L'Otan se sert de la situation en Ukraine pour justifier sa propre nécessité et obtenir une augmentation des dépenses des alliés pour ses besoins militaires, a estimé le délégué permanent russe auprès de l'Alliance, Alexandre Grouchko. "Ces derniers jours, les représentants de l'Otan ont beaucoup parlé de la nécessité pour l'Alliance de " sortir de sa léthargie " et ont insisté avec force sur l'apparition d'une nouvelle menace en Europe, ce qui porte à croire que le bloc essaie d'exploiter au maximum la crise en Ukraine pour prouver sa propre nécessité dans le contexte sécuritaire actuel", a écrit le diplomate sur sa page Facebook. Et d'ajouter que l'objectif de cette rhétorique consistait à faire renaître le bloc, à obtenir une augmentation de ses dépenses militaires, ce qui exige la présence d'un ennemi. M.Grouchko a rappelé que l'Otan s'était engagée auparavant à ne pas déployer d'armes nucléaires sur le territoire de ses nouveaux membres, à ne pas y créer une infrastructure appropriée et à ne pas y stationner de troupes supplémentaires. "De toute évidence, l'Alliance entend vouer à l'oubli ces engagements pour avancer son potentiel militaire dans les Etats baltes, en Pologne et en Roumanie, pour y déployer des brigades des Forces armées des Etats-Unis. Si cela se produit, nous adopterons toutes les mesures nécessaires pour garantir notre capacité de défense", a prévenu l'ambassadeur. Lors de sa séance annuelle de questions-réponses avec la population en avril, le président Vladimir Poutine a indiqué que la Russie ne redoutait pas l'élargissement de l'Otan vers l'est, mais devait se baser sur les réalités et évaluer sobrement la situation. Le chef de l'Etat russe a rappelé que par le passé, il avait été promis à la Russie qu'après la réunification des Allemagnes, il n'y aurait plus d'extension de l'Alliance vers l'est. Cependant, son élargissement s'est poursuivi. USA, Russie et Allemagne plaident pour un dialogue national Les Etats-Unis, la Russie et l'Allemagne sont en contact permanent afin de promouvoir un dialogue national en Ukraine, a déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry. "La démarche principale visant à apaiser les contradictions par voie politique passe par un dialogue national et des tables rondes qui doivent se dérouler dans toute l'Ukraine. Organisés par Kiev et soutenus par l'OSCE, ils seront axés sur la décentralisation et la réforme constitutionnelle", a déclaré M. Kerry. "Les Etats-Unis soutiennent résolument ce processus. Nous sommes en contact avec l'OSCE, avec le ministre des Affaires étrangères Steinmeier et son homologue russe Lavrov. Nous voulons faire en sorte que ce processus s'établisse le plus vite et le plus pleinement possible", a indiqué le chef de la diplomatie américaine en saluant la nomination de Wolfgang Ischinger en tant que modérateur du dialogue en Ukraine. John Kerry a de nouveau critiqué les référendums organisés dimanche dans les régions de Donetsk et de Lougansk et soutenu l'idée de tenir une élection présidentielle en Ukraine le 25 mai. Il a en outre affirmé que malgré les déclarations publiques du président Vladimir Poutine, la Russie aurait dirigé le déroulement de ces référendums. Lors de sa visite à Moscou le 7 mai dernier, le président actuel de l'OSCE Didier Burkhalter a proposé une "feuille de route" pour la période allant jusqu'au 25 mai, date de l'élection présidentielle en Ukraine. Ce document prévoit notamment la tenue d'une consultation nationale sur la décentralisation, la mise en place d'un large dialogue et l'organisation de tables rondes dans différentes régions d'Ukraine. Le gouvernement ukrainien a pris l'initiative de lancer un dialogue national qui doit se dérouler sous forme de tables rondes. L'OSCE a pour sa part proposé un médiateur pour ce dialogue. Il s'agit du diplomate allemand Wolfgang Ischinger.