Un plan de sauvetage de plus de quatre milliards d'euros, qui prévoit notamment une hausse ciblée des tarifs, a été signé avant-hier en faveur de l'Office nationale de l'eau et de l'électricité (ONEE), un dossier délicat pour le gouvernement marocain. Paraphé par le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, ce contrat-programme prévoit la mobilisation de quelque 45 milliards de dirhams (4,1 milliards d'euros) sur quatre ans (2014-17) afin d'assurer le rétablissement de la viabilité et de la solidité financière de l'ONEE, a indiqué la Primature dans un communiqué, reconnaissant une situation financière critique. A fin 2013, l'entreprise publique a enregistré une perte de plus de 200 millions d'euros, qui pourrait atteindre quelque 650 millions en 2017 en l'absence de réforme, souligne le texte. La dette actuelle s'élève, elle, à près de cinq milliards d'euros, tandis que les retards de paiement (d'un montant de 200 millions d'euros) affectent 1 422 entreprises nationales et 181 étrangères. L'Etat place l'ONEE sous perfusion, a résumé lundi le quotidien L'Economiste. Le plan de sauvetage, dont l'élaboration a nécessité plus d'un an de travail, prévoit un engagement fort de l'Etat, à hauteur d'environ 70%, mais aussi des ajustements tarifaires, selon le communiqué. Déjà engagé dans des réformes sociales à risques, le gouvernement annonce toutefois un ciblage. La hausse des tarifs, effective au 1er août et qui devrait permettre de récolter plus d'un milliard d'euros, ne touchera que les foyers consommant plus de 100 KWh et/ou 6 mètres cube par mois, est-il notamment indiqué. De la sorte, ce sont respectivement 4,1 millions et 2,2 millions d'abonnés qui y échapperont. Enfin, la Primature fait miroiter que le plan de sauvetage permettra de poursuivre l'électrification en milieu rural --au bénéfice de près de 4 000 villages--, et prend l'engagement d'un suivi régulier. Emmené par les islamistes du Parti justice et développement (PJD), le gouvernement marocain est déjà engagé depuis plusieurs mois dans des réformes sociales sensibles, comme celle de la caisse de compensation, qui subventionne des produits de grande consommation. Le prix de l'essence a été totalement libéralisé en début d'année, et celui du diesel partiellement. Le Maroc est pressé de réduire son déficit public, qui a atteint plus de 7% du PIB en 2012. Il devrait repasser sous la barre des 5% d'ici la fin de l'année.