La troupe Diwane ammi Brahim de Béchar a présenté les plus importantes articulations du rituel Diwane, appelé également "Lembita" dans la région, et ce dans le cadre du Festival national de la musique diwane. La dimension spectacle de ce rituel est à relever, car il apparaît comme une partie intégrante du diwane, et peut-être que l'en départir, même dans un cadre profane et festif, serait l'amputer de ce qui fonde son originalité et sa spécificité. Il est commun que le Diwane est une musique qui s'accompagne d'un rituel. Quelques privilégiés qui ont eu la chance d'assister à la pratique de cette tradition que les Diwanes gardent jalousement, d'autres en ont déjà vu quelques extraits sur YouTube ou Dailymotion, et d'autres encore n'ont aucune idée de son existence. Les organisateurs de la 8e édition du Festival national de la musique diwane de Béchar ont pris l'excellente décision de montrer les grandes et plus importantes articulations de ce rituel, dans le cadre d'une Lila Diwane (appelée «Lembita» à Béchar) qui a été organisée, avant-hier en fin d'après-midi, à la Maison de la culture de Béchar. C'est une atmosphère toute particulière, empreinte de spiritualité, qui s'est installée sur les lieux lorsque lemqedem (chef spirituel) ammi Brahim, le mâalem (maître de cérémonie) Djebbar et les koyos (danseurs diwanes) ont entamé la première partie de la cérémonie intitulée El-Âada. Après avoir disposé les accessoires de Lembita (un plateau comportant différents aliments comme le lait, un encensoir, des écharpes de différentes couleurs), et après avoir installé l'étendard de la confrérie, les membres de la troupe, munis de gangas (tambours) et karkabou (crotales), interpréteront des bradj (morceaux), notamment Laâfou, tout en procédant à des danses individuelles ou collectives (par groupe de trois à quatre koyos), et cela sous le regard vigilant de ammi Brahim qui veille sur chaque petit détail. Pendant ce temps, lemqedem chargé du sacrifice se prépare à égorger le bouc, qui sert –dans le cadre d'un vrai rituel– à nourrir les convives venus assister à la cérémonie. Le sacrifice accompli, la cadence s'accélère, les odeurs du benjoin parfument l'espace, les initiés continuent de danser sur les rythmes du tambour. Puis c'est le silence annonciateur de la fin de la première partie du rituel. Mâalem Djebbar et ses gnadiz (pluriel de guendouz, qui signifie disciple) s'installent ensuite dans le hall de la Maison de la culture pour l'étape sacrée de cette cérémonie. La troupe jouera quelques extraits du riche répertoire des Diwanes, qu'elle accompagnera par des danses individuelles et collectives. Le mâalem expliquera, plus tard, que ce répertoire est agencé selon «Trig (la voie) cherguia», qui commence par Salou Nabina, et s'articule (dans l'ordre) autour des bradjs Bhara, Sraga, Hassaniyine, Sahaba, Haoussa, Bambra, Nssawiyine et enfin Lekhlawiyin. Mâalem Djebbar a également signalé que le rituel, dont les extraits ont été présentés pour la première fois dans le cadre de ce festival, est organisé vers la fin du mois de chaâbane ainsi qu'à la fin du mois du ramadhan. Il est aussi pratiqué lorsqu'un membre de la confrérie accède à un rang supérieur dans la hiérarchie diwane : de guendouz à mâalem, de mâalem à mqadem, etc. Par ailleurs, la dimension spectacle de ce rituel, haut en couleur et riche en sensations et en senteurs, est à relever. Il est une partie intégrante du diwane. Il est difficile parfois de le saisir dans tous ses aspects mais il faudrait peut-être le considérer dans sa complexité et ne plus considérer le sacré et le profane comme deux éléments incompatibles. L'un s'intègre dans l'autre, ce qui fait du rituel un spectacle en soi. Début de la compétition La compétition de la 8e édition du Festival national de la musique diwane, qui se tient jusqu'au 29 mai prochain au stade Ennasr, a démarré avant-hier avec l'entrée en lice de la troupe Ouled Sidi Blal de Tindouf, qui a présenté un très beau programme musical, porté par mâalem Aïssa Ousmaïl, qui manie le goumbri avec mâalem et ses compagnons ont repris entre autres Sidi Hamou et Jamangaro. Lauréats en 2011 du 3e prix à ce même festival, les membres de la troupe Ouled Sidi Blal ont d'autant plus de mérite que le diwane n'existe pas à Tindouf et qu'ils sont les premiers à l'avoir introduit dans la région. Pour la deuxième année consécutive, la troupe Nass El-Wahat de Ouargla prend part à ce festival ; elle s'est produite également durant la même soirée, dont la dernière partie a été animée par Nora Gnawa de Béchar, une des invitées de cette 8e édition.` S. K. Nom Adresse email