La découverte du rituel du diwane authentique à travers des extraits tirés de cette tradition très répandue dans certaines régions d'Algérie, a été proposée, samedi passé à Béchar, à la presse et à un public d'initiés lors d'une petite cérémonie animée par le doyen de cette pratique dans la région. Initié par les organisateurs du 8e Festival national de musique diwane qui se tient à Bechar depuis vendredi, cette "Lila" ou "Mbita", comme appelée localement, a été finalement présentée après l'insistance des participants et surtout des profanes sur l'utilité de vulgariser ce rite autour duquel l'événement est axé. Drapeau symbolisant sa confrérie à la main, Ami Brahim, et sa troupe ont reconstitué la parade de rue annonçant la tenue d'un diwan et précédant le sacrifice d'un bouc ou d'un veau pour nourrir les membres d'autres confréries conviés à la cérémonie. Tambours battant et karkabou à la main la troupe a présenté ce qui pourrait être apparenté à un spectacle de rue, une partie de la "waada", riche des couleurs des habits et drapeaux et puissant en sonorités tout en restant profondément ancré dans la sacralité puisque, avec un air de parade, cette première partie se termine par le sacrifice du bouc. Après une cérémonie de sacrifice aussi joviale par la musique que poignante par l'importance que lui accorde le maître de cérémonie, la troupe s'est installé dans le hall de la maison de la culture pour interprété une partie du répertoire traditionnellement joué selon un ordre précis, avec des danses et un code vestimentaire pour chaque morceau. Organisé pour la première fois par le festival, ce spectacle avait pour objectif de montrer les préparatifs d'une waada mais aussi pour expliquer la hiérarchie régnant dans les confréries et qui comporte les Gendouz (disciples), maallem (maître de cérémonie) et Mkaddem (maître spirituel et chef de confrérie) Selon le maître de cérémonie, ce rituel est pratiqué "quelques jours avant et juste à la fin du ramadhan mais aussi à l'occasion de la consécration d'un membre de la confrérie à un rang supérieur" en plus de la célébration des fêtes et heureux événement chez la population mais dans une version plus minimaliste. Très apprécié par les participants, ce spectacle aura permis "de mieux comprendre ou au moins de vivre" le rituel dont émane la musique diane qui s'est vu "consacrer deux festivals sans en avoir vulgarisé les racines en amont", ont-ils déclaré. Cette première "Lila" devrait en appeler d'autres qui se tiendront à chaque édition du festival pour présenter d'autres parties de ce rituel qui se tient souvent dans des régions comme l'Oranie, le sud-ouest et plus rarement à l'est du pays.
Ouverture de la compétition Un genre de diwan particulièrement porté sur le chant religieux et axé sur des voix cristallines conjuguées à la spiritualité du style a été présenté samedi passé à Bechar par la troupe "Nass El Waha" de Ouargla. Ouvrant la compétition officielle du 8e Festival national de musique diwan, qui se tient à Bechar depuis vendredi, "Nass El Waha" se sont produits devant un jury composé d'adeptes du ce genre de musique et présidé par l'universitaire Azzeddine Ben Yaacoub. Emanant d'une longue tradition de diwan, la troupe a présenté un programme puisé dans le répertoire des ziarates (pèlerinage) qu'elles ont l'habitude d'animer à Ouargla et qui ont donné naissance à un genre plus spirituel et initialement basé sur le tbel. "Nass El Waha" témoigne également d'une tradition complexe et peu connue en matière de danses rituelles mais également en matière d'initiation de jeunes et même d'enfants à cette tradition qui attire beaucoup de pèlerins à Ouargla. Être un "enfant du diwan" (membre de confréries) n'est pas obligatoire pour réussir un bon spectacle dans ce style musical, c'est ce qu'a réussi à prouver sur scène la troupe "Ouled Sidi Blel" de Tindouf une région où la tradition du diwan, ses rites et sa musique n'ont pratiquement jamais existé. Le jeune maallem Aissa Ousmaïl affirme avoir embrassé ce répertoire, et surtout le goumbri, par passion, et en autodidacte, avant de se frotter aux maîtres du genre pour perfectionner ces connaissances et former une troupe à même d'animer un spectacle dans les normes. De jeunes formations musicales de Tindouf commencent à suivre les pas de "Ouled Sidi Blel". Suite à l'absence de la troupe "Ahl Gnawa" de Relizane, l'invité de la soirée "Nora Gnawa" l'une des rares femmes à "faire dans le diwane", marchant dans les pas de la pionnière en la matière Hasna El Becharia, a investi la scène devant un public très peu nombreux à cette seconde soirée perturbée par les conditions climatiques. La chanteuse qui baigne dans un univers musical à peine inspiré du diwan, a présenté un tour d'horizons de la musique dite "Gnawa de scène" ouverte sur des mélodies contemporaines soutenues par un rythme dansant. Ouvert vendredi, le 8e Festival de musique diwan se poursuivra à Bechar jusqu'au 29 mai avec 12 troupes encore attendues en compétition, et un programme de conférences dédiées au diwan en tant que patrimoine et culture authentique.