Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé hier les Irakiens à former un gouvernement d'union pour mener la bataille contre le terrorisme, lors d'une visite à Baghdad. Il faut que tous les Irakiens se sentent représentés et puissent ensemble mener la bataille contre le terrorisme, a-t-il déclaré après une brève rencontre avec le ministre irakien des Affaires étrangères par intérim, Hussein Chahristani, alors que l'Irak, qui fait face depuis deux mois à une offensive djihadiste, n'a toujours pas de gouvernement. M. Fabius devait après Baghdad se rendre à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak pour notamment superviser la première livraison d'aide humanitaire française aux populations menacées par l'avancée des djihadistes de l'Etat islamique (EI) dans la région. J'aurai l'occasion de superviser la livraison de plusieurs tonnes de médicaments, de secours d'urgence pour des populations de la région kurde et du nord et de rencontrer aussi des autorités locales et des minorités cruellement pourchassées par l'Etat islamique, a déclaré le ministre français. Comme vous le savez, la France a demandé et obtenu une réunion spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies sur ce sujet, j'ai moi-même saisi mes collègues de l'Union européenne pour que tous à la fois condamnent l'Etat islamique et en même temps montrent concrètement leur solidarité vis-à-vis des populations irakiennes, a-t-il ajouté. Il a d'autre part appelé à un gouvernement d'union, à même selon lui de faire face au danger djihadiste. Il était normal diplomatiquement que dans ce voyage vers Erbil je fasse un arrêt même très rapide ici à Baghdad pour rencontrer les autorités, a-t-il expliqué. Je ne veux pas interférer avec le calendrier interne de l'Irak, mais je voudrais juste dire cela, qui est de bon sens: dans cette période, l'Irak a particulièrement besoin d'un gouvernement d'unité, de large unité, car il faut que tous les Irakiens se sentent représentés et puissent ensemble mener la bataille contre le terrorisme. Le mot d'ordre est donc la solidarité. Plus de trois mois après les élections législatives du 30 avril, l'Irak n'est toujours pas doté d'un nouveau gouvernement, freiné par les divisions profondes au sein du Parlement. La coalition chiite du Premier ministre sortant Nouri al-Maliki est arrivée en tête du scrutin, mais sans majorité claire, et les appels se sont multipliés depuis pour tenter de pousser le Premier ministre, vivement critiqué pour son autoritarisme et son choix de marginaliser les sunnites, à céder la place.
Washington, Londres et Paris volent au secours des minorités Le président américain Barack Obama a promis de poursuivre les frappes aériennes pour aider les populations menacées par l'avancée djihadiste en Irak. Grande-Bretagne et France ont promis une aide humanitaire imminente, larguée par avion. M. Obama a aussi déclaré avoir reçu le soutien du Premier ministre britannique David Cameron et du président français François Hollande, avec lesquels il s'est entretenu au téléphone samedi. Les deux pays européens vont s'impliquer dans l'envoi d'aide humanitaire aux réfugiés irakiens. "Tous les deux ont exprimé leur soutien à nos actions et sont d'accord pour nous appuyer dans l'assistance humanitaire que nous offrons aux Irakiens qui souffrent le plus", a-t-il dit. "Une fois encore, l'Amérique est fière d'agir aux côtés de ses plus proches alliés et amis". La Grande-Bretagne va larguer de manière "imminente" de l'aide humanitaire dans le nord de l'Irak, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Philipp Hammond samedi après-midi. Deux avions de la Royal Air Force ont quitté le Royaume-Uni tôt samedi pour parachuter de la nourriture, de l'eau et des tentes à la minorité Yazidi bloquée dans les montagnes arides de Sinjar. La France aussi va "procéder dans les prochaines heures à de premières livraisons d'équipements de premier secours" en Irak, a annoncé la présidence française. La progression des djihadistes de l'Etat islamique (EI) a jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes, en particulier des chrétiens et de nombreux membres de la minorité kurdophone des Yazidis. Vendredi, les Etats-Unis ont mené leurs premières frappes en Irak, près de trois ans après leur départ du pays, pour enrayer l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui menacent le Kurdistan et des milliers de civils après s'être emparés de vastes pans de territoire. Les Etats-Unis entendent mener des frappes "très ciblées". Ils excluent d'envoyer des troupes au sol, mais leurs attaques pourraient "affaiblir des positions de l'EI et rendre plus facile une contre-offensive", estime John Drake, du groupe AKE. "Je ne vais pas donner de calendrier précis" sur la durée des frappes, a prévenu M. Obama samedi. "Nous n'allons pas régler le problème en quelques semaines. Je pense que cela va prendre un certain temps".