Les ministres de la Défense des Etats membres de l'Otan se sont réunis avant-hier à Bruxelles pour évoquer la crise ukrainienne, écrit mercredi le quotidien Kommersant. Ils se sont prononcés pour la restructuration du potentiel militaire de l'Alliance, face aux nouveaux risques que la Russie représente à leurs yeux. Toutefois, des sources au siège de l'Otan affirment qu'en dépit des craintes de Moscou, l'Alliance comptait respecter scrupuleusement l'Acte fondateur Otan-Russie de 1997, c'est-à-dire ne pas déployer à titre permanent des troupes en Europe centrale et de l'est. L'Otan a déjà entrepris une série de mesures d'urgence depuis le début de la crise ukrainienne. Ainsi, l'Alliance a envoyé des navires supplémentaires en mer Noire, Baltique et Méditerranée, et des chasseurs supplémentaires pour patrouiller dans l'espace aérien des pays baltes. Les alliés ont organisé en mai des manœuvres d'envergure dans le sud et le sud-est de l'Estonie, à proximité de la frontière russe. Par la suite, l'Otan pourrait augmenter son contingent au centre de commandement Nord-Est de la ville polonaise de Szczecin, où sont stationnés les officiers et les soldats allemands, danois et polonais - selon une suggestion de Varsovie. "Nous sommes prêts à renforcer notre présence en Europe centrale et de l'est mais en strict conformité avec l'Acte fondateur signé avec la Russie en 1997", a affirmé une source du siège de l'Otan, qui ajoute que l'Alliance n'a pas l'intention de déployer ses troupes à titre permanent - il est uniquement question de mesures provisoires ou d'un déploiement de militaires selon un principe de rotation. Avant cela, le représentant permanent de la Russie à l'Otan Alexandre Grouchko avait averti qu'un "déploiement supplémentaire de forces conséquentes de l'Alliance en Europe centrale et de l'est serait forcément interprété comme une transgression directe des engagements sur les accords de base Otan-Russie, dont l'Acte fondateur". Mais selon la source, la Russie elle-même enfreint les termes de l'accord de 1997 en déployant des troupes à sa frontière avec l'Ukraine et en s'ingérant dans ses affaires intérieures, tout en reconnaissant à la fin de la conversation: "Je comprends que la Crimée a toujours été russe. Moi-même, je pense de tout mon cœur que le Gibraltar doit être espagnol. Mais ce n'est pas ainsi qu'on traite ce genre d'affaires". Les ministres de l'Otan ont également évoqué la proposition de Barack Obama de renforcer la présence militaire des Etats-Unis en Europe - le président américain a annoncé à Varsovie avoir demandé au Congrès d'accorder 1 milliard de dollars à ces fins. Les mesures à venir pour renforcer le potentiel de l'Otan seront évoquées par les dirigeants des pays de l'Alliance au sommet de septembre au Pays de Galles. Selon Anders Fogh Rasmussen, un plan d'action y sera adopté - un ensemble de mesures visant à renforcer les forces de réaction opérationnelle et à restructurer le potentiel de défense en tenant compte des nouvelles priorités. Les sources de Bruxelles supposent que la crise ukrainienne sera également évoquée au Pays de Galles car d'ici septembre, ce sujet restera très probablement d'actualité. Les membres de la commission Otan-Ukraine se sont réunis en marge du rassemblement ministériel, en présence du ministre de la Défense ukrainien Mikhaïl Koval. Les participants ont évoqué l'aide nécessaire à l'Ukraine. Une source du siège de l'Otan rapporte que les membres de l'Alliance ont proposé à l'Ukraine une assistance technique et consultative, des fournitures de matériel et des équipements non létaux à titre bilatéral. A l'étape actuelle, l'Otan termine la préparation de son paquet d'aide pour l'Ukraine, selon la source.