Si l'identité de cette milice armée n'est pas encore établie, tous les regards sont braqués sur le groupe paramilitaire dirigé par le général à la retraite Khalifa Haftar, qui mène depuis quelques jours une offensive contre les groupes islamistes à Benghazi (est), qu'il a qualifiés de «terroristes». Certains témoins estiment que les assaillants font partie des puissantes brigades de Zenten, connues pour leur opposition aux islamistes. Mais à l'heure où nous mettons sous presse, il est impossible de confirmer ces versions. Quoi qu'il en soit, l'attaque est suffisamment dangereuse pour faire croire à l'imminence d'un coup d'Etat. Les comptes rendus des agences évoquent en effet la colonne de fumée qui s'élevait, hier, au-dessus du siège du Congrès, après que les assaillants aient mis le feu à un bâtiment annexe. Les insurgés se sont retirés des lieux, mais des coups de feu nourris témoignant d'affrontements ont été ensuite entendus sur la route de l'aéroport. Peut-être que les éléments armés voulaient s'emparer de l'aéroport avant de lancer l'assaut contre les bâtiments officiels et le siège de la radio et la télévision. Le président du CGN, Nouri Abou Sahmein, ne se fait presque pas d'illusion sur le scénario en préparation et ses auteurs. Pour lui, cette attaque contre le Parlement porte la signature général Khalifa Haftar. Un général très particulier Samedi déjà, il dénonçait dans un communiqué l'offensive des troupes de Haftar à Benghazi contre les islamistes comme «un agissement en dehors de la légitimité de l'Etat et un coup d'Etat». Il est allé jusqu'à menacer «tous ceux qui ont participé à cette tentative de coup d'Etat d'être poursuivis par la justice».Mais l'attaque du CGN d'hier s'apparente à un premier avertissement du général, qui semble déterminé à s'emparer du pouvoir à Tripoli. Ceci d'autant plus que plusieurs officiers et militaires de la région orientale, y compris de l'armée de l'air, ont, selon les agences, rejoint son bataillon autoproclamé «Armée nationale libyenne». Bien qu'il se défende de vouloir opérer un coup d'Etat, M. Haftar, qui soutient avoir «répondu à l'appel du peuple» pour le défendre contre les terroristes, déclare ne pas reconnaître les autorités de transition dont le «mandat a déjà expiré et qui sont rejetées par le peuple».Il faut savoir en effet que le Parlement (CGN), élu en juillet 2012 pour 18 mois, a provoqué la colère d'une grande partie de la population en décidant de prolonger son mandat jusqu'à décembre 2014. Dans une vidéo publiée en février dernier sur internet, ce général très particulier avait annoncé une «initiative» prévoyant la suspension des autorités de transition. C'était déjà une déclaration en bonne et due forme de coup d'Etat aux yeux des autorités de transition. Le général Haftar, l'«homme des Américains» pour beaucoup, a surpris tout le monde en lançant, samedi, une offensive meurtrière contre les bastions islamistes à Benghazi, provoquant au moins 79 morts et 141 blessés, selon le ministère de la Santé. Il a certes retiré ses troupes de Benghazi mais il a promis qu'il ne s'agissait pas d'un «abandon». «Chaque bataille est suivie d'une réorganisation de nos unités. Et nous allons revenir avec force», a-t-il déclaré samedi depuis la ville d'Al Abyar, à 70 km au sud-ouest de Bengahzi. «Nous n'abandonnerons pas jusqu'à l'atteinte de nos objectifs», a-t-il répété. A moins qu'il ne s'agisse d'un partage des tâches entre lui et les milices du Zentane, en attaquant presque simultanément à Benghazi et à Tripoli. En tout état de cause, il n'y a pas de fumée sans feu. La tension reste extrême en Libye.