Les cours du pétrole coté à New York ont nettement reculé avant-hier dans le sillage des marchés des actions, les investisseurs faisant preuve de prudence face à la montée des tensions en Ukraine. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin a cédé 1,34 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 100,60 dollars, son plus bas niveau en près de trois semaines. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à 109,58 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 75 cents par rapport à la clôture de la veille. Ce mouvement de baisse est en étroite corrélation avec le marché des actions, a remarqué Adela Khadir, de SCS Commodities. Imitant les Bourses européennes, les indices de Wall Street s'affichaient nettement dans le rouge à l'heure de la clôture du Nymex. Les investisseurs sont surtout ébranlés par la recrudescence des violences en Ukraine. Les Occidentaux ont en effet menacé d'imposer de nouvelles sanctions à la Russie, accusée par Kiev de vouloir lancer une troisième guerre mondiale en soutenant les séparatistes de l'est de l'Ukraine, dont la place forte Slaviansk se trouve en état de siège. Les dirigeants américain Barack Obama, français François Hollande, allemand Angela Merkel, britannique David Cameron et italien Matteo Renzi, ont tenu une conférence téléphonique pour discuter de possibles nouvelles sanctions contre Moscou. Si les tensions en Ukraine devaient s'aggraver, si les Occidentaux finissaient par vraiment mettre à exécution leurs menaces de sanctions, cela ferait sûrement grimper les prix du brut, a avancé Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion. Mais pour l'instant les courtiers attendent de voir ce que se passe. Outre la suspension de la coopération militaire avec la Russie, des sanctions financières, diplomatiques et des restrictions de visas, les Européens avaient accepté en mars le principe d'adopter des sanctions économiques contre la Russie au cas où la situation viendrait à se détériorer en Ukraine par la faute de Moscou. Tous les secteurs économiques sont potentiellement concernés. Comme environ 30% des importations de gaz et de pétrole européennes proviennent de la Russie, le marché de l'énergie est sensible à tout risque de perturbation de l'approvisionnement. La création de toute cette incertitude rend les gens réticents à investir, à dépenser leur argent juste avant le week-end, a observé Michael Lynch de Strategic Energy and Economic Research. Les courtiers sont d'autant plus prudents qu'aux Etats-Unis, le marché est largement approvisionné selon les données publiées mercredi: les réserves de brut sont montées la semaine dernière à leur plus haut niveau depuis 1931 à la faveur d'une production toujours plus importante dans le pays grâce à l'explosion de l'exploitation du pétrole de schiste. En Asie, les cours du pétrole se maintenaient vendredi matin à des niveaux élevés en Asie, toujours portés par la crise en Ukraine, devenue un territoire d'affrontement verbal entre les Etats-Unis et la Russie. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin gagnait 2 cents à 101,96 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord, échéance juin, prenait 2 cents également, à 110,35 dollars.