Les cours du pétrole coté à New York continuaient de monter vigoureusement avant-hier en Asie, au plus haut depuis neuf mois, sous l'effet de l'avancée des djihadistes en Irak. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet prenait 35 cents, à 107,26 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, dont c'est le premier jour de cotation à cette échéance, était inchangé, à 113,50 dollars. "Les marchés restent en état d'alerte, soucieux de connaitre les derniers développements en Irak (...) et les risques potentiels de nouvelles perturbations" dans l'approvisionnement en pétrole, relève Michael McCarthy de CMC Markets à Sydney. Par ailleurs, les cours du pétrole coté à New York ont débuté la séance près de l'équilibre, les investisseurs surveillant de près, mais sans paniquer, l'évolution de la situation en Irak et en Ukraine. Vers 13H20 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet, qui oscillait dans une fourchette étroite depuis l'ouverture, grappillait 5 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) et s'échangeait à 106,96 dollars. Les cours du brut américain s'étaient hissés vendredi à leur plus haut niveau depuis septembre, le marché observant avec fébrilité l'avancée fulgurante d'insurgés islamistes dans le nord-ouest de l'Irak. Les djihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont en effet conquis en l'espace d'une semaine, de vastes zones dans le nord et le centre de l'Irak, dont la deuxième ville du pays, Mossoul. Mais le gouvernement a assuré durant le week-end que l'armée avait repris l'initiative, reprenant notamment aux insurgés deux villes proches de la capitale. On a désormais intégré l'attaque des rebelles dans les prix du brut, selon Bart Melek de TD Securities. Tant que l'armée parvient à contenir leur avancée et que l'insurrection ne se propage pas au sud du pays où sont basées l'essentiel d'infrastructures pétrolières de l'Irak, il n'y a pas à priori de menace imminente sur la production de brut de l'ordre de 3,3 millions de barils par jour du pays, a-t-il expliqué. On attend également de savoir ce que les Etats-Unis vont faire, a-t-il ajouté. Le président américain Barack Obama a indiqué vendredi qu'il déciderait dans les jours à venir quelle attitude adopter face à l'avancée des djihadistes, disant étudier un éventail d'options pour soutenir les forces de sécurité irakiennes. Washington a déjà annoncé dimanche l'envoi d'un cinquantaine de Marines en renfort à leur ambassade en Irak et le déplacement de certains de leurs employés vers d'autres sites diplomatiques américains moins menacés par l'avancée des djihadistes. Les investisseurs tournaient aussi leur attention vers l'Ukraine, autre source d'éventuelles tensions sur le marché mondial de l'énergie. La Russie a mis sa menace à exécution lundi et coupé le gaz à l'Ukraine après l'échec de leurs négociations, Kiev refusant de rembourser ses dettes tant que la Russie n'aura pas baissé le prix du gaz. Mais l'entreprise Gazprom va tout de même laisser entrer les volumes destinés aux pays européens et transitant par l'Ukraine. Il semble que le marché avait déjà pris en compte ce risque, a estimé Phil Flynn de Price Futures Group. De plus, le fait que l'Europe continue d'être approvisionnée et qu'on s'approche de l'été apaise les tensions.