveau élevé malgré les critiques et pressions au plus haut sommet de l'Etat des partisans d'une ouverture du robinet du crédit. Ce Moscovite docteur en économie et francophone, qui a fait une partie de ses études à Grenoble, a occupé ses premières fonctions de conseiller au gouvernement en 1991. Il faisait alors partie de l'équipe de l'ex-Premier ministre libéral Egor Gaïdar, père de la thérapie de choc qui a converti la Russie post-soviétique à l'économie de marché dans la douleur. Il a quitté en 1994 le gouvernement, qu'il a retrouvé en 2000 comme vice-ministre des Finances. Il s'y est notamment occupé de la politique d'investissements publics.