La Haute commission électorale en Libye (Hnec) a annoncé les résultats définitifs des élections législatives du 25 juin, qui font ressortir une nette avance de la mouvance civile devant les islamistes, selon des élus. Aucune date n'a été fixée encore pour l'entrée en fonction de la nouvelle Chambre des représentants. Elle devrait siéger à Benghazi (est), deuxième ville de Libye, selon un texte de loi adopté par le Parlement sortant qui siégeait dans la capitale Tripoli. Les élus sont toutefois divisés, certains d'entre eux refusant de se rendre à Benghazi en raison de violences quasi quotidiennes. La Chambre doit remplacer le Congrès général national (CGN), plus haute autorité politique et législative, accusé d'avoir aggravé une situation déjà chaotique en Libye en raison notamment d'une lutte d'influence entre les courants libéral et islamiste. L'annonce des résultats intervient sur fond de violences qui ne connaissent pas de répit, notamment les combats meurtriers entre milices qui se disputent depuis plusieurs jours le contrôle de l'aéroport de Tripoli. Sur les 200 sièges du nouveau Parlement, douze n'ont pas été pourvus, le vote ayant été annulé dans plusieurs bureaux en raison des violences. Les listes ayant été bannies, seuls des candidats individuels --mais pas forcément indépendants-- avaient été appelés à se présenter. La grande majorité des vainqueurs sont méconnus du grand public. La composition politique du futur Parlement ne sera donc connue qu'après la formation de blocs parlementaires. Selon des observateurs et des élus, les courants civil et libéral auraient remporté plus de sièges que les islamistes.
Pas plus de 30 sièges Selon mes estimations, les islamistes n'ont pas obtenu plus de trente sièges, a indiqué un élu de Benghazi (est), Younès Fannouch. Selon M. Fannouch, qui se présente comme un indépendant faisant partie d'un courant civil démocratique, les islamistes du Parti pour la justice et la construction (PJC), vitrine politique des Frères musulmans, et leurs alliés, n'ont pas obtenu plus de 30 sièges, contre plus de 50 pour son rival de l'Alliance des forces nationales (AFN, libérale). Dans l'est du pays, les partisans d'un système fédéral en Libye, connus par leur farouche opposition aux islamistes, seront représentés par 25 à 28 députés, a-t-il ajouté. M. Fannouch a ajouté que le reste des sièges ont été remportés par des indépendants qui sont opposés à l'islam politique. Un autre élu, Ali Tekbali, a indiqué de son côté que la majorité des élus n'ont pas d'appartenance idéologique, en allusion à la mouvance islamiste. Des analystes libyens et diplomates font état aussi d'une défaite des islamistes qui dominaient le CGN. Lors des élections de juillet 2012, les islamistes avaient été aussi donnés pour perdants, mais ils ont réussi à gagner en influence en recrutant parmi les indépendants et en s'alliant avec le Bloc Wafa, plus radical. Selon les mêmes sources, cette défaite politique aurait poussé des milices islamistes à mener le 13 juillet une attaque contre l'aéroport de Tripoli, contrôlé par des groupes rivaux, déclenchant des combats meurtriers qui se poursuivent depuis. Dimanche, l'aéroport et ses environs ont été le théâtre des combats les plus violents depuis le début des combats qui ont fait plus de 47 morts et 120 blessés, selon un bilan officiel arrêté samedi. Plus d'une dizaine d'avions libyens sur le tarmac ont été endommagés par les combats, dont deux ravagés par le feu dimanche. Avant-hier soir, au moins quatre soldats ont été tués et plusieurs autres blessés dans un double attentat suicide perpétré contre une base de l'armée à Benghazi, dans l'Est libyen. L'attaque, perpétrée par deux kamikazes, a visé une caserne des forces spéciales dans le sud-est de Benghazi, a précisé un responsable de l'armée sous couvert de l'anonymat. Une source médicale a indiqué que l'attaque avait fait quatre morts sans compter les deux kamikazes, ainsi qu'un nombre indéterminé de blessés. Selon le responsable militaire, l'attentat a été perpétré au moment de la rupture du jeûne du mois sacré de Ramadan. Un kamikaze à bord d'un camion a forcé l'entrée de la base et a fait exploser son véhicule. Il a été suivi par un autre kamikaze à bord d'une petite voiture, qui a provoqué une deuxième explosion, a-t-il précisé. Cet attentat, qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat, intervient au lendemain de heurts meurtriers entre les forces spéciales de l'armée et des groupes islamistes. Au moins seize personnes, des soldats pour la plupart, ont été tués et plus de 80 autres blessés dans ces combats. Les milices islamistes font la loi à Benghazi, chef-lieu de l'Est libyen, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Cette ville est le théâtre d'affrontements quasi quotidiens entre l'armée et les groupes radicaux, dont Ansar Asharia, classé par Washington organisation terroriste.