L'inflation est restée stable dans la zone euro en juin par rapport à mai, à 0,5%, selon une première estimation publiée hier par l'Office européen de statistiques Eurostat, ce qui ne devrait pas inciter la Banque centrale européenne à annoncer de nouvelles mesures cette semaine, selon les économistes. L'inflation demeure à son niveau le plus bas depuis la crise financière des années 2008-2009. Cette stabilisation, selon les analystes, devrait permettre à la Banque centrale européenne d'opter pour le statu quo lors de sa prochaine réunion jeudi, après avoir mis en place de nouvelles mesures de soutien à l'économie début juin, face aux craintes de déflation, qui se manifeste par un cercle vicieux de baisse généralisée des prix et des salaires. La BCE "espérait sans doute que l'inflation dans la zone euro remonterait un peu en juin, sous l'effet d'une hausse marquée en Allemagne", où l'inflation est passée de 0,6% en mai à 1,0% en juin, remarque Howard Archer, d'IHS Global Insight. La mission de la BCE est de veiller à la stabilité des prix et de maintenir l'inflation juste en-dessous 2%. Or, l'inflation se situe depuis des mois à un niveau très inférieur à cet objectif. Pour Howard Archer cependant, le fait que l'inflation oscille entre 0,5% et 0,7% depuis février montre "qu'elle reste bloquée à un très faible niveau mais pas qu'on s'oriente vers la déflation", ce qui devrait encourager la BCE à "ne rien faire pour l'instant". Cependant, "le fait que l'inflation reste inchangée en juin maintient la pression sur la BCE pour qu'elle envisage des mesures de politique monétaire non conventionnelles" à l'avenir, estime Martin Van Vliet, de la banque ING. "Même s'il est improbable qu'elle agisse à nouveau cette semaine, nous pensons qu'elle finira par mettre en place un programme d'assouplissement quantitatif à grande échelle pour s'attaquer au risque de déflation", anticipe de son côté Jennifer McKeown, de Capital Economics. La BCE, outre une nouvelle baisse de ses taux d'intérêts, avait annoncé début juin des mesures non conventionnelles, notamment la prolongation de l'octroi illimité de liquidités à court terme pour les banques, au minimum jusqu'en décembre 2016, et la préparation d'un programme de rachat d'actifs adossés à des prêts (ou ABS).
Situation géopolitique L'institution de Francfort a abaissé au début du mois ses prévisions d'inflation pour la zone euro jusqu'à 2016, misant dorénavant sur une hausse des prix de 0,7% cette année, 1,1% en 2015 et 1,4% en 2016. En mars, elle tablait encore sur 1%, 1,3% et 1,5%. L'inflation "va rester à un niveau bas pendant les mois à venir", a pronostiqué son président, Mario Draghi, lors de sa conférence de presse mensuelle le 5 juin dernier. L'évolution des prix pourra en outre être affectée par les "développements géopolitiques" --notamment la situation en Ukraine et ses répercussions-- et par le cours de l'euro par rapport aux autres devises, a-t-il précisé. Dans le détail, en juin, les prix des services ont augmenté de 1,3%, après 1,1% en mai. Ceux de l'énergie ont légèrement progressé (0,1% contre 0,0% en mai), tandis que ceux des biens industriels hors énergie sont restés stables par rapport à mai (0,0%) et que ceux du secteur alimentation, boissons alcoolisées et tabac ont diminué de 0,2% contre une progression de 0,1% en mai.